Nanban
Traduction : Mon pote
Langue | Tamoul |
Genre | Comédie |
Dir. Photo | Manoj Paramahamsa |
Acteurs | Vijay, Jiiva, Sathyaraj, Ileana D’Cruz, Sathyan, Srikanth |
Dir. Musical | Harris Jeyaraj |
Paroliers | Pa. Vijay, Madhan Karky, Vivega, Na. Muthukumar |
Chanteurs | Chinmayi Sripaada, Sunidhi Chauhan, Javed Ali, Mukesh, Aalap Raju, Suchith Suresan, Vijay Prakash, Suvi Suresh, Krish, Hemachandra, Ramakrishnan Murthy |
Producteur | Raju Easwaran |
Durée | 188 mn |
Par Gandhi Tata, Jawadsoprano, Guiridja, Tohru
Publié le 3 février 2012
Nanban, le nouveau film du showman Shankar, est une comédie dramatique qui dresse une analyse critique du système éducatif indien. L’intrigue est située dans une école d’ingénieur du sud de l’Inde et suit un groupe d’amis, où chacun a choisi ses études pour une raison différente.
Deux potes de longue date reçoivent l’appel d’un troisième et c’est l’effervescence ! Chacun met sa vie entre parenthèses pour se mettre en quête de Pari, un camarade inoubliable qui a changé leur existence. Sur le trajet les menant à leur ami, il se souviennent de leur passé d’étudiants et leur rencontre avec Pari. S’ensuit un flashback qui nous en dit plus sur chaque personnage. Venkataramakrishnan (Srikanth) est un fils à papa qui a troqué ses rêves de photographe pour faire plaisir à son paternel. Pour Severkodi Senthil (Jeeva), venant d’une famille pauvre, l’ingénierie est un choix de raison qui l’aidera à s’en sortir. Enfin, que serait le gang sans Panchavan Parivendan dit Pari (Vijay), qui se destine au métier d’ingénieur par choix du cœur et intérêt pour cette spécialité. Dans un établissement où la rigueur et le culte de la réussite sont des religions, l’état d’esprit de Pari ne cadre pas avec la volonté de Virumandi Santhanam (surnommé Virus) (Sathyaraj), le directeur. Ce dernier prône l’apprentissage draconien alors que Pari soutient que la passion est la clé de la réussite. Tout se complique lorsque Pari tombe amoureux de Riya (Ileana D’Cruz), la fille de Virus.
Le premier argument qui nuit fortement à Nanban, c’est qu’il soit un remake de 3 idiots, l’un des plus gros succès du cinéma indien en 2009. De l’aveu même de Shankar qui loue ouvertement le script de Rajkumar Hirani (le réalisateur de la version hindi), Nanban est une relecture assumée de 3 idiots. Mais plus généralement, les deux films reposent sur Five Point Someone, le roman de Chetan Bhagat, publié en 2004.
Si Rajkumar Hirani est devenu avec Vidhu Vinod Chopra, l’un des combos les plus irrésistibles du cinéma hindi avec le cultissime dyptique Munnabhai (qui va bientôt devenir une trilogie), Shankar est une institution à lui tout seul. En presque vingt ans de carrière et dix-huit films à son actif, en tant que réalisateur et producteur, Shankar n’a jamais connu d’échec à l’exception de Boys en 2003. Mais au-delà de ses performances au BOX OFFICE, Shankar est un réalisateur inventif qui a su se renouveler pour proposer un cinéma masala d’avant-garde. Marqué par le gigantisme et l’excellence, son style est reconnaissable entre tous dans le cinéma indien. Certains le présentent comme le Spielberg indien, mais il est avant tout le pape du divertissement d’action, capable de penser pour toute une industrie.
Nanban est officiellement son premier remake et sa nouvelle tentative dans la comédie, depuis le fiasco de Boys. Inutile de dire qu’un réalisateur de sa trempe ne peut pas rester sur un revers et il avait donc une revanche à prendre. D’autre part, il a rarement déçu sur les projets prestigieux et après un blockbuster historique comme Endhiran, l’attente était décuplée, surtout pour sa première collaboration avec l’idole de la nouvelle génération qu’est Vijay. A t-il réussit sa mission ?
Avis de Gandhi Tata :
On ne s’attend pas à être surpris par un remake, dans la mesure où on connait déjà l’intrigue et son issue. Mais Nanban - mon pote, n’a pas fait que me surprendre, il a su me conquérir malgré tous les préjugés que j’avais initialement.
En effet, sur le papier, Nanban promet d’être une fidèle relecture de 3 idiots et avec Shankar à la baguette, on n’attends rien de plus qu’un divertissement honnête. Cependant, la version tamoule parvient à se démarquer de son ainé, par un excellent casting ! Peut on faire mieux que l’original ? En général, non, mais ici, on peut dire que c’est presque réussi.
