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Ullam Ketkumae

Traduction : Le désir du cœur

LangueTamoul
GenreComédie dramatique
Dir. PhotoJeeva
ActeursAsin, Arya, Pooja Umashankar, Shaam
Dir. MusicalHarris Jeyaraj
ParolierPa. Vijay
ChanteursKK, Srinivas, Karthik, Ranjith, Madhu Balakrishnan, Harini, Tippu, Shalini, Unnikrishnan, Madhumitha, P. Jayachandran, Febi Mani, Franko, Arun Mozhi, Premji Amaran, Suchitra
ProducteursMahadevan Ganesh, Usha Venkatramani
Durée135 mn

Bande originale

Kanavugal
Dho Dho
Ennai Pandhada
O Maname
Lieko Laima
Mazhai Mazhai

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Didi - le 16 février 2010

Note :
(8/10)

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Priya (Asin), Pooja (Laila), Shyam (Shaam) et Irene (Pooja) viennent assister au mariage de leur ami, Emman (Arya). Ils se sont connus quelques années auparavant, à la fac, et ont gardé contact entre eux, même si la vie leur a fait suivre des chemins différents. Priya, la fille idéale, s’est mariée au jeune homme choisi par ses parents. Shaam, le dragueur, est devenu styliste ; il est toujours célibataire et continue à être un coureur de jupons. Pooja, qui était un garçon manqué, est devenue une belle étudiante en sari expatriée aux Etats-Unis. Quant à Irène, l’espiègle, et Emman, le timide, qui étaient amoureux à l’époque, une vision différente de l’avenir et des choix de carrière les ont séparés. Emman est devenu un joueur de cricket de premier plan, il est sur le point d’épouser la jeune fille choisie par sa famille, mais il a toujours un regard langoureux et nostalgique pour Irène. La cérémonie du mariage est prétexte pour évoquer les jours heureux de la fac, où la fine équipe faisait les quatre cents coups, mais aussi les déceptions et les espoirs déçus sur le plan professionnel et surtout amoureux…

Ullam Ketkume est le troisième film du caméraman, monteur et réalisateur, Jeeva. Cette comédie chorale sur cinq jeunes amis, évoquant le moment crucial du passage à l’âge adulte, était censée révéler de nouveaux visages pour le cinéma tamoul : Arya, Pooja et Asin. Cependant, le film eut beaucoup de difficultés à sortir sur les écrans en raison d’un litige avec la compagnie Pepsi. En effet, le film devait, à l’origine, s’appeler PEPSI (acronyme des initiales des cinq personnages principaux Priya, Emman, Pooja, Shyam et Irene) Ullam Ketkume. Le film n’obtint son certificat du bureau de la censure qu’en 2004 et ne sortit finalement sur les écrans qu’en juin 2005. Entre temps, Arya, Asin et Pooja avaient déjà crevé l’écran dans d’autres films…

La narration de Ullam Ketkume est assez originale. Au lieu d’utiliser un long flash-back, figure de style très prisée du cinéma indien, ou de suivre un récit linéaire, elle navigue constamment entre deux strates temporelles : l’actualité du mariage d’Emman et le passé, les jours heureux de la fac. Les épisodes du passé qui suivent, tour à tour, chaque personnage nous éclairent sur leur relation dans le présent. Les thèmes centraux du film sont bien évidemment l’amitié entre une bande d’amis et l’amour naissant entre plusieurs d’entre eux, avec cette ambiguïté caractéristique du cinéma indien, qu’il soit du Sud ou du Nord. Autrement dit : l’amitié peut-elle exister entre une fille et un garçon ? Cette relation amicale ne cache-t-elle pas une affection d’une toute autre nature ? Cette thématique n’est pas sans rappeler d’autres films, entre autres le classique hindi Kuch kuch hota hai ou, plus récemment, Jaane tu… ya jaane na. Si le film développe non pas une, mais deux histoires d’amour, l’une d’entre elles étant représentée par un classique triangle amoureux, c’est bien l’amitié du groupe qui est au centre du film.

