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Once Upon a Time in Mumbaai

Traduction : Il était une fois à Bombay

Bande originale

Tum Jo Aaye Zindagi Mein
Pee Loon
I Am in Love
Parda
Baburao Mast Hai
Tum Jo Aaye Zindagi Mein (Reprise)
I Am in Love (Reprise)
Pee Loon (Remix)
I Am in Love (Dance Mix)

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La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 25 janvier 2013

Note :
(4.5/10)

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La police de Bombay, toutes sirènes dehors, s’affaire près d’un pont à repêcher une voiture tombée au fond de la rivière. L’inspecteur général de la police de Bombay Agnel Wilson (Randeep Hooda) venait d’essayer de se suicider. Dans un mélange de désespoir et de honte d’avoir échoué, Agnel raconte à ses collègues ce qui l’a poussé à tenter de commettre l’irréparable. L’histoire commence bien longtemps auparavant, lorsque Sultan Mirza (Ajay Devgan) est devenu le maître incontesté des docks de Bombay. Empereur de la contrebande, il avait pris en quelques années le contrôle des mers de la ville portuaire et de sa pègre locale.

En ce début des années 70, c’est un bandit à l’ancienne, doté d’un sens de l’honneur, capable de compassion pour les plus faibles, et très aimé de la population pour les largesses qu’il distribue sans compter. Sultan s’intéresse également au cinéma, et plus encore à une actrice vedette, la ravissante Rehana (Kangna Ranaut). Il est tout à ses affaires de cœur lorsque parallèlement, le jeune Shoaib Khan (Emraan Hashmi) fait ses premières armes de petit malfrat. Ce n’est encore qu’un voyou violent et pervers, mais son ambition le dévore et va l’amener à se rapprocher du grand Sultan Mirza…

Milan Luthria, à qui l’on devra l’année suivante The Dirty Picture, dépeint ici une version très romancée de la carrière du don Haji Mastan — dont le vrai nom est Haji Mastan Mirza — et des débuts de Dawood Ibrahim, que la folie criminelle a mené jusqu’aux attentats de Bombay en 1993. Il a cherché à montrer la fin d’une époque, celle des bandits au grand-cœur, et l’ascension d’une nouvelle forme de criminalité organisée qui culmine avec la D-Company d’Ibrahim.

Cet univers glauque de la mafia de Bombay des années 70, comme ses liens incestueux avec Bollywood ou le monde de la politique, ont été souvent représentés dans le cinéma indien. Ram Gopal Varma par exemple en a presque fait un genre à part entière avec Company, Department ou D qu’il a produit. Mais là où Once Upon a Time in Mumbaai se démarque, c’est dans le soin méticuleux apporté à la reconstitution historique. Tout est là, des cols pelle-à-tarte aux faux-cils interminables de Rehana, en passant par la Mercedes 250 de Sultan Mirza. Mais à trop en faire, le film perd un peu en crédibilité. Les taxis Premier Padmini immaculés, les pattes d’eph impeccablement repassées ou les uniformes amidonnés nuisent à la vraisemblance de cette évocation des bas-fonds sordides.

Ce parti-pris esthétisant, extrêmement propre, javellisé, se retrouve dans la description de Sultan Mirza. Ses forfaits sont comme gommés, à nous faire presque oublier que le héros du film est un des chefs de mafia. Certes la contrebande n’est pas l’activité criminelle la plus « sale », mais la population dans son ensemble en souffre, et les luttes pour se maintenir à la tête du cartel s’accompagnent de leurs lots d’horreurs. Les auteurs semblent cependant lui vouer autant d’admiration et presque de révérence qu’une partie de la population de Bombay pour Haji Mastan. Cette absence de distance face au personnage central laisse une impression de malaise car malgré des efforts évidents, il n’a bien sûr pas été possible d’effacer totalement son côté obscur. Ainsi Sultan Mirza a beau défendre la veuve et l’orphelin, c’est aussi lui qui manie la litote meurtrière — qui laisse les mains propres — : « Tu sais ce que tu dois faire quand un cheval commence à boiter… » .

Comme dans Company, le film s’articule autour de la relation entre un don établi et un nouveau-venu dans le crime. Mais alors que dans ce dernier l’affrontement trouvait sa source dans un cas de conscience du personnage joué par Vivek Oberoi, le jeune de Once Upon a Time in Mumbaai en est totalement dénué. L’opposition n’est ici qu’une vulgaire lutte de pouvoir où Shoaib a parfois des comportements de psychopathe. Cela laisse à penser qu’en en faisant un individu vil et détestable face à l’honorable Sultan Mirza, les auteurs visaient à accentuer l’aspect hagiographique du film. Il n’est cependant pas possible de s’identifier ni à l’un ni à l’autre car aucun des deux n’est véritablement attachant. Au final, on en vient à observer cette ménagerie en se disant que Milan Luthria s’est laissé déborder par son sujet.