Tout d’abord, disons le clairement, Nanban est une adaptation religieuse de 3 idiots, avec quelques ajustements sur l’humour et la mise en image pour que le film soit au goût du spectateur tamoul. On ne critiquera donc pas le travail d’écriture de Shankar qui reprend le scénario de Rajkumar Hirani. Nanban récupère donc tous les défauts de la version hindi, à savoir les longueurs, les situations cousues de fil blancs et les rebondissements absolument irréalistes (la palme revenant à un final totalement ridicule). On peut reprocher au réalisateur son manque d’audace ou le trop grand respect qu’il voue à l’original. On n’a en revanche, rien à redire sur sa direction d’acteur qui est efficace et perfectionne les performances des comédiens.
De 3 idiots, Shankar a su conserver l’esprit très positive attitude, résumé par la devise emblématique du héros : all is well. A l’image de ce crédo, devenu culte, toute la distribution d’acteurs semble être dopée à l’enthousiasme et cela se ressent avec la sincérité de leur interprétation. Sur ce plan, la plus grosse surprise, qui vaut à elle seule le visionnage de Nanban, c’est Vijay !
L’acteur tamoul, connu jusqu’ici pour ses piètres performances dans des nanars commerciaux et autres masalas décérébrés, est une véritable révélation ! De mémoire de cinéphile, il faut remonter à l’année 1998, pour trouver une bonne prestation de Vijay. C’était un film qui s’intitulait Priyamudan et la star y campait le rôle d’un jeune homme dérangé et possessif.
Dans Nanban, Vijay est à mille lieues des stéréotypes du héros kollywoodien. Il est lumineux, émouvant, amusant et sacrément charismatique ! La scène d’introduction annonce la couleur du Vijay nouveau. Pas de vol plané, pas de méchant qui vole, pas de chanson folklorique à sa gloire, mais qu’avez-vous fait de super Vijay nom de dieu ?
Shankar semble avoir pris les choses en main et nous présente le véritable visage de cet acteur, capable de céder de l’espace à ses collègues et être sobre pour renforcer les émotions de son personnage. A vrai dire, j’avais perdu tout espoir pour Vijay, mais Shankar l’a fait ! Ilaiyathalapathy (comme le surnomme ses fans) est mémorable tout au long du film et qu’il s’agisse de scènes comiques ou dramatiques, l’acteur fait un travail impeccable. A la comparaison avec Aamir Khan dans le même rôle, je le trouve meilleur et plus habité par son personnage.
Srikanth et Jeeva ne déméritent pas et ont chacun leur occasion de s’illustrer. Mention spéciale à Srikanth, car l’acteur avait disparu de la circulation depuis plusieurs années et ce film-là était son billet de retour à Kollywood. On peut d’ores et déjà dire que son come-back est gagnant, surtout lorsqu’on voit son personnage faire face à son père et parler à cœur ouvert. Cette scène est mémorable par son poids émotionnel et toute la douleur que l’acteur parvient à insuffler par son jeu. Grâce à sa justesse, on se retrouve automatiquement envahie par les émotions, comme si on était connecté au personnage. J’ai pour ma part été extrêmement touché par cette scène dont la réussite repose en partie sur le travail de mise en scène de Shankar. La scène d’entretien de Jeeva est tout aussi remarquable, mais moins surprenante, quand on connait le calibre de l’acteur qui a fait ses preuves dans Raam.
Dans le rôle de Virus, le vétéran Sathyaraj est bon, mais pas excellent. Je trouve qu’il singe énormément Boman Irani et c’est dommage. Il aurait pu et dû s’approprier ce personnage pour le marquer de son empreinte. Connaissant son flair comique, son côté déjanté et sa capacité à partir en vrille dans ses films, le résultat n’aurait pas été décevant. Sathyan Sivakumar qui joue le rôle de Silencer, le méchant premier de la classe binoclard, est hilarant ! Bien que son jeu ait ses limites, il parvient à nous faire rire avec ses mimiques et son phrasé complètement délirant.
Enfin, Ileana est belle, magnifique, charmante et bonne danseuse dans les clips. Mais comme dans tous les films de Shankar, elle est malheureusement réduite au statut d’héroïne potiche qui montre cependant quelques talents d’actrice à la toute fin, mais se contente de sourire et grimacer le reste du temps. C’est dommage, mais je ne sais plus s’il faut le reprocher au réalisateur, ou à une industrie frileuse qui impose des codes pour les films commerciaux, où la femme est juste un atout de charme.
Techniquement, Nanban, à l’image des précédents films de Shankar, est un modèle à suivre…. Mais peut-il en être autrement ? Il fait parti des réalisateurs qui innovent et imposent à chaque sortie un nouveau style. La photo de Manoj Paramahamsa est un véritable régal visuel, non seulement dans les séquences musicales, mais pour toutes les scènes. C’est coloré, vivant, frais….. Bref, impossible de décoller ses yeux de l’écran, même lorsque le film pêche par quelques lenteurs, tellement c’est magnifique ! Justement en parlant de la durée, Nanban aurait gagné en dynamisme avec quelques coupes, car le film est trop long (3h08) et le monteur expérimenté qu’est Anthony semble s’être endormi sur sa table de montage.
En parlant de musique, on sait qu’un chef d’orchestre est chargé de coordonner le jeu des instrumentistes. Ici, l’homme orchestre, c’est Shankar tant sa contribution est immense et on sent qu’il a réellement pesé sur tous les domaines de ce film, notamment pour la bande originale. Si Harris nous fait en ce moment, du mauvais Jeyaraj et que le compositeur n’est plus que l’ombre de lui-même, avec des productions tout bonnement indignes de son rang, Shankar a su le recadrer et tirer son meilleur pour nous rendre le véritable Harris Jeyaraj. Les rythmes originaux, les belles mélodies, tout est au rendez-vous pour nous livrer des chansons, certes commerciales, mais assez entêtantes pour continuer à les fredonner à la sortie. Le travail sur les thèmes musicaux est soigné et on est loin des musiques assourdissantes et insupportables de 7am Arivu.
Au final, Nanban - mon pote est un film anti-stress qui redonne la pêche et prêche pour un système éducatif, où la passion prime sur les performances. Vijay, à l’aube de ses 40 ans, en fait toujours vingt et sa retenue, apporte énormément à la crédibilité de son personnage. En espérant qu’on reverra ce visage le plus souvent au cinéma, on félicite celui qui a rendu cela possible, le brillantissime Shankar ! Le réalisateur peut se targuer d’avoir rendu Nanban encore plus divertissant que l’original et y avoir insufflé un humour décapant qui maintient jusqu’au bout le spectateur à flot.
Nanban – mon pote est un buddy movie sans complexe, qu’on peut savourer en famille ou entre potes ! Tout y est pour passer trois bonnes heures d’émotions et de rigolades.
7,5/10
Avis de Tohru :
Le film 3 idiots avec Aamir Khan a été un de mes coups de cœur de l’année 2009. Aamir Khan était excellent dans ce rôle, ses mimiques et son humour ont fait mouche, et le trio principal d’acteurs avaient une belle alchimie. C’est donc avec le même intérêt que je suis partie voir Nanban, curieuse de voir l’adaptation tamoule.
L’histoire est fidèle à la version hindi, très fidèle même, les acteurs en eux-même, mis-à-part Vijay, ressemblent aux acteurs originaux de la version hindi.
Mais la version tamoule a son petit truc en plus : son humour décapant. Chaque scène dramatique se trouve ponctuée de blague bien trouvée, sans pour autant en devenir lourd. La version hindi était drôle, mais pas autant que celle-ci. Vijay a su tenir le rôle et apporter sa touche personnelle, à la fois comique, dramatique et romantique, il défend cette version qui mérite amplement d’être visionnée, et qui vous laissera agréablement surpris. J’ai donc était prise sous le charme de leurs jeux d’acteurs, qui ont su renvoyer de l’émotion mais surtout de l’humour dans ce film.
Je n’ai pas trop accroché à l’héroïne, qui avait plus un rôle de potiche pour moi. Etrangement, j’avais préféré Kareena Kapoor qui, sans sur-jouer, avait su apporter de la fraicheur et de la romance. Le couple Aamir/Kareena a fonctionné beaucoup plus que le couple Vijay/Ileana D’Cruz.
Comme la version originale, les décors sont superbes, et même si je n’ai pas trop accroché à la bande-son, à part la chanson titre qui est sympathique, les clips en restent néanmoins très beaux visuellement, (merci Farah Khan).
Au final, la version tamoule, mis-à-part pour ses chansons, est tout simplement excellente, on ressort le sourire aux lèvres. Je le conseille donc à tous, d’autant plus si vous avez aimé la version hindi, celle-ci ne pourra que vous enchanter.
8/10
Avis de Guiridja :
Ayant vu et apprécié la version hindi 3 idiots, c’est avec beaucoup de curiosité que je me suis apprêtée à voir Nanban : comment allaient-ils réussir à renouveler l’histoire sans copier l’original ? Même si Shankar dit que c’est une autre adaptation du livre d’origine : Five Point Someone . Comment Vijay allait faire pour tenir le rôle principal ? Parce que honnêtement, question jeu d’acteur, on repassera pour lui… Comment, comment, bref, le mieux est de voir le film pour comparer.
