]]>

Neerja


LangueHindi
GenreDrame
Dir. PhotoMitesh Mirchandani
ActeursShabana Azmi, Sonam Kapoor, Yogendra Tikku, Shekhar Ravjiani, Kavi Shastri, Sadh Orhan
Dir. MusicalVishal Khurana
ParolierPrasoon Joshi
ChanteursSunidhi Chauhan, Shekhar Ravjiani, Kavita Seth, Arun Ingle, K. Mohan, Mandar Apte, R. N. Iyer, Neha Bhasin, Archana Gore, Mayuri Patwardhan, Pragati Mukund Joshi, Vishal Khurana
ProducteursAtul Kasbekar, Shanti Sivaram Maini
Durée122 mn

Bande originale

Jeete Hain Chal
Aankhein Milayenge Darr Se
Gehra Ishq
Aisa Kyun Maa

En savoir plus

Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 26 juillet 2016

Note :
(8/10)

Article lu 1111 fois

Galerie

Neerja Bhanot (Sonam Kapoor) est une jeune femme ravissante de 22 ans. Ses parents (Shabana Azmi et Yogendra Tiku) adorent leur Laado et sont aux petits soins pour elle, peut-être parce qu’ils sont à l’origine de son mariage raté qu’ils ont arrangé quelques temps auparavant. Elle commence à percer dans le mannequinat. Ses publicités passent à la télévision et ses affiches recouvrent les murs de Bombay où elle habite. Mais Neerja n’en démord pas, sa profession et son avenir sont d’être hôtesse de l’air. Et ce 5 septembre 1986, elle est pour la première fois chef de cabine sur le Bombay-New York de la compagnie Pan Am qui fait escale à Karachi puis Francfort.

La nuit est encore noire lorsqu’elle se prépare à partir prendre son service. Au même moment, à Karachi, une bande de terroristes met la dernière main à l’organisation du détournement d’un avion. Les cinq hommes font partie du groupe d’Abu Nidal et comptent demander la libération de leurs « frères » emprisonnés à Chypre.

Le Pan Am 73 décolle de Bombay aux premières heures du jour. Il fait comme prévu sa première escale à Karachi quelques dizaines de minutes plus tard. Peu après 6 heures du matin, les passerelles sont encore en place sur le tarmac lorsque quatre hommes lourdement armés se ruent sur l’appareil et pénètrent à son bord. Malgré la panique indescriptible, Neerja réussit à transmettre aux pilotes le code indiquant que l’avion est en train d’être détourné. Ces derniers se barricadent dans le cockpit et s’enfuient par les trappes de sécurité.

Sans pilote, l’avion est cloué au sol. Neerja se retrouve seule à diriger l’équipe d’hôtesses et de stewards face à quatre fous furieux déterminés, prêts à abattre le premier qui leur résiste…

Ram Madhvani avait déjà réalisé un film de cinéma en 2002, mais il était passé presque inaperçu. Depuis, il s’était surtout fait connaître pour des clips publicitaires. Avec Neerja, il s’est lancé crânement dans une aventure d’une toute autre envergure : raconter la dernière journée de Neerja Bhanot, une hôtesse de l’air indienne dont le courage exceptionnel a fait la fierté de tout un pays. Il s’est appliqué à relater les tragiques évènements du 5 septembre 1986 aussi précisément que possible. Les témoins présents dans l’avion ont même dit récemment à quel point la reconstitution était fidèle. Il n’était pas nécessaire de travestir la réalité et Ram Madhvani s’en est fort heureusement gardé.

Il nous raconte donc avec minutie l’histoire de cette jeune chef de cabine qui allait avoir 23 ans. L’essentiel du film se passe à bord de l’avion durant les presque 17 heures qu’a duré le détournement. Après la fuite des pilotes [1]. Elle se retrouve en première ligne et le film nous embarque à ses côtés. Le Boeing 747 est bloqué sur la piste à Karachi. Près de 400 personnes à son bord tremblent sous la menace de quatre pirates de l’air palestiniens, surexcités et armés jusqu’aux dents. Mais c’est avec Neerja que nous vivons ces moments.

Neerja est un biopic atypique qui nous présente un personnage principal qui n’était pas destiné à devenir une héroïne. Loin de nous asséner qui elle est, les auteurs nous la dévoilent à travers de multiples petits flashbacks, comme si nous nous appropriions peu à peu sa mémoire. Nous découvrons son mariage désastreux avec un mari atroce [2]. Il ne la bat pas, mais il cherche à la rabaisser autant que possible. La pauvre Neerja perd toute estime d’elle-même au point que ça en devient déchirant.

