Muthu
Langue | Tamoul |
Genre | Masala |
Dir. Photo | Ashok Rajan |
Acteurs | Rajinikanth, Kantimathi, Sarath Babu, Meena, Senthil, Ponnambalam |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Parolier | Vairamuthu |
Chanteurs | Udit Narayan, Hariharan, Kalyani Menon, Sujatha, S. P. Balasubrahmanyam, K. S. Chithra, Mano, Theni Kunjaramma, Febi Mani, Ganga |
Producteurs | Rajam Balachander, Pushpa Kandaswamy |
Durée | 158 mn |
Muthu (Rajinikanth) est le loyal serviteur d’un zamindar (Sarathbabu). Ce dernier s’entiche d’une comédienne (Meena), qu’il veut épouser. Mais Muthu va également tomber amoureux d’elle, sans savoir qu’il devient ainsi le rival de son maître…
En 1995, toute l’Inde succombe au charme du couple formé par Shah Rukh Khan et Kajol dans Dilwale Dulhania Le Jayenge, un film hindi qui détient le record de temps resté à l’affiche. Toute ? Heureusement non ! Car dans le sud du pays, au Tamil Nadu, un irréductible acteur est le héros du long métrage Muthu. Le film est en effet mémorable dans la carrière de celui dont le nom est précédé du titre de noblesse "superstar". Avant même le générique de début, constitué de superbes peintures représentant les personnages importants du film, un jingle exaltant nous présente la silhouette de Rajinikanth, ovationné par une armada de fans. Et on peut dire que le moustachu le mieux payé d’Inde est la vedette du film : annoncé d’abord par d’alléchants très gros plans qui ne dévoilent qu’une partie de son visage, son personnage, en train de prier, entend une voix stridente scander son nom, qui donne son titre au film, et se lance alors dans un quasi-one-man show de près de trois heures.
Valet fanfaron et débrouillard, le protagoniste éponyme est une sorte de Figaro tamoul, toujours prêt à défendre les intérêts des opprimés. Conducteur d’une carriole, qui donne lieu au cours du film à une course-poursuite d’anthologie, spécialiste du maniement de foulard accéléré, il est également expert en arts martiaux (à sa manière), ce qu’il prouve dans plusieurs scènes de combat délirantes, dont les chorégraphies sont à la rigueur plus drôles que celles des films de Bollywood ! Et malgré quelques importantes longueurs, le scénario tarabiscoté réserve son lot de coups de théâtre, et le dynamique Rajinikanth bouffe littéralement l’écran, nous rappelant encore une fois qu’il est l’une des stars les plus charismatiques de toute l’Inde.
S’ajoute à cela plusieurs chansons assez originales : la première, particulièrement exaltante avec cuivres façon "entrée des gladiateurs" présentant le héros au ralenti, une autre rythmée par le hoquet d’une femme (il fallait oser !), la suivante sur le thème des couleurs où acteurs et décors changent quasiment à chaque plan… le tout composé par le Mozart de Madras, A.R. Rahman.
Muthu est donc LE masala par excellence, picaresque et porté par un acteur jubilatoire. Un film pas tout à fait majeur dans l’histoire du cinéma mais totalement jouissif, parsemé de scènes d’action sympathiques et de trouvailles farfelues. De plus, certains éléments, comme le côté champêtre du film ou bien le grain de folie de son héros, contribuent à une certaine fraîcheur de l’ensemble, à mille lieues par exemple d’un cinéma hindi devenu très urbain, thématiquement comme musicalement.
Assez classique sur le fond mais marqué par de remarquables idées visuelles et de mise en scène, c’est un film qui reste longtemps en mémoire. A l’image d’un film comme La mort aux trousses, dont le principe tient en trois lignes mais dont tout le monde se souvient pour la séquence de l’avion ou celle sur le mont Rushmore, Muthu est resté dans la mémoire collective pour sa poursuite épique en carriole, ou encore sa scène de quiproquo hilarante.
Le film a été doublé en hindi sous le titre Muthu-The Dancing Maharaja.
En France il a été projeté à Paris dans le cadre de l’Etrange Festival, où il en a marqué plus d’un (voir là pour s’en convaincre). Cette production tamoule a même bénéficié en 1998 d’une sortie en salles au Japon, et Muthu est devenu un film-culte là-bas, menant à la création de la Tokyo Rajnikant Fans Association, qui a eu droit à d’autres sorties des films de l’acteur dans le pays, comme Chandramukhi. En l’an 2000, le film est également sorti sur les écrans sud-coréens. La superstar de Kollywood peut donc à présent compter sur ses fan-clubs d’Extrême-Orient !
Le trio magique formé par Rajinikant, le réalisateur K.S. Ravikumar et le musicien A.R. Rahman se réunira une seconde fois, en 1999, pour donner le film Padayappa, autre succès sensationnel au box-office, et techniquement plus abouti.