Ameer Sultan
Fonctions : acteur, réalisateur, producteur |
Né le : 5 décembre 1966 (57 ans) |
à : Madurai (Tamil Nadu) |
Nationalité : indienne |
Ameer Sultan, plus communément connu sous le nom d’Ameer, est un des réalisateurs emblématiques de la nouvelle vague tamoule du début des années 2000.
Self-made réalisateur, c’est ainsi que l’on peut qualifier cet homme d’affaires diplômé en économie qui s’est forgé en quelques films, une carrière impressionnante dans l’industrie du cinéma tamoul.
Le film Sethu qui révéla l’acteur Vikram et le réalisateur Bala, fut aussi un tremplin pour Ameer. Ce tournant le dévia définitivement du monde des affaires, pour celui du cinéma.
La nouvelle vague des années 2000, c’est un peu la renaissance d’un cinéma tamoul en perte de vitesse à la fin de la décennie 90. Jadis modèle parfait d’un cinéma à la fois masala et réaliste, l’industrie de Kodambakam fut gangrenée par une formule commerciale devenue obsolète durant cette période. Bien sûr, les usines à rêves de Chennai ont vu éclore des talents comme Mani Ratnam, mais la relève n’était peu ou pas assurée à l’aube du nouveau millénaire.
Sethu, considéré aujourd’hui comme un chef-d’œuvre et un film majeur de la nouvelle vague tamoule, était au départ, un projet maudit, dont le script n’emballait aucune star et n’attirait aucun distributeur. Un fait regrettable mais normal, car le contexte du moment à Kodambakam, n’était pas propice aux films sombres. C’était sans compter sur la ténacité d’un jeune réalisateur nommé Bala, qui confia le rôle-titre à un acteur rongeant son frein depuis 10 ans et compta parmi ses assistants, un surdoué de la mise en scène. Le premier s’appelle Vikram et le second, n’est autre que le talentueux Ameer Sultan.
Il faut croire qu’entre l’économie et le cinéma, il n’y a qu’un pas et Ameer le franchit avec succès dans ce film multi-récompensé. Fort de cette expérience enrichissante, le jeune assistant ne perd pas son temps et passe à la suite en endossant la casquette de réalisateur pour Mounam Pesiyathe en 2002. Cette comédie romantique marque l’entrée d’Ameer dans l’industrie cinématographique tamoule et révèle également la très belle amitié qu’il partage avec Bala. En effet, Ameer lui emprunte l’acteur Surya qui venait de terminer sa seconde réalisation intitulée Nandha. D’ailleurs, Surya arbore le même look pour Mounam Pesiyathey et cette ressemblance s’étend même jusqu’aux traits psychologiques du personnage. Si bien qu’à la sortie du film, beaucoup voient une forme de réincarnation de Nandha en Gautham, le jeune restaurateur aigri et antipathique de Mounam Pesiyathey. Enfin, les deux films ont été produits sous la bannière d’Aparajeeth Films.
Mounam Pesiyathe est un succès retentissant qui donne des ailes au jeune réalisateur. D’assistant à réalisateur en 2002, Ameer franchit un nouveau cap la même année, en montant sa boîte de production nommée Teamwork. La vocation de la maison Teamwork est de produire des films ancrés dans la culture locale aux standards internationaux. L’intention du réalisateur est de refléter l’identité tamoule sur la scène globale par le biais de productions soignées avec les meilleurs techniciens de Kodambakam.
Le premier film à sortir des usines Teamwork est Raam en 2005. Lauréat de deux prix au festival international du film de Chypre, Raam est un thriller mettant en scène un jeune autiste accusé du meurtre de sa mère. Le film est un succès public et critique qui révèle l’acteur Jeeva, abonné jusque-là à de sombres nanars. Ce dernier a justement été récompensé pour son interprétation au festival de Chypre, alors que la seconde distinction est allée au compositeur Yuvan Shankar Raja pour sa bande originale. Première production et premier succès global, Ameer poursuit un quasi-sans-faute dans sa fulgurante ascension.
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Sans se reposer sur ses lauriers, il met en chantier dans la foulée du succès de Raam, un nouveau projet nommé Paruthi Veeran. Ce film prétendument basé sur des faits réels, tire son inspiration des tensions communautaires qui régnaient dans l’Inde rurale du 19ème siècle. Ameer s’est appuyé sur les textes juridiques (Criminal tribes act) établis sous l’occupation britannique en 1871 et condamnant les crimes ethniques qui étaient courants dans les campagnes indiennes de cette époque.
A sa sortie en 2007, Paruthi Veeran est un succès monstre. Le film reste à l’affiche pendant près d’une année et rafle d’importantes récompenses au niveau régional, national et international. Le film représente une immense consécration pour Ameer qui récolte un Filmfare award et un prix spécial au festival international du film de Berlin. Karthi, le frère de Surya, dont c’est le premier film, remporte le prix d’interprétation aux Filmfare awards. Enfin, l’actrice Priyamani décroche le prestigieux National award pour sa prestation.
