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Rann

Traduction : Désert

Bande originale

Besharam
Besharam - Instrumental
Gali - Remix
Gali Gali Mein
Kaanch Ke Jaise
Mera Bharat Mahan
Rann Hai
Remote Ko Baahar Phek
Sikkon Ki Bhook

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 6 avril 2010

Note :
(6/10)

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Purab Shastri (Ritesh Deshmukh), un jeune journaliste idéaliste, vient d’être embauché par la chaîne d’information télévisée "India 24/7". L’audimat y est au plus bas en raison du succès d’une chaîne concurrente dirigée par Amrish Kakkar (Mohnish Behl) qui mêle information et divertissement. Mais le patron de 24/7, Vijay Harshvardhan Malik (Amitabh Bachchan) refuse par honnêteté intellectuelle de changer sa chaîne, malgré l’avis contraire de son fils Jay (Sudeep)… Il faut dire que le beau-frère de Jay, un riche industriel (Rajat Kapoor), lui promet de l’aider si tous deux collaborent avec le leader de l’opposition Mohan Pandey (Paresh Rawal). Ce dernier aimerait en effet renverser le premier ministre en le faisant passer pour responsable d’un attentat sanglant…

Amitabh Bachchan, Ram Gopal Varma, un film sur les média d’information, voilà qui avait de quoi mettre l’eau à la bouche. Rien de formidable cependant à l’ensemble dans un premier temps, le cinéaste telugu nous resservant une énième fois tous ses tics de réalisation : abus de gros plans, éclairage minimal, caméra à l’épaule, plans inclinés, musique extra-diégétique fatigante qui surligne avec redondance les intentions des personnages conspirateurs… On se croirait dans une série B policière américaine des années 90 et, si ce savoir-faire de metteur en scène tape-à-l’œil était encore efficace dans ses belles réussites du début des années 2000 (Company, Bhoot, qui étaient un peu des brûlots "anti-Bollywood" à leur époque), on a vraiment l’impression ici que Varma s’amuse avec tous ses effets techniques roublards (bien qu’il ait déjà été encore plus expérimental et agaçant en la matière) en délaissant ses acteurs…

Car ces derniers paraissent dans l’ensemble aussi peu motivés que celui qui est censé les diriger. Même le grand Amitabh semble peu à l’aise en patron intègre doublé d’un chef de famille respectable, un type de rôle qu’il connaît pourtant par cœur, il essaie au mieux de se montrer impassible (un peu comme dans Sarkar, son premier film avec le réalisateur), mais il se révèle assez fade et peu convaincant… Mais que s’est-il passé sur ce tournage ?

Il faut dire que les thèmes de la manipulation de l’information et du sensationnalisme ont déjà été traités depuis longtemps à Hollywood, et de manière beaucoup plus percutante. En outre, les liens troubles entretenus par un "empire" familial (père et fils) avec un homme politique louche qui complote dans l’ombre (au sens propre) rappellent beaucoup le dyptique Sarkar, et en moins bien puisque le très bon Abhishek Bachchan est ici remplacé par un quasi-débutant dénué de tout charisme. On a vraiment l’impression que Varma ne s’intéresse pas à son sujet, et on se demande alors pourquoi il a choisi de faire le film si le script de son scénariste, cousu de fil blanc mais intéressant, ne le captivait pas plus que ça…

Cette besogne de tâcheron qui s’amorce est toutefois sauvée de la pure routine par Paresh Rawal, qui livre de loin la meilleure prestation du film avec son rôle de politicien véreux débraillé : qu’il fasse un discours démagogique ou bien qu’il réponde à un intervieweur incisif, il ne se départ jamais de sa bonne humeur, et son alternance de cynisme et d’hypocrisie est assez réjouissante. Son complice incarné par Rajat Kapoor est également très fin, bien que ce bon comédien se gaspille un peu en jouant les sous-fifres… de même que le sympathique Rajpal Yadav, dont le second rôle comique est tout à fait déplacé ici.

Heureusement, le film décolle dans son second acte dans lequel, grâce à un Ritesh Deshmukh crédible en journaliste têtu (il retrouve dans Rann le Big B quelques mois après l’embarrassant Aladin), suspense et révélations tiennent le spectateur en haleine jusqu’à une belle séquence finale, dans laquelle Amitabh se ressaisit (cette deuxième partie fait décidément penser à celle de Sarkar Raj) et réussit à nous toucher avec un long monologue emphatique ; on quitte ainsi ce film inégal sur une bonne impression, celle que ce grand acteur a toujours du charisme, et que cette prestation-là n’est pas à classer parmi ses moins bonnes.

Cependant, tout comme le public indien, qui a boudé Rann, on ne sera pas aussi clément avec le réalisateur : car s’il signe là un film légèrement supérieur à la moyenne bollywoodienne, relativement réaliste et ambitieux, on sent tout de même qu’il est en sous-régime, et qu’il serait capable de beaucoup mieux. Ses fans (mais sont-ils encore nombreux ?) y trouveront peut-être leur compte, le film étant loin des ratages de Contract et du prétentieux Ram Gopal Varma Ki Aag, mais celui qui s’était révélé à la fin des années 90 (Satya) l’un des meilleurs metteurs en scène du cinéma hindi s’éloigne de plus en plus de cette belle époque… Peut-être que ce réalisateur-producteur encore réputé pour son anticonformisme, qui a moyen de se financer à peu près tous les caprices filmiques possibles dans lesquels il a de plus en plus tendance à se répéter stylistiquement (bien qu’il ne semble pas s’être auto-produit cette fois-ci), gagnerait en rigueur la prochaine fois en se faisant chapeauter par un producteur exigeant, comme Vidhu Vinod Chopra (les Munnabhai) ou Ronnie Screwvala d’UTV (Fashion, un très bon film de Madhur Bhandarkar sur l’univers de la mode).

Rann, avec sa première partie d’une monotonie déprimante, est en tout cas nettement moins réussi dans le genre du film-dossier que des oeuvres comme celles du spécialiste Bhandarkar ou, plus proche dans sa thématique, Guru de Ratnam sur l’ascension d’un magnat de la presse.

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