Sarkar
Traduction : Le Suzerain
Langue | Hindi |
Genre | Film de gangsters |
Dir. Photo | Amit Roy |
Acteurs | Amitabh Bachchan, Abhishek Bachchan, Kay Kay Menon, Anupam Kher, Katrina Kaif, Tanisha Mukherjee |
Dir. Musical | Amar Mohile, Bapi-Tulul |
Parolier | Sandeep Nath |
Chanteurs | Kailash Kher, Amitabh Bachchan, Rita, Farhad Bhiwandiwala, Krishna, Janaki Iyer, Bapi-Tutul, Prasana Shekhar |
Producteurs | Ram Gopal Varma, Parag Sanghvi |
Durée | 126 mn |
Subhash Nagre (Amitabh Bachchan) est un chef de famille craint et respecté dans toute la ville. Son rôle : régler les problèmes à sa manière, celle d’un intermédiaire officieux, avec à sa disposition une petite troupe d’hommes de main fidèles. Le patriarche a deux fils : Vishnu (Kay Kay Menon), avide de pouvoir et s’intéressant à l’industrie du cinéma, et Shankar (Abhishek Bachchan), le cadet, fraîchement revenu d’Amérique, et amoureux de Pooja (Katrina Kaif) qui refuse d’être mêlée à des affaires criminelles… Lorsque Vishnu assassine un acteur et que le politicien Motilal Khurana (Anupam Kher) est tué, on soupçonne Subhash d’être le commanditaire. Mais est-ce vraiment lui ?
Moins d’un an après l’intéressant film d’auteur Naach, le fécond Ram Gopal Varma en reprend l’acteur principal, Abhishek Bachchan, cette fois-ci pour un film de gangsters, sa spécialité depuis ses débuts dans le cinéma telugu. Face à lui, ou plutôt à ses côtés, son propre père, Amitabh Bachchan (les deux s’étaient déjà affronté peu auparavant dans le sympathique Bunty Aur Babli) dans le rôle d’un « parrain » vieillissant et plein de sagesse.
Car le réalisateur ne s’en cache pas, son film est un hommage au fameux Parrain de Coppola, avec Marlon Brando dans le rôle éponyme, et son titre hindi, surnom du personnage d’Amitabh, s’y réfère aussi, sarkar signifiant « le suzerain » ; on peut également traduire ce terme par « gouvernement », ce qui accentue l’ampleur du pouvoir parallèle détenu par ce seul homme, aussi puissant qu’un chef d’Etat à la tête de sa juridiction, et vénéré par une foule de petites gens.
Avec un sujet aussi alléchant, la prestation rigide de Bachchan Sr n’en est ainsi que plus décevante : qu’on apprécie ou non le rôle à transformation physique de Brando dont il s’inspire de façon ostensible, force est de constater qu’Amitabh paraît bien hiératique, adoptant un jeu tellement froid et distant qu’on se désintéresse progressivement de son personnage auquel on ne s’identifie pas, et qu’on se surprend même à préférer son fils, qui se révèle diablement charismatique (sans égaler toutefois son interprétation d’une brute épaisse dans Yuva l’année précédente), et digne successeur du Big B viril des années 70.
Même en laissant de côté l’encombrante comparaison avec le chef-d’œuvre de Coppola, Sarkar souffre d’autres problèmes importants, comme l’extrême lenteur malgré une durée courte, faute à une absence quasiment totale de scènes d’action marquantes. Dommage, car le film n’est pas sans qualités, avec une réalisation soignée et lisible, une photographie sombre, à la fois esthétique et réaliste, et un personnage vraiment mémorable, celui de l’ambigu Kay Kay Menon, qui sait distiller par interstices une ambiance morbide. Sans ces points positifs, il ne s’agirait que d’un petit film de gangsters de série B de plus, comme Varma en a produits beaucoup (et même parfois réalisé, dans le cas de Contract).
Sarkar est donc un film raté, mais honorablement raté, présentant les ingrédients d’un grand film dilués dans un petit, au rythme mal maîtrisé, voire laissé à l’abandon. Car seuls les fans des acteurs l’apprécieront sans s’ennuyer, les autres pourront plutôt visionner un meilleur film de gangsters du réalisateur comme Company, ou se consoler à l’idée que la suite, Sarkar Raj, est légèrement plus inspirée.