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Bilan de la distribution de films indiens en France en 2014 3/3

Publié vendredi 27 novembre 2015
Dernière modification jeudi 26 novembre 2015
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Par Marine

Dossier Bilan de la distribution de films indiens en France en 2014
◀ Bilan de la distribution de films indiens en France en 2014 2/3

L’une des limites identifiée, l’année dernière, lors de notre étude sur la distribution des films indiens en France en 2013, était l’absence de données sur la représentation de ce cinéma sur l’ensemble du territoire. En particulier la différence (qui semblait importante) entre la région parisienne et la province.
Pour l’étude sur la situation en 2014 nous avons pu approfondir un peu le sujet. C’est l’objet de la troisième et dernière partie de cette étude : où et quand ?, avant de pouvoir conclure.

Distribution des films indiens sur le territoire français

Ce qui revient souvent lorsque l’on parle de la distribution des films indiens en France, c’est la frustration des habitants de la province quant à l’accès limité qu’ils ont à ce cinéma. Dans cette partie, nous n’allons étudier que les films du « premier groupe ».
Le schéma actuel est globalement le suivant : les films sortent avant tout en région parisienne. Les deux salles principales sont le Gaumont Stade de France à Saint-Denis et le Mega CGR d’Epinay-sur-Seine, toutes deux situées dans le département de Seine Saint-Denis (93). 88% des films du « premier groupe » y ont été projetés. Sur Paris-même, c’est vers le Publicis, sur les Champs-Elysées, qu’il faut aller.

Sur les 49 films du premier groupe, 22 films ont été distribués dans au moins une ville de province [1]. Soit près de 45% des films, moins de la moitié. Mais 88% des films en vostfr.
Contrairement aux trois grands cinémas cités plus haut pour la région parisienne, en province, les films ne sont proposés en programmation pleine sur une semaine ou plus que s’ils marchent bien. Un film aura le droit à une séance dans une grande ville (ou dans une salle de sa proche banlieue), voir plusieurs que s’il s’y trouve un public potentiel important, comme à Mulhouse, qui a eu trois séances pour Jai Ho, deux pour Kaththi, deux pour Anjaan, etc. À moins que la séance unique programmée n’ait affiché complet et qu’une nouvelle séance soit proposée (ce fut le cas pour Happy New Year à Lyon), si les spectateurs manquent la séance de leur ville, ils n’auront pas d’autre chance pour voir le film en salle. Bien entendu, les films projetés en province sont tous en vostfr, pour des raisons d’accessibilité, mais aussi parce que nous avons déjà souligné que les films sous-titrés étaient ceux qui avaient le plus de potentiel au box-office. Et ce sont ces derniers que les distributeurs prennent le risque de proposer en province.

On remarquera qu’aucun film punjabis n’a été projeté dans une salle de province. Ceux-ci n’ont jamais dépassé la petite couronne, se cantonnant au Publicis et plus fréquemment au Gaumont Saint-Denis. 82% des films hindis ont bénéficié d’au moins une séance dans une ville de province (9 films sur 11) alors que 100% des films tamouls en vostfr ont eu ce privilège.

Afin de voir les zones bien approvisionnées et les zones délaissées, nous avons compté le nombre de films différents projetés dans chaque département. Nous sommes partis du principe que le département constituait une zone géographique raisonnable pour un déplacement. Par ailleurs, il aurait été difficile de gérer les données pour un découpage géographique plus fin et nous aurions obtenu une carte plus complexe à étudier.

Évidemment, la région parisienne est bien représentée, mais dans le détail c’est assez inégal. Les départements des Yvelines (78) et du Val d’Oise ont eu cinq films ou moins, et ceux des Hauts-de-Seine (92) et du Val-de-Marne (94) en ont eu deux ou moins.

Quelques départements ont le privilège d’avoir un nombre « élevé » de films projetés (plus de 10). Ce sont ceux des grandes villes comme Rennes (12 films), Bordeaux (12 films), Toulouse (19 films), Lyon (18 films) et Mulhouse (14 films). On peut s’étonner de ne pas voir figurer dans ce groupe, des grandes villes comme Marseille ou Nantes . Mais il y a des villes « moyennes » dans lesquelles ont peut également voir de manière régulière des films indiens (entre 5 et 10 films) : Orléans, Lille, Pau, Nice, Tours, Metz… Il reste bien sûr d’immenses zones non couvertes, représentées en blanc sur la carte et qui peuvent déprimer les provinciaux qui ne font pas partie des 33 départements de province à être concernés par les sorties de films indiens. Mais on note que dernièrement, pour les blockbusters, des records en nombres de villes desservies sont à chaque fois annoncés par les distributeurs : Happy New Year, puis Lingaa… qui ont chacun été distribués dans plus de 40 villes.

Sur les 49 films du « premier groupe », 22 films ont été projetés en province. Seuls quatre d’entre eux ont atteint les 1000 entrées en province. Dans l’ordre croissant : Kochadaiiyaan, Kaththi, Lingaa et Happy New Year [2]. Ce sont aussi les films ayant eu le plus de séances en province. Le record est détenu par Lingaa avec 49 séances, suivi par Happy New Year avec 46 séances. Mais la moitié des films a eu moins de 9 séances en province. Sur l’ensemble des 19 films pour lesquels les données ont pu être récupérées, la province représente 18% des séances pour 14% des entrées.
Malgré cette faible représentation, il y a des films pour lesquels cela représente une proportion non négligeable des entrées. Pour cinq films, cela représente plus de 30% du total des entrées. Ainsi, 34% des entrées d’Humpty Sharma Ki Dulhania ont été réalisées en province (pour seulement 24% des séances).

