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Chennai Express


Bande originale

1 2 3 4 Get on the Dance Floor
Titli
Tera Rastaa Chhodoon Na
Kashmir Main Tu Kanyakumari
Ready Steady Po
Chennai Express
Titli (Dubstep Version)
Chennai Express (Mashup)
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La critique de Fantastikindia

Par Alineji, Gandhi Tata
Publié le 15 août 2013

Note :
(8/10)

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Alineji :

La note d’Alineji : 9

Nous vous l’avions annoncé, le très attendu Chennai Express de Rohit Shetty est enfin sorti le 8 août sur les écrans français, grâce à notre partenaire Aanna Films. Qu’en dire maintenant qu’il est là ? D’abord et surtout qu’il tient ses promesses et au delà. Devant son succès, de nouvelles salles proposent, cette semaine, des séances quotidiennes. Voir la programmation ici. Et pour les retardataires, il reviendra à la rentrée.

Quand le Nord de l’Inde rencontre le Sud, que se passe-t-il ? Le film aurait aussi bien pu s’intituler Quand Bolly rencontre Kolly.


La trame est simple : Rahul (Shah Rukh Khan), célibataire de 40 ans, commerçant en confiseries à Bombay, avait planifié d’aller faire la fête à Goa avec ses deux meilleurs amis. La mort de son grand-père vient contrarier tous ces beaux projets. Il se voit contraint de se rendre à Rameshwaran, au Tamil Nadu, pour y immerger les cendres de son dadajee, mais il n’a pas l’intention de sacrifier cette sortie. Qu’à cela ne tienne, pour ne pas peiner sa grand-mère, il décide de prendre un train quelconque vers le sud et de descendre à la première gare où ses copains l’attendront… On s’en doute, rien ne se passera comme prévu.

Alors que l’express s’ébranle, Rahul passe la tête par la portière et aperçoit une jeune fille qui court le long du quai pour monter dans le train. Cela ne vous rappelle rien ? En fait, Meenamaa (Deepika Padukone), à qui il tend la main, est en fuite et va essayer d’utiliser Rahul pour contrer les projets de mariage avec le mastodonte Tangaballi (Nikitin Dheer) concoctés par son père, Durgeshwara Azhagusundaram (Sathyaraj), puissant parrain d’un village perdu du sud de l’Inde…

Le réalisateur Rohit Shetty propose à la fois un road-movie beau et déjanté, une comédie d’action et une comédie sentimentale. Et il faut insister, le résultat est à la hauteur. Ce qui s’annonçait dans les extraits déjà diffusés et les clips en ligne est plus que confirmé pendant les deux heures vingt que dure le film.

Pour commencer, l’image du sud : contrairement aux craintes que certains avaient pu nourrir sur la représentation qui allait être donnée des Tamouls — affreux, sales et méchants, pour prendre un autre titre de film — Shetty se sert des clichés et les détourne avec finesse et surtout avec une réelle affection. Au final, il livre un vrai message de fraternité nord-sud, cf. la chanson, Kashmir Mein, Tu Kanyakumari, c’est-à-dire « je suis le Kashmir, tu es Kanyakumari ». L’usage en alternance de l’hindi et du tamoul en fonction des locuteurs, avec comme seule interprète « Miss Subtitle », à savoir Meena, renforce à la fois le comique des situations et place sur un pied d’égalité tous les protagonistes. Quelques confusions découlant de l’incompréhension des paroles de l’autre sont d’ailleurs hilarantes. Au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue, le spectateur, dans la même situation que Rahul, finit comme lui par saisir quelques expressions récurrentes. Et, quand la parole ne suffit pas, l’action prend le relais.

Un ressort comique basé sur la parodie et la citation : les allusions constantes aux films d’action tamouls, notamment ceux de la star Rajinikanth, étaient attendues. Il est remercié au générique et un hommage lui est rendu dans le clip final de Shah Rukh Kahn et Deepika Padukone. Un autre, appuyé, est rendu à Dilwale Dulhania Le Jayenge, vous l’aurez deviné à la seule description du départ de la gare de Bombay. Ce n’est pas le seul, le premier moyen de communication des deux héros pour ne pas éveiller les soupçons des méchants, passe par le détournement des paroles, et donc du sens, des chansons de ce film. C’est là aussi épatant. Les clins d’œil multipliés à la carrière de Shah Rukh, des films mentionnés jusqu’à Ra-one, en passant par My name is Kahn, réjouiront tous ses fans et même les autres. Presque rien ne manque. Et lui-même s’imagine parfois être dans un film où il n’a pas joué, l’Odyssée de Pi notamment. Et les références cinématographiques et cinéphiles de Rohit Shetty et de son scénariste Yunus Sajawal ne s’arrêtent pas aux films cités. Comment ne pas voir par exemple dans la locomotive fonçant en hurlant sur le spectateur de la première partie, un coup de chapeau à l’un des premiers films de l’histoire du 7e art, en cette année de centenaire du cinéma indien ?

Des acteurs survoltés qui montrent un réel plaisir à jouer : le duo comique Shah Rukh – Deepika, devenant plus tendre dans la deuxième partie, fonctionne à merveille. Les deux comédiens s’étaient déjà rencontrés sur le tournage de Om Shanti Om. Deepika, en tout début de carrière, y jouait un double rôle, sobre et plus retenu qu’ici, et n’avait pas l’aisance qu’elle a acquise aujourd’hui. Dans Chennai Express, elle interprète un personnage de jeune femme forte, déterminée, qui ne recule devant rien pour imposer ses choix de vie à un père et à un clan, pour le moins despotiques. Mais surtout, elle est à la mesure du Khan pour les grimaces et bouffonneries de toute sorte. Et, elle sait aussi bien faire passer l’émotion au moment opportun.

Shah Rukh retrouve avec bonheur l’énergie débordante qu’on lui a connue dans les films loufoques de Farah Khan ou dans les comédies encore plus anciennes, telles que Baadshah ou Duplicate. Au sommet de sa forme, avec une maturité accrue, il enchaîne les gags, alternant de façon hilarante dans son interprétation de Rahul, le comportement d’un bonhomme timoré avec celui d’un matamore inconscient, avant qu’il n’assume sa vraie personnalité. La voix de fausset qu’il prend à plusieurs reprises dans le train, quand il est effrayé, est proprement irrésistible, autant que l’accent de Deepika lorsqu’elle s’exprime en hindi. C’est sans aucun doute, son meilleur rôle depuis longtemps. Après cela, la barre est placée très haut pour le futur Happy New Year de Farah Kahn.

Une image splendide et des décors somptueux : l’image est belle et la photographie travaillée jusque dans les scènes d’action. Le seul petit bémol que l’on peut apporter touche à l’usage immodéré du cinéaste pour quelques effets faciles de tremblés ou pour certains effets spéciaux répétitifs, mais on peut aussi les interpréter comme des clins d’œil au cinéma de Kollywood. Les couleurs chatoyantes des villages et des costumes du sud sont un ravissement pour les yeux. Et que dire des décors naturels traversés par le grand train reliant Bombay à Chennai et par les deux héros lorsqu’ils descendent jusqu’à Rameshwaran, de l’immense et quasi centenaire pont de Pamban qui relie la ville sainte au continent, des paysages montagneux et forestiers du Tamil Nadu, etