Bilan de la distribution de films indiens en France en 2014 2/3
Publié jeudi 12 décembre 2024
Dernière modification jeudi 12 décembre 2024
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C’était il y a dix ans. L’occasion d’un retour en arrière pour se remémorer cette année 2014…
Dans cette deuxième partie de notre bilan de la distribution des films indiens en France en 2014, nous allons nous intéresser à deux paramètres : les langues des films, déterminant en partie l’accessibilité de ceux-ci au public, et leur genre, révélant les tendances.
Merci à Gandhi Tata pour son aide précieuse dans la détermination du genre dominant de chaque film.
Les 53 films distribués en 2014 sont des films en tamoul, en hindi ou en punjabi. On retrouve les trois langues qui étaient déjà présentes en 2013.
Les films en hindi sont toujours présentés en vostfr. Les films tamouls présentent toujours les deux cas de figures : vosta et vostfr. Nouveauté : alors que les films punjabis en 2013 n’étaient qu’en vosta, cette année, l’un d’entre eux, Kaum de Heere, était en vostfr [1]. L’évolution majeure, c’est l’augmentation du nombre de films en punjabi qui a triplé : il y en avait six en 2014 contre deux en 2013 [2].
Ne prenons à présent que les films du « premier groupe », la proportion de films distribués en vosta est presque équivalente à celle de ceux distribués en vostfr, alors qu’en 2013, 56% des films étaient en vostfr. Si on revient sur le classement au box-office publié dans la première partie de cette étude, tout le haut du tableau contient des films en vostfr. Il faut attendre la 22e place avec Chaar Sahibzaade pour un film en vosta. À l’inverse, les films en vostfr se trouvant dans le bas du tableau sont plutôt rares. Il y a Coucou à la 39e place et Roar à la 43e place, qui n’ont pas marché aussi bien qu’on aurait pu l’espérer. Faire sous-titrer un film indien en français est un pari que prennent les distributeurs sur la rentabilité de celui-ci et sur le public visé, car il s’agit souvent d’un investissement supplémentaire. Vu la position des films en vostfr dans le box-office, les distributeurs ont plutôt visé juste. On peut cependant regretter que des films comme Chaar Sahibzaade, Punjab 1984 ou Poojai qui ont plutôt bien marché, n’aient pas bénéficié d’une vostfr, leur permettant d’essayer de s’ouvrir à un public plus large (dépassant le public communautaire auquel ils étaient destinés).
Il est donc établi que les films en vostfr marchent mieux que les films en vosta. Les films en vosta sont de petite sorties qui ont le plus souvent lieu sur une semaine, rarement plus. En moyenne, les films en vosta ont 8 séances (contre 77 pour les films en vostfr). Seuls Madras et Chaar Sahibzaade ont fait plus de 20 séances.
Nous avons comparé les entrées par films de 2013 avec celles de 2014. Pour l’année 2014, les films distribués en vostfr s’approchent des 4000 entrées en moyenne. Soit presque 500 entrées de plus qu’en 2013. Les films en vosta sont en léger recul par rapport à l’an passé. Les films en vosta qui ont le mieux marché sont Char Sahibzaade et Punjab 1984, deux films punjabi qui ont respectivement fait plus de 1000 et de 800 entrées, sur un nombre de séances assez réduit. Poojai fait également un score honorable [3] mais ensuite, on passe sous la barre des 500 entrées.
Bilan : les petites sorties destinées au marché tamoulophone ont plutôt moins bien marché qu’en 2013.
En 2013, nous avions pu montrer qu’en moyenne, les films hindis faisaient presque deux fois plus d’entrées que les films tamouls. En 2014 cet écart s’est considérablement réduit, au point que les films tamouls font quelques entrées de plus : 2292 entrées par film en moyenne, contre 2241 pour les films hindis. C’est un statu quo.
D’une part, la moyenne des entrées pour les films hindis a beaucoup chuté. En 2013 deux films avaient dépassé les 10 000 entrées : Chennai Express et Dhoom 3, en 2014 il n’y en a eu qu’un seul. D’autre part, la moyenne des entrées pour les films tamouls a augmenté grâce à trois films à plus de 10 000 entrées. En raison d’un nombre peu important de films punjabis (cinq), deux films qui n’ont pas réussi à attirer le public (mais n’étaient que des sorties ponctuelles sur peu de séances) et se retrouvent à la toute fin du box-office, tirent la moyenne vers le bas. Cela explique une légère baisse de la moyenne des entrées pour les films punjabis qui autrement se portent bien.
Avec les pièges et les limites que cela représente d’attribuer un genre dominant à des films indiens, que l’on peut souvent classer dans la catégorie « masala » (un mélange de plusieurs genres), nous nous sommes essayé à l’exercice. Les neufs genres retenus cette année sont légèrement différents de ceux de 2013. Par exemple, il n’y a pas eu de films de science-fiction en 2014. Par contre, sont apparus les films sur le sport (Mary Kom) et les films d’animation (Chaar Sahibzaade et Kochadaiiyaan). Ces deux derniers ont plutôt bien marché et on retiendra que Kochadaiiyaan a également été projeté en 3D. C’est un privilège jusqu’ici réservé à Rajinikanth, après Sivaji 3D en 2013.
