Raaz-The Mystery Continues…
Traduction : Secret - Le mystère continue...
Langue | Hindi |
Genre | Film fantastique |
Dir. Photo | Ravi Walia |
Acteurs | Jackie Shroff, Emraan Hashmi, Kangana Ranaut, Adhyayan Suman |
Dir. Musical | Gaurov Dasgupta, Raju Singh, Toshi-Sharib, Pranay M. Rijia |
Paroliers | Kumaar, Sayeed Quadri |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, KK, Sonu Nigam, Toshi Sabri, Krishna |
Producteur | Mukesh Bhatt |
Durée | 137 mn |
Nandita Chopra (Kangna Ranaut), mannequin à succès, et Yash (Adhyayan Suman), producteur de télévision, emménagent ensemble. Nandita ne tarde pas à tomber enceinte. Mais son bonheur est de courte durée : elle fait la rencontre de l’énigmatique Prithvi (Emraan Hashmi), un homme obsédé par elle qui, plusieurs mois auparavant, a peint un tableau d’elle alors qu’il ne l’avait encore jamais vue. Détail troublant : dans le tableau en question, elle est représentée morte ! Nandita commence alors à être importunée par des fantômes…
Réalisé par le jeune Mohit Suri (auteur du très mineur Awarapan), Raaz-The Mystery Continues… est, un an après Jannat, le deuxième succès consécutif d’Emraan Hashmi, ainsi que le premier (semi-)hit hindi de 2009. Habitué des productions du clan Bhatt, tendance polar mélancolique plagié, l’acteur participe pour la première fois à l’un des petits films fantastiques financés par la famille, considérés abusivement comme des films d’épouvante, et qui connaissent des pics de popularité au début des années 2000 (Raaz, qui a dépoussiéré le genre en 2002, Saaya) et depuis 2008 (1920), périodes qui ont d’ailleurs également rendu célèbre le réalisateur-producteur Ram Gopal Varma, le plus doué en matière de film d’effroi indien. Il faut noter du reste que ce second Raaz n’est pas à proprement parler une suite, puisque le casting est entièrement nouveau, mais plutôt un deuxième épisode dans cette lucrative franchise.
Seule véritable célébrité du film donc (sans compter, à dire vrai, la trop brève apparition spéciale du bougon Jackie Shroff, qui fait regretter le bon vieux temps des virils angry young men à moustache), Emraan Hashmi y balade son look de rebelle en jean des années 80, un personnage de beau gosse tourmenté très habituel mais peu convaincant pour cet acteur au visage atypique faisant penser un peu à Shah Rukh jeune, et beaucoup à l’Irlandais Colin Farrell. Comme ce dernier, Emraan est un comédien limité, mais il peut être bien dirigé, comme c’est le cas ici.
Ballottée entre le charme fade d’Emraan et l’absence de charisme du bellâtre Adhyayan Suman, un quasi-débutant qui a encore bien de la route à faire, la frêle Kangna Ranaut est crédible dans le véritable rôle principal, celui d’une jeune femme songeuse et idéaliste qui se retrouve sans transition assaillie de visions abominables. Comme dans d’autres films fantastiques indiens contemporains, elle a droit notamment à ses scènes de possédée synchronisée par des rugissements un peu déplacés, mais il faut convenir que ces passages sont, encore une fois (Bipasha Basu, Urmila Matondkar ont déjà assuré dans ce style de rôle), l’occasion d’un contre-emploi intéressant de la part d’un top-model devenu actrice, même si elle était bien meilleure dans Fashion. Cela dit, elle sait éviter l’hystérie dans ces séquences et regagne même un certain naturel dès que son personnage a les idées claires.
Le film est ainsi typique de la sobriété des produits Vishesh Films, avec ses qualités (relatif réalisme, ambiance mystérieuse, technique soignée) et ses excès inhérents (chansons inutiles, durée un peu décourageante, glamour photogénique qui nuit au sérieux de l’entreprise), assurant aux âmes sensibles une petite série B fantastique inoffensive, tout en faisant fuir les amateurs d’horreur pure et dure, quasiment absente du film (qui abuse particulièrement du cliché hollywoodien du personnage sursautant au moindre bruit anodin et sans danger), voire du vertueux cinéma hindi en général depuis l’agonie des productions grand-guignolesques de la famille Ramsay.
Si l’on ajoute à cela un impressionnant thème musical de type « Carmina Burana techno/sitar » et un scénario mystique correct mais peu accrocheur, on obtient donc un petit film confortable (comme l’était Raaz premier du nom), plutôt maîtrisé, mais dans lequel le style prévaut sur la substance, et le sens de l’atmosphère sur l’épouvante. Les Bhatt ont déjà produit de meilleurs films, les réalisations d’Anurag Basu par exemple, comme la romance surnaturelle Saaya avec John Abraham ou surtout, pour sortir du fantastique, le solide Gangster, qui réunissait déjà le couple Kangna/Emraan. Il n’en demeure pas moins que cette semi-séquelle au titre grandiloquent a été un bon coup de poker commercial pour ses producteurs qui, même s’ils n’ont pas égalé le succès mémorable de l’original avec Bipasha Basu, ont tout intérêt à l’avenir à emprunter de nouveau le chemin de leur cinéma fantastique familial, à peu près praticable.