Hormis la razzia de récompenses et les roupies engrangées, Paruthi Veeran s’est tristement rendu célèbre pour le différend entre Ameer et le producteur initial du film, Gnanavel Raja, au sujet de la propriété du film. Même si Studio Green de Gnanavel Raja est crédité comme producteur, Ameer a toujours estampillé ce film du logo de Teamwork dans ses promos. La réalité est qu’après le retrait de Studio Green pour cause de pertes financières, peu avant la fin du tournage, Ameer mit la main à la poche pour terminer le film avec Teamwork.
Assistant, réalisateur, producteur, mais aussi acteur ! Ameer aime expérimenter dans la réalisation mais aussi dans les rôles qu’il endosse. C’est ainsi qu’on le retrouve au générique et dans le rôle-titre de Yogi en 2009, il s’agit d’un remake du film sud-africain, Mon Nom est Tsotsi. Malgré de bonnes critiques, le film est un échec commercial qui fait regretter ce choix à Ameer. Il n’est pourtant pas réticent à l’idée de retourner devant la caméra, le temps d’un caméo dans le clip musical du film de son ami Myshkin, Yudham Sei en 2011.
Le réalisateur travaille actuellement sur Aadhi Baghavan qui devrait sortir dans le courant de l’année 2011. Adepte des changements, Ameer nous promet un film purement commercial qui tranchera avec ses précédentes réalisations.
Le cinéma d’Ameer Sultan est une constante recherche de réalisme. Sa volonté de refléter les sentiments humains de manière brute se ressent dans la composition de ses personnages. Jamais stéréotypés, ces anti-héros sombres ou violents sont souvent dotés d’une sensibilité extrême qu’ils cherchent à dissimuler derrière une carapace et une dureté apparente. Son souci du réalisme poussé, se reflète dans sa mise en scène où la brutalité côtoie la tendresse, comme pour refléter l’ambiguïté humaine.
La femme tient également une place importante dans ses œuvres, ce qui est un fait rare dans une industrie qui formate les actrices en femmes-objets. Dans Mounam Pesiyathe, Raam et Paruthi Veeran, la femme est tour à tour, rêve inaccessible, mère dévouée et amoureuse farouche. Dans chaque cas, elle est le catalyseur du héros et l’amène à révéler sa vraie nature. Cette complémentarité où le personnage masculin dépend entièrement de l’héroïne, est un leitmotiv dans le cinéma d’Ameer.
Sa volonté de tendre vers la perfection, l’a toujours poussé à innover chaque aspect technique dans chacun de ses films. Il suffit d’observer la photographie de Mounam Pesiyathe et celle de Paruthi Veeran, où le cinéaste frôle la perfection. Il en va de même pour les chorégraphies martiales qu’il a voulu plus réalistes et moins dishum dishum que dans les masala commerciaux.
Ameer accorde une place importante à la musique dans ses films et sa fructueuse collaboration avec le compositeur Yuvan Shankar Raja a été systématiquement couronnée de succès. Yuvan considère même Mounam Pesiyathe comme son meilleur album au début de sa carrière.
Avec Bala, Gautham Menon, Selvaraghavan, Myshkin ou encore Cheran, Ameer fait partie de cette nouvelle génération de réalisateurs cultivant un cinéma réaliste et divertissant. En ce début de millénaire, le cinéma tamoul a vu l’émergence de nombreux talents et Ameer compte incontestablement parmi les plus précieux.
2012 - Kannabhiran (en projet)
2011 - Aadhi Baghavan (en tournage) avec Jeyam Ravi et Neetu Chandra
2007 - Paruthi Veeran avec Karthi Sivakumar, Priyamani, Saravanan, Ponvanan et Ganja Karuppu
2005 - Raam avec Jeeva, Saranya Ponvanan, Gajala, Rahman, Murali et Ganja Karuppu
2002 - Mounam Pesiyathe avec Surya Sivakumar, Trisha Krishnan, Nandha, Maha et Laïla
2011 - Yudham Sei de Myshkin avec Cheran, Deepa Shah, Y.G.Mahendran, Ameer Sultan(caméo) et Neetu Chandra(caméo)
2009 - Yogi de Subramaniam Shiva avec Ameer Sultan, Madhumita, Vincent Asokan, Swathi, Snehan et Ponvanan
2007 - Paruthi Veeran avec Karthi Sivakumar, Priyamani, Saravanan, Ponvanan et Ganja Karuppu
2005 - Raam avec Jeeva, Saranya Ponvanan, Gajala, Rahman, Murali et Ganja Karuppu