Elle n’est pas une battante comme Mary Kom, ni une révoltée comme Paan Singh Tomar. Elle n’a pas non plus subi les pires avanies comme Phoolan Devi dans Bandit Queen. C’est une jeune femme ordinaire qui s’est reconstruite doucement grâce à l’amour de ses parents. Et quand elle se retrouve dans son avion face aux pirates de l’air, ce n’est pas un Bruce Willis en jupons, mais quelqu’un qui fait simplement son devoir sans considérer les risques qu’elle prend. Elle est fragile et timide, elle baisse les yeux, mais elle suit sans dévier le chemin que lui indique son cœur. On pense à Radha dans Mother India.

Sonam Kapoor est Neerja. Non seulement elle lui ressemble physiquement, mais elle l’incarne à tous les instants avec maestria. Nous partageons ses joies, ses peurs et sa tristesse. Elle parvient à susciter une formidable empathie et nous arrime si solidement que quoiqu’il lui arrive cela nous touche profondément. Comme si cela ne suffisait pas, Shabana Azmi interprète sa mère Rama à la perfection. Il est même difficile de se défaire, après la projection, de l’image de cette femme dévorée par l’angoisse puis foudroyée par le chagrin. Le père de Neerja, Harish, parvient à faire passer son immense détresse par le regard. Yogendra Tikku qui était le père de Rani dans Queen est encore une fois éblouissant. Les pirates, en particulier celui joué par Sadh Orhan, sont terrifiants. Tous les passagers sont également parfaitement en place.

La réalisation est efficace, le montage est nerveux, les acteurs sont formidables, l’histoire incroyable est racontée sans aucun temps mort. Seulement dans les dix dernières minutes, les auteurs sombrent dans un mélange de pathos et de patriotisme dont l’objectif, facilement atteint, semble être de nous faire nous effondrer en larmes. Certains pourront trouver que les auteurs en font trop, d’autres que le ton est juste. Shabana Azmi qui monopolise l’écran dans cette partie est déchirante. Comment ne pas se précipiter sur son téléphone pour appeler sa propre mère et lui dire combien on l’aime ?

La famille Bhanot a donné son accord pour le film. Rama, la véritable mère de Neerja, apparaît même dans les premières secondes de Neerja. Le risque était donc grand de réaliser une œuvre hagiographique éloignée de la réalité. Ce n’est heureusement pas le cas. Sans être féministe au sens strict, c’est un film qui montre sans fard une femme dont tous, hommes comme femmes peuvent se sentir proches. Neerja Bhanot était une jeune femme ordinaire qui a réagi de façon extraordinaire dans une situation extrême. Son action a été distinguée par des décorations remises à la fois par l’Inde (elle était indienne), le Pakistan (l’avion était bloqué à Karachi) et les USA (la compagnie aérienne était américaine). Elle est la première femme et la plus jeune récipiendaire de la Ashoka Chakra, la plus haute décoration militaire délivrée en temps de paix, pour avoir montré un courage exceptionnel.

Les autorités pakistanaises ont tristement interdit le film alors même qu’il est difficile de critiquer l’action des policiers d’élite pakistanais qui ont risqué leurs vies pour prendre l’avion d’assaut. L’Inde a en revanche favorisé sa diffusion en l’exemptant de taxes dans plusieurs États. Le public lui a fait une fête en en faisant un des grands succès de l’année. Au moment où j’écris ces lignes, on parle d’un National Award pour Sonam Kapoor.

JPEG - 25 kio
La véritable Neerja Bhanot

J’ai vu Neerja une nuit dans un avion américain qui survolait l’Atlantique pour revenir à Paris. La plupart des passagers dormaient. La cabine était noire. J’avais emporté ce DVD depuis la France pour parer à l’éventualité que rien ne me plaise sur la vidéo de bord. Mais je ne savais rien du film ni de la véritable histoire de Neerja Bhanot. J’ai été un peu surpris par son sujet et au bout de quelques minutes, je me suis tassé dans mon siège pour éviter que quelqu’un remarque cette histoire de pirates de l’air qui défilait sur mon écran.

Je l’ai regardé d’un seul tenant sans en perdre une seconde, comme hypnotisé par les images. J’ai découvert le visage de la véritable Neerja dans le générique de fin. Pour une fois, je l’ai laissé dérouler jusqu’au bout puis j’ai doucement refermé l’ordinateur. Une hôtesse de l’air est passée à ce moment dans l’allée et a croisé mon regard. Elle a dû se demander ce qu’avait ce bonhomme qui pleurait en silence, calé contre le hublot.


Bande-annonce


[1Les pilotes ont scrupuleusement respecté les consignes de la compagnie qui les enjoignait de quitter le bord pour éviter que l’avion puisse être utilisé comme une bombe volante.

[2Il est surprenant dans de montrer un tel personnage sous un jour aussi noir dans un biopic car on peut supposer qu’il est encore vivant.

Commentaires
1 commentaire