Premièrement voir le film dans une vraie salle de cinéma, on ne vous le redira jamais assez, mais ça change tout. Franchement, en plus avec une salle quasi pleine et une bonne ambiance, ça fini de vous convaincre.
Le film en lui-même est, à quelques scène près, identique à la version hindi. Les deux acolytes du héros ressemblent physiquement aux acteurs hindi (c’est dingue d’ailleurs à quel point une moustache peut vous changer un homme. J’avais été subjuguée par la transformation de Prithiviraj, ici rebelote avec Srikanth).
L’histoire vous l’aurez compris n’a pas changé d’un iota, en revanche la version tamoule est parsemée de scènes supplémentaires qui allègent grandement le film et le rendent beaucoup plus percutant et sympathique. Il n’y a plus ce côté larmoyant et dramatique de la version hindi et du coup le film a un meilleur rythme.
Vijay m’a agréablement surpris, déjà l’acteur colle un peu mieux quant à "l’âge" du personnage principal (sachant que Vijay fait éternellement jeune, ça aide). Mais au-delà de ça, il arrive à incarner Pari, sans sur-jouer et en étant étonnamment juste par rapport à ce qu’il nous avait habitué à voir.
Jeeva et Srikanth sont très bons aussi, ils ont une bonne alchimie et cela transparait à l’écran. Ileana D’Cruz a un petit air de Shruti Haasan et de Kareena Kapoor mais en moins jolie (le rôle avait été initialement proposé à Shruti Haasan et Asin). Elle arrive à remplir sont rôle sans plus et ne laissera pas une trace impérissable dans le monde du 7ème art.
Mon coup de cœur c’est Sathyaraj alias le terrible Virus. Comme le disait Gandhi Tata dans une précédente news, Sathyaraj imprime de sa patte le personnage, en nous livrant un directeur qui parle à chacun de nous. Nous avons toutes et tous été confrontés à ce genre de professeur qui nous a terrifié au plus haut point. Virus a l’intelligence et l’intransigeance de ce genre de personnage, mais aussi cette fêlure et ces petits moments de doute qui le rende infiniment humain. Je préfère, et de loin, cette version de Virus à la version hindi.
La photographie est vraiment sublime et les clips sont magnifiques (certains clips font penser à ceux de Sivaji The Boss). J’ai par contre beaucoup moins accroché à la musique mise à part la chanson titre all is well .
Dans l’ensemble, pour un Shankar, on ne pouvait pas en attendre moins de sa part, il a réussi à améliorer la version hindi en gommant les quelques défauts qu’on pouvait reprocher à l’original, ce qui fait de Nanban un super divertissement à consommer sans modération.
8/10
Avis de Jawad
N’ayant pas eu l’honneur (ou l’envie) de voir le monument 3 idiots, je suis allé à cette séance de Nanban l’esprit serein, n’attendant pas grand chose d’un remake et espérant passer un bon moment.
Ce fut chose faite, car le film se regarde facilement, si l’on fait abstraction de certaines longueurs (ah c’est seulement l’intermission ???) et de scènes assez poussives (le bébé et le coup du pied notamment).
Le casting est très réussi. Vijay est vraiment surprenant de simplicité et de retenue. Il apporte une fraicheur au rôle et impressionne par son éternelle jeunesse. Jeeva est comme toujours excellent, malgré un personnage qui aurait gagné à être un peu plus développé. Srikanth est méconnaissable sans sa moustache mais s’en sort plutôt bien dans un rôle plein de compassion et de distance.
La potiche de service, une habituée du genre, c’est Ileana. Si elle est agréable à regarder, elle reste un peu trop en retrait et ne donne pas de réelle profondeur à son rôle déjà limité.
Sathyaraj en proviseur déjanté en fait trop et son personnage bascule trop vite dans la caricature. Sathyan, lui, excelle en Silencer et nous gratifie des meilleures vannes du film.
En effet, si l’histoire est pleine de bons sentiments et de moments dramatiques, elle est heureusement constamment ponctuée de moments comiques. Cela permet de dédramatiser des situations quelquefois un peu trop lourdes.
Techniquement le film est, comme toute production de Shankar, irréprochable. La photographie est étincelante, les plans sont millimétrés et le montage est plutôt réussi. On reconnait la patte du réalisateur dans les clips et les décors, qu’ils soient traditionnels ou avant-gardistes.
La musique est signée Harris Jeyaraj, qui retrouve un peu d’éclat (ses récentes bandes originales étaient assez médiocres) avec des compositions assez rythmées et bien produites.
Malgré quelques bémols, le film fait vraiment passer un bon moment, sans prétention et avec beaucoup d’humour. En famille ou entre amis, un divertissement haut de gamme qui devrait faire date dans la carrière de Vijay.
7,5/10