Il s’est aussi laissé dépasser par son scénariste qui a produit une histoire très paresseuse. La première heure est dédiée à l’amourette entre Sultan et la charmante Rehana — Haji Mastan ne détestait pas les starlettes parait-il — avec en parallèle, la mise en place du personnage de Shoaib qui sort avec l’honnête Mumtaz (Prachi Desai). Elle n’existe visiblement que pour être le contrepoint de Rehana car il devait nécessairement y avoir deux femmes pour ces deux hommes que tout oppose. L’action ne démarre en réalité qu’ensuite, lorsque les ambitions de Shoaib deviennent claires et que la lutte qu’on devine à mort va commencer. Le policier est bien sûr impuissant, comme on l’a compris dès les premières secondes du film. Tout cela est assez lent, extrêmement linéaire et sans aucun rebondissement. Pire, le dénouement est absolument sans surprise.

Les trois acteurs masculins ne donnent pas l’impression d’être dirigés. Ajay Devgan reprend bien son rôle de Company, mais il a vieilli, s’est épaissi et n’a plus la même intensité dans le regard. Il ne sait plus faire qu’un œil baveux en lâchant des phrases sentencieuses comme : « Je fais seulement la contrebande de ce que le gouvernement interdit ; pas de ce que ma conscience m’interdit ». Il faudra attendre Singham l’année suivante pour revoir Ajay acteur. Emraan Hashmi quant à lui n’est absolument pas crédible dans le rôle du jeune fou ambitieux. Il a quelques rares fulgurances, mais son visage rond et inexpressif l’handicapent fortement. S’il n’y avait eu Shanghai en 2012, on aurait même pu douter de ses capacités. Là où Vivek Oberoi excellait, Emraan est vide. Enfin, Randeep Hooda a une nouvelle fois raté le coche. Son personnage de policier est peu intéressant et le scénario qui lui coupe les ailes dés le début ne lui donne pas l’occasion de se montrer à son avantage.

Que reste-il alors si les trois personnages masculins sont médiocres ? Les femmes bien sûr. Kangna Ranaut, même si on ne lui a bêtement donné qu’un rôle de faire-valoir, a une très belle présence. Elle est hiératique, émouvante et porte gracieusement des toilettes toutes plus ravissantes les unes que les autres. Prachi Desai apporte l’expressivité et l’émotion qui manquent à Emraan Hashmi. La troisième femme est Gauhar Khan dans un item-number étourdissant.

Se déroulant dans les années 70, Once Upon a Time in Mumbaai se devait de comporter un numéro de cabaret. Pritam a composé le medley Parda avec une partie de Duniya mein logon ko de Apan Desh interprété par la délicieuse Mumtaz, et Piya Tu Ab To Aaja tiré de Caravan et dansé par la fabuleuse Helen. Les deux morceaux, typiques des numéros de cabaret déjantés du tournant des années 70, sont de RD Burman et étaient alors chantés par Asha Bosle et RD Burman lui-même. Dans Parda, Gauhar Khan a repris avec talent les mouvements caractéristiques d’Helen ce qui donne au titre un aspect à la fois authentique et modernisé des numéros de cette époque. La chorégraphie se paye le luxe d’ajouter un danseur noir comme dans O Meri Jaan Main Ne Kaha de The Train. Le résultat est proprement extraordinaire, et se regarde en boucle. Pritam est assurément un grand arrangeur. La bande son du film est parfaitement adaptée, en particulier les riffs rageurs de guitare électrique, mais les autres chansons sont malheureusement un peu moins convaincantes.

Once Upon a Time in Mumbaai est un film qui se regarde sans déplaisir, mais dont les 2h14 peuvent paraître bien longues, d’autant plus que la fin semble rapidement inéluctable. La reconstitution du début des années 70 à Bombay est remarquable de précision technique. Elle sert cependant une évocation sans nuances d’Haji Mastan qui pourrait irriter ceux qui n’ont pas vécu cette époque à Bombay même, et qui ne peuvent dès lors pas comprendre pourquoi on l’a surnommé Robin Hood (Robin des Bois). Le film comporte cependant de bons moments, essentiellement portées par les femmes, et en particulier un item-number d’anthologie.



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