The Killer
Traduction : Le tueur
Langue | Hindi |
Genre | Polar |
Dir. Photo | Sanjay Malkar |
Acteurs | Emraan Hashmi, Irrfan Khan, Zakir Hussain, Avtar Gill, Priyanka Kothari |
Dir. Musical | Sajid-Wajid |
Parolier | Jalees Sherwani |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Sunidhi Chauhan, KK, Alisha Chinai, Suzanne D’Mello, Earl D’Souza, Hamza Faruqui |
Producteur | Mukesh Bhatt |
Durée | 117 mn |
Nikhil Joshi (Emraan Hashmi) est indien et travaille comme taxi à Dubai. Il est amoureux de Ria (Nisha Kothari), qui est danseuse dans un bar. Un soir, Nikhil fait la rencontre d’un client pas comme les autres, Vikram (Irrfan Khan), un tueur à gages qui loue son taxi pour la nuit afin d’exécuter cinq contrats. Des rapports tendus s’instaurent entre le tueur et son collaborateur forcé…
The Killer, comme son pompeux titre anglais ne l’indique pas (rien à voir d’ailleurs avec l’œuvre maîtresse de John Woo), est fortement inspiré du très bon suspense Collateral de Michael Mann avec Tom Cruise et Jamie Foxx. Cette nouvelle version diffère pourtant légèrement du gros des remakes bollywoodiens officieux de productions américaines car, bien qu’elle soit nettement inférieure à son modèle et plus proche d’une agréable série B, elle se situe clairement au-dessus de la moyenne du genre… Certes, The Killer ne vaut pas Collateral dans la mise en scène (le réalisme glacé de Mann, qui fait un peu penser à la photographie d’Henri Decaë dans les chefs-d’oeuvre de Melville, est inégalable de nos jours), ni dans le rythme, ce film de genre étant entrecoupé de plusieurs clips plaisants, seule raison de la présence dans la distribution de la belle Nisha Kothari, mais frustrants parce qu’ils interrompent la relation entre les deux protagonistes, qui est ainsi moins intense que dans l’original.
C’est bien dommage, parce que le duo d’acteurs indiens choisi ici par le clan Bhatt, spécialiste de ce type de remakes, est très intéressant. Intéressant mais pas surprenant dans le cas d’Emraan Hashmi, puisque ce neveu de Mukesh et Mahesh Bhatt est depuis ses débuts le héros fétiche de leurs productions ; il n’empêche que cette vedette dormante crée régulièrement la surprise au box-office indien, avec des films d’autant plus rentables qu’ils ne comptent pas parmi les plus gros budgets de l’industrie hindi (Murder, Gangster, Jannat, Raaz-The Mystery Continues) ; et on comprend tout à fait la popularité montante de ce petit Colin Farrell de Bollywood vu sa relative spontanéité dans ce film, où il est plutôt en forme.
Face à lui, Irfan Khan, en tueur à gages, est facilement l’atout principal du film : on sait depuis un moment que ce comédien ne déçoit jamais, notamment en flic glacial (Slumdog Millionaire, New York), mais il trouve ici l’un des meilleurs rôles de sa vie, se montrant plus impressionnant que Tom Cruise dans l’original. Irrfan n’a en effet pas besoin d’un grand réalisateur pour le sur-diriger comme Cruise, dont la prestation, sans aucun doute l’une de ses meilleures, souffrait tout de même un petit peu du syndrome du "contre-emploi conscient", de l’acteur perfectionniste mais sans génie dont on voit clairement "le travail", qui n’arrive pas tout à fait à faire oublier au spectateur qu’il reste une star glamour qui prend des risques, et non un grand acteur de composition. Le plus charismatique Jamie Foxx lui volait même carrément la vedette dans la meilleure scène du film, celle où il improvisait en se faisant passer pour le tueur à gages auprès de son commanditaire. Rien de cela ici, Irrfan Khan est encore plus naturel et crédible que Cruise (voire moins beau, ce qui le cantonne souvent aux seconds couteaux mais lui évite au moins les rôles romantiques banals) et, en parfaite complémentarité avec son partenaire, pour ne pas dire son faire-valoir, est aussi à l’aise dans la froideur que dans le jeu nerveux, qui rappelle le method acting des acteurs américains.
Film mineur, très calibré, mais bien fait et assez bref (mentionnons au passage que, fait rarissime, ce remake hindi n’est pas plus long que l’original), The Killer a avant tout le mérite de présenter un "méchant" meilleur encore que celui de Collateral, l’occasion pour Irfan Khan de proposer une prestation fascinante, avec même dans la jubilatoire scène finale un véritable grain de folie qu’on ne connaissait guère dans le cinéma hindi que chez le génial Nana Patekar… Un film assez stimulant au final pour les amateurs de grands comédiens hindis en général et d’Irfan en particulier, qui pourraient bien trouver là une petite pépite.