Chaque langue propose des films de genres assez variés (cinq genres pour les six films punjabis, sept pour les films hindis et pour les films tamouls). En 2013, la comédie était le genre le plus représenté toutes industries confondues. En 2014, il n’y a que dans le cinéma tamoul qu’il est en première place. Dans le cinéma hindi, il est largement dépassé par les films d’action. Sur l’ensemble des 53 films indiens projetés en France en 2014, ce sont donc les films d’action qui sont les plus représentés, devant les comédies. Derrière arrivent les drames, les romances et les thrillers.
Reste à savoir quels sont les genres qui ont attiré le public dans les salles (en ne gardant cette fois que les films du « premier groupe »). Premiers en nombre de films distribués, les films d’action cumulent également le plus d’entrées : presque 60% du total de celles-ci. Les comédies arrivent derrière avec environ 20% des entrées. Les six autres genres doivent se partager les 20% des entrées restantes. Maintenant, si on regarde la moyenne des entrées par film dans chacune des catégories, les films d’action perdent de leur importance. En effet leur grand nombre d’entrées se répartit sur un nombre tout aussi élevé de films. De leur côté, les deux films d’animation ont très bien marché, tout comme le film sportif qui a attiré les curieux. On peut en conclure que si les comédies et les films d’action sont des valeurs sûres pour attirer le public, celui-ci est curieux et prêt à tester la nouveauté : films d’animation, de science fiction [4], de sport…
Les films punjabis
En 2013, avec seulement deux films, nous n’avions pas pu tirer de conclusion sur les genres qui marchaient bien pour les films punjabis. Nous avions juste remarqué que Sadda Haq, film historique, avait eu plus de succès que Bhaiji in Problem, une comédie. 2014 semble confirmer le succès du genre historique auprès du public. D’autant plus que le film d’animation, qui est l’autre genre ayant bien marché, Chaar Sahibzaade, a pour thème un sujet historique : les fils de Guru Gobindh Singh. Au contraire, le film d’action et la comédie ont été boudés par le public et se retrouvent dans le bas du tableau du box-office. On notera qu’en 2014, tous les films punjabis ont été distribués par Aanna Films [5].
Les films tamouls
Les films d’action sont largement au-dessus de la moyenne avec 5500 entrées en moyenne pour neuf films, alors que la moyenne des films tamouls est à 2300 entrées par film. Quatre d’entre eux ont extrêmement bien marché, comme Kaththi et Jilla, et fait plus de 9000 entrées chacun, les autres sont sous la barre des 1000 entrées. Seul film d’animation tamoul, Kochadaiiyaan a pu compter sur les fans de Rajinikanth et a fait trois fois plus d’entrées que la moyenne. Comme en 2013, les comédies, distribuées en nombre, attirent moins le public avec en moyenne 1100 entrées. Et alors qu’en 2013 la romance se portait bien grâce à Raja Rani, elle est à la peine en 2014 avec 200 entrées en moyenne par film. Mais à part Coucou, il ne s’agissait que de films en vosta en sortie ponctuelle comme Brahman qui n’avait qu’une séance unique.
Les films hindis
Avec un nombre de onze films seulement, les moyennes sont moins représentatives que celles des films tamouls et il y a moins de choses significatives que nous pouvons en retirer. Ainsi, si la comédie hindie a l’air en si grande forme, c’est parce qu’elle est uniquement représentée par Happy New Year qui a été le succès dont nous avons déjà parlé. Les films d’action continuent à bien se porter avec les films de Salman Khan en tête.
[1] Le secret de Kanwar également, mais c’est normal pour un film du « deuxième groupe ».
[2] Ici nous comptons les films des deux groupes.
[3] D’ailleurs, avec 89 entrées par séance, Poojai détient l’une des meilleures moyennes. Et l’on peut s’étonner qu’il n’ait pas bénéficié de quelques séances supplémentaires.
[4] En 2013, les deux films de science fiction avaient obtenu une bonne moyenne
[5] Nous ne prenons pas en compte Le secret de Kanwar qui est certes en punjabi mais qui appartient au « deuxième » groupe de notre étude.
– Cette étude distingue deux ensembles parmi les films indiens distribués en France en 2014. Les films du « premier groupe », distribués par les distributeurs spécialisés dans le cinéma indien. Par ordre alphabétique : Aanna Films, Ayngaran International, BR Films France et Night ED Films. Et les films du « deuxième groupe », distribués par des distributeurs non spécialisés.
– La présente étude ne prend pas en compte les films n’ayant été projetés que dans le cadre de festivals comme Extravagant India, ou le FFAST. Sauf si ces films ont ensuite été distribués en salles.
– Pour les films dont l’exploitation a commencé en 2014 et s’est poursuivie en 2015, nous avons utilisé les chiffres sur toute la période d’exploitation (2014 et 2015).
– Il y a des données qui n’ont pas été prises en compte dans cette étude : la taille des salles, leur taux de remplissage, l’age du public.
– Les chiffres que nous avons utilisés pour réaliser cette étude sont ceux qui nous ont été communiqués par les distributeurs. A l’exception des films du « deuxième groupe » dont les chiffres nous ont été fournis par Señorita que nous remercions ici.
– Si nous avons pu comparer le classement français des films hindis au classement indien, cela ne nous est pas possible pour les films tamouls car nous n’avons pas de chiffres fiables du box-office tamoul.
– Sur les termes utilisés : vostfr : version originale sous-titrée en français. vosta : version originale sous-titrée en anglais.