Périodes de distribution

Sur toute l’année, les sorties ont été plus équitablement réparties en 2014 qu’en 2013. En nombre de films sortis, le petit pic du printemps est arrivé un peu plus tôt (en avril et non en mai) et le pic de fin d’année s’est concentré en novembre. Pour ce qui est des entrées, les films de Pongal (Veeram et Jilla en tête) ont fait très forts en début d’année. Les films de l’été ont également bien marchés, mais sans blockbuster pour faire grimper les chiffres comme en 2013. Ceux-ci sont arrivés à l’automne avec Diwali/Deepawali : Kaththi et Happy New Year.

Et Fantastikindia ?

Sur l’ensemble des 53 films indiens distribués en France en 2014, Fantastikindia en a chroniqué 16. C’est un peu moins qu’en 2013. Nos rédacteurs n’ont pas toujours suivi le public et réciproquement, ce dernier ne les a pas toujours suivis non plus. Kaththi qui a attiré en masse les spectateurs dans les salles n’a que moyennement convaincu notre rédacteur qui avec un 4.5 l’a classé dans les simples bons divertissements. On pense aussi à Coucou qui avait plutôt séduit notre rédacteur avec un 7, ou à Avant l’Aube qui a reçu un 8, mais qui n’ont pas eu l’accueil espéré.

Conclusion

Quels sont les points que l’on peut retenir de cette étude pour 2014 ? Il est déjà possible d’établir quelques points de comparaison avec l’étude de 2013. Tout d’abord, en 2014 le nombre de films distribués est stable par rapport à l’année précédente, avec en moyenne un film par semaine. Parmi eux, le nombre de films punjabis a fortement augmenté. Davantage de distributeurs "traditionnels" se sont intéressés au cinéma indien mais les distributeurs spécialisés sont les plus présents et n’ont pas relâché leurs efforts.

Les films du « deuxième groupe » n’ont pas eu le même succès que The Lunchbox en 2013 et certains se sont fait devancer par des films dont les droits avaient été acquis par des distributeurs dédiés au cinéma indien. Globalement, pour les films du « premier groupe », les résultats au box-office en terme d’entrées sont plus hétérogènes qu’en 2013. Les meilleurs films de 2014 ont battu les records établis par le haut du tableau de 2013, et les mauvais résultats sont plus mauvais en 2014 qu’ils ne l’étaient en 2013.

Les grandes stars (hindies et tamoules) : Shah Rukh Khan, Vijay, etc. règnent toujours sur le box-office. A côté des masalas classiques, le public se montre curieux et assez emballé par les genres un peu plus originaux. C’était le cas en 2013 pour la science-fiction, en 2014 c’est le sport et les films d’animation.

Les films en hindis ont eu une baisse de fréquentation mais les films tamouls se portent bien. Toujours distribués en nombre, en 2014, ils ont fait légèrement plus d’entrées par film, que les films hindis.

Pour la distribution en province il faudra attendre la prochaine étude pour les comparaisons. Cependant nous pouvons déjà dire que certaines grandes villes sont de véritables pôles de la distribution en province quand d’autres sont étonnamment assez peu présentes. En tout cas, les dernières grosses sorties ont établis des records en nombre de séances programmées en province.


[1Liste des films ayant eu au moins une séance programmée en province, par ordre alphabétique : Anjaan, Avant l’Aube, Coucou, Gulaab Gang, Gunday, Happy New Year, Holiday, Humpty Sharma Ki Dulhania, Jai Ho, Jilla, Kaaviya Thalaivan, Kaththi, Kochadaiiyaan, Lingaa, Maan Karate, Mary Kom, Naan Sigappu Manithan, Roar, Thenaliraman, Veeram, Vellai Ila Pathadari (VIP).

[2Jilla se situe juste en dessous la barre des 1000 entrées.


Détails techniques

 Cette étude distingue deux ensembles parmi les films indiens distribués en France en 2014. Les films du « premier groupe », distribués par les distributeurs spécialisés dans le cinéma indien. Par ordre alphabétique : Aanna Films, Ayngaran International, BR Films France et Night ED Films. Et les films du « deuxième groupe », distribués par des distributeurs non spécialisés.

 La présente étude ne prend pas en compte les films n’ayant été projetés que dans le cadre de festivals comme Extravagant India, ou le FFAST. Sauf si ces films ont ensuite été distribués en salles.

 Pour les films dont l’exploitation a commencé en 2014 et s’est poursuivie en 2015, nous avons utilisé les chiffres sur toute la période d’exploitation (2014 et 2015).

 Il y a des données qui n’ont pas été prises en compte dans cette étude : la taille des salles, leur taux de remplissage, l’age du public.

 Les chiffres que nous avons utilisés pour réaliser cette étude sont ceux qui nous ont été communiqués par les distributeurs. A l’exception des films du « deuxième groupe » dont les chiffres nous ont été fournis par Señorita que nous remercions ici.

 Si nous avons pu comparer le classement français des films hindis au classement indien, cela ne nous est pas possible pour les films tamouls car nous n’avons pas de chiffres fiables du box-office tamoul.

 Sur les termes utilisés : vostfr : version originale sous-titrée en français. vosta : version originale sous-titrée en anglais.

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