Le cinéma indien à la 26e édition du Festival de cinéma fantastique de Malaga
Publié lundi 19 décembre 2016
Dernière modification dimanche 18 décembre 2016
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Vous raffolez de sang et de viscères ? La terreur psychologique et le vampirisme des plus érotisé sont des mets délicats que vous dégustez avec gourmandise ? Vous êtes friand de zombies anthropophages et des psychopathes en tous genres ? Les plus étranges, viles et basses perversions vous font saliver rien qu’à leur évocation ?
… alors le Festival de cinéma fantastique de Malaga — Fancine est vraiment fait pour vous !
Organisé par l’université de Malaga, la 26e édition du Fancine était présidée par une légende du cinéma de genre : le très dérangé, pour ne pas dire tout simplement malade, Brian Yuzna — celui-là même qui a légué à l’humanité toute entière le zombiesque Le Retour des morts-vivants 3, le très lovecraftien Re-animator 2 et l’incroyablement hygiénique Le Dentiste. En novembre dernier donc, entre le 9 et le 17, le Festival de cinéma fantastique de Malaga semait (comme tous les ans) terreur, panique, extase horrifique, jouissance et répugnance morbides, dans la ville andalouse du sud de la péninsule ibérique.
Depuis sa première édition, en 1990, le Fancine s’est s’imposé comme l’un des principaux festivals de cinéma de genre en Espagne, aux côtés du [Festival de Sitges|Festival international du film de Catalogne] et du Festival de cine terror de Molins de Rei. Sa vocation est de promouvoir — on l’aura compris — ce qui se fait de « mieux » dans le genre fantastique, l’épouvante et la science-fiction, ainsi que d’impulser des cinématographies venues des quatre coins du monde : à Malaga, comme à Sitges et à Torremolinos, les bobines d’Orient, de la péninsule coréenne et du Sous-continent se révèlent être d’excellents représentants du « genre » et sont très bien accueillies par le public [1].
Ainsi, cette année, les cinémas asiatiques — et l’Inde en particulier — ont raflé les 7 prix décernés par le jury du Fancine.
Si le prix du meilleur long-métrage est allé à l’iranien Under de Shadow, c’est le représentant du cinéma indien — Raman Raghav 2.0, aussi connu sous sont titre international Psycho Raman — qui s’est emparé de la plupart des prix (3 sur 7 !) :
Anurag Kashyap a remporté le prix du « meilleur directeur », ainsi que celui du « meilleur scénario » conjointement à son comparse scénariste et réalisateur Vasan Bala. Nawazuddin Siddiqui, quant à lui, n’est pas parti les mains vides [sic], le jury lui a décerné le prix de la « meilleure interprétation masculine » pour son incarnation démentielle du non moins désaxé Ramanna, version cinématographique — améliorée ? corrigée ? upgradée ? — du malade détraqué qui terrorisa Bombay dans les années 60.
24, du réalisateur esthète Vikram Kumar, n’était pas présenté en compétition officielle au Fancine, mais il faisait partie de la sélection Asian Mad Doctors aux côtés de l’hallucinant Godzilla, version 1954, d’Ishir ? Honda (le tout premier de la saga). La bobine de Kumar, avec un Surya au cube — l’acteur se livre à une performance surprenante en interprétant un triple rôle — a fortement marqué les festivaliers malaguènes, captivés par ces 164 minutes de divertissement ininterrompu et hautement original. Son scénario surprenant, sa photographie soignée, ainsi que sa fin spectaculaire, ont valu à 24 les plus vives salutations de la critique locale — des exaltés ont même parlé du grand « chef-d’œuvre de l’année » !
Définitivement le cinéma indien reste cantonné dans les marges : les grands festivals boudent encore cette industrie (lire ici et là) et elle n’obtient reconnaissance que dans des rencontres cinématographiques considérées comme « marginales », telles que le Fancine… mais ce dernier, à l’image d’autres festivals intimistes, participe désormais à la promotion d’œuvres originales venues d’Inde, comme l’assez étrange Sunrise de Partho Sen-Gupta, le plutôt violent et glauque Monsoon Shootout d’Amit Kumar, le très survolté Ra.One avec le bon vieux Shah Rukh Khan, et le super-héroïque Anniyan, du non moins connu S. Shankar.
[1] Signalons que le Miruthan de Shakti Soundar Rajan — « premier film de zombie tamoul » — était projeté au Midnight X-Treme de Sitges et l’Action Jackson de Prabhu Deva, avec le toujours inexpressif Ajay Devgan, à Torremolinos.