[Edit 03/01] Sortie de Chanda, une mère indienne
Publié mardi 3 janvier 2017
Dernière modification mardi 3 janvier 2017
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[Edit 03/01] : Chanda, une mère indienne sort demain dans les salles françaises. Voici la liste des premières salles dans lesquelles vous pourrez le voir.
Paris - Saint André des Arts - 04/01/2017
Avignon - Pandora - 04/01/2017
Rouen - Cinéma Omnia - 04/01/2017
Strasbourg - Star - 04/01/2017
Grenoble - Nef - 04/01/2017
Montpellier - Diagonal - 04/01/2017
Dijon - Devosges - 04/01/2017
Le Mans - Les Cinéastes - 04/01/2017
Le Moule - Salle Robert Loyson - 04/01/2017
Uzès - Capitole - 04/01/2017
Narbonne - Scène Nationale - 11/01/2017
Mont de Marsan - Le Grand Club de Mont de Marsan - 18/01/2017
Le Blanc-Mesnil - Louis Daquin - 18/01/2017
Cannes - Studio 13 - 18/01/2017
Agen - Cap’Cinéma - 18/01/2017
Salon de Provence - Les Arcades - 18/01/2017
Gournay-en-Bray - Ecrans - 25/01/2017
Courbevoie - Studio 13 - 25/01/2017
Nyons - L’Arlequin - 25/01/2017
L’industrie du cinéma indien n’est pas uniquement pourvoyeuse de films musicaux et autres divertissements d’action mâtinés de romance. Elle permet aussi à de nombreux réalisateurs engagés d’exister et de livrer des œuvres puissantes qui, cependant, ne bénéficient pas d’une large distribution nationale, et encore moins d’une exposition internationale. Quand on n’a pas Shah Rukh Khan ou Salman Khan au casting, il est dur d’exporter son film à l’étranger… à moins de choisir le raccourci des festivals et présenter son long-métrage en compétition, ou en projection, dans les évènements ciné les plus réputés de la planète.
C’est ainsi que Nil Battey Sannata — rebaptisé Chanda, une mère indienne pour sa sortie française — a été présenté au Silk Road Film Festival de Fuzhou, en Chine, et au BFI London Film Festival, où il a fait forte impression auprès des festivaliers et des spectateurs. En France, c’est notre partenaire KMBO qui distribue le film à partir du 4 janvier 2017 au cinéma.
Synopsis :
Derrière le magnifique Taj Mahal se trouvent des habitations vétustes où vivent Chanda et sa fille Appu. Chanda est une femme de ménage. Elle rêve que sa fille fasse des études pour avoir une vie meilleure. Mais lorsque Appu lui annonce qu’elle veut quitter l’école pour devenir aussi femme de ménage, Chanda prend la décision surprenante de retourner à l’école dans la classe de sa fille, pour la convaincre de poursuivre ses études.
La tentation est grande de cataloguer Nil Battey Sannata comme un film féministe à la vue de son titre français et de son affiche, présentant une mère et sa fille en train de partager un moment de tendresse. Mais Chanda, une mère indienne est bien plus que ça. C’est un film de femmes, avec une portée sociale, qui aborde le thème sensible de l’éducation et son importance dans les classes populaires.
Produit par Aanand. L. Rai — également réalisateur de films comme Tanu Weds Manu, Raanjhanaa et Tanu Weds Manu : Returns —, Chanda, une mère indienne bénéficie manifestement de sa patte artistique et de son influence. L. Rai est connu pour mettre en scène des personnages féminins forts et indépendants, qui n’ont absolument rien à voir avec les stéréotypes de l’héroïne « nunuche » ou de la traditionnelle demoiselle en détresse bollywodienne.
C’est également l’occasion de voir Swara Bhaskar, actrice fétiche d’Aanand. L. Rai, en tête d’affiche, après d’excellents seconds rôles dans les succès du réalisateur. Le duo mère-fille est complété par la jeune Ria Shukla qui interprète Appu, la fille de Chanda, persuadée que l’école ne sert à rien pour une future femme de ménage.
Chanda, une mère indienne ne se contente pas seulement d’évoquer la question de l’éducation à travers le prisme du féminisme, mais la présente, avant tout, comme un outil de promotion sociale et d’émancipation personnelle. En Inde, de nombreuses idées reçues persistent encore dans les esprits et empêchent les jeunes générations de s’affranchir de ces préjugés perçus comme des fatalités, à l’image d’Appu, démotivée et désenchantée bien avant d’avoir tenté quoi que ce soit. Elle est convaincue que dans la société indienne chacun suit le chemin de ses parents et qu’il n’y a aucun moyen de s’en sortir en faisant autre chose.
Si Aanand L. Rai est à l’initiative du projet, Chanda, une mère indienne est bien un film de femmes, avec des femmes et fait par une femme, Ashwini Iyer Tiwari. La réalisatrice et scénariste — dont c’est le premier long-métrage — a travaillé comme consultante sur le tournage de Bhoothnath Returns avec Amitabh Bachchan. Pour une première, ce n’est pas mal du tout, et note déjà chez Ashwini son exigence des plus chevronnés ainsi que l’intelligence de son écriture.
Là où on aurait pu craindre un film excessif, sous prétexte d’être orienté, on a une œuvre profondément humaine qui parle de la manifestation de valeurs, comme l’altruisme, l’abnégation et la détermination dans un milieu en proie aux inégalités sociales. Même si les enjeux de l’éducation sont au cœur du récit, Chanda, une mère indienne touche au délicat problème du fossé générationnel qui empêche d’avoir une bonne communication dans une famille. Ashwini Iyer Tiwari présente dans son scénario trois générations de femmes, avec pour chacune une façon d’échanger qui reflète son environnement social, son degré d’éducation et sa mentalité.
Il y a tout d’abord la bienveillance du Dr Diwan envers sa servante ; vient ensuite la naïveté et l’amour inconditionnel de Chanda à l’égard de sa fille ; pour terminer, le personnage d’Appu ne se résume pas uniquement au cliché de la jeune adolescente insupportable, peste et ingrate, son cynisme est avant tout le signe d’une nouvelle génération désenchantée et en perte de repères. À côté de sa fille, Chanda représente un peu l’Inde (d’en bas) actuelle, pleine d’espoir et de rêves, mais malheureusement criblée de soucis et empêtrée dans une situation incertaine. On comprend ainsi mieux l’optimisme et la générosité du Dr Diwan, une sexagénaire, probablement née après 1947, dans une jeune nation indépendante qui offrait encore sa chance à la jeunesse de la classe moyenne aisée.
Vous l’aurez compris, Chanda, une mère indienne est un film riche, généreux, engagé, intéressant et intelligent qui a même eu droit à un remake tamoul, Amma Kanakku, figurant parmi les meilleurs films produits cette année au Tamil Nadu. Si vous avez aimé The Lunchbox, ce film s’inscrit dans cette même lignée avec une authenticité, une légèreté, une tendresse et une conscience sociale qui en font un des incontournables du cinéma indien de cette année.