Cette importance du groupe par rapport à l’individualité tient au fait que les cinq personnages sont très bien écrits et remarquablement interprétés par de tout jeunes acteurs au service de leur rôle, ne cherchant pas à s’imposer les uns sur les autres. Cet équilibre des personnages dans l’écriture, qui transparaît pleinement à l’écran, est ce qui les rend crédibles dans leur cohésion et par conséquent, très attachants.

Shyam le dragueur, interprété par Shaam, au sourire ravageur rappelant le jeune premier Madhavan dans Alaipayuthey, est présenté comme prêt à tout pour séduire Priya, mais incapable de voir combien il fait souffrir son amie, Pooja, secrètement amoureuse de lui. Pooja, quant à elle, n’a pas le beau rôle : affublée d’un appareil dentaire et de couettes. Elle est interprétée avec un brin de folie par Laila, qui donne libre cours à des mimiques diverses, mais qui rend néanmoins son personnage émouvant. Priya est jouée par une Asin radieuse et rayonnante. Elle incarne la fille parfaite, dans tous les sens du terme : un beau brin de fille, une bonne amie, une étudiante modèle, une fille respectueuse de la culture et des valeurs traditionnelles que lui ont transmis ses parents. Aussi n’hésite-t-elle pas un seul instant à repousser un soupirant pour consentir, sans cri ni drame, au mariage arrangé par ses parents. Irène, l’espiègle, qui est jouée très justement par une Pooja au sourire mutin, use de cette façade plaisante pour cacher une situation familiale tendue (situation économique catastrophique due à un père alcoolique). Elle est amoureuse d’Emman, incarné par un Arya émouvant, grand dadais à la timidité inversement proportionnelle à sa carrure imposante. Emman l’aime en retour, même s’il a du mal à vaincre sa gaucherie naturelle pour faire le premier pas. Irène devra faire un choix crucial entre raison et sentiments, en prenant conscience que son amour perturbe la future carrière de joueur de cricket professionnel de son timide soupirant pour le plus grand désespoir de celui-ci.

Outre les personnages sympathiques au service d’une histoire classique mais touchante, la musique est un autre atout du film. Composée par Harris Jeyaraj, elle mélange différents styles indiens du nord au sud ainsi que différentes influences traditionnelles, modernes, voire étrangères. Kanavukal illustre parfaitement cette fusion musicale avec son refrain moderne et ses passages qawwali ou bhangra. Les deux ballades romantiques sont aussi plaisantes à écouter et très bien mises en images. La première réunit le triangle amoureux dans une love song qui rappelle celle de Kuch kuch hota hai. La deuxième illustre le fantasme d’Emman, lequel vêtu d’une chemise au motif léopard, semble s’être muni du courage du fauve pour avouer son amour. La chanson d’adieu Oh Maneme, interprétée par un Hariharan inspiré, évoque musicalement toute la nostalgie et le déchirement de la séparation des amis à la fin des cours, de ce difficile moment où il faut quitter le cocon de la vie étudiante pour prendre ses responsabilités d’adulte.

Le seul point faible de ce film agréable est une séquence finale à l’aéroport assez prévisible et, de ce fait, un peu longuette. Rien de bien grave, étant donné le très bon moment que l’on passe à suivre le parcours de ces cinq personnages avec lesquels nous tissons des liens empathiques pendant 2 h 15 et que nous sommes bien tristes de devoir quitter quand la fin arrive. Il n’est donc pas étonnant que le film ait été un honorable succès commercial surtout auprès du jeune public, cible visée par les producteurs. Néanmoins, Ullam Ketkume n’est pas un banal film de jeunes, un campus movie comme disent les Anglo-Saxons. Sa tonalité
douce-amère et son réalisme, surtout dans la peinture de la jeunesse de la classe moyenne tamoule, en font un film subtil dans le registre "tranche de vie", caractéristique du savoir-faire du cinéma tamoul, à l’instar, entre autres, de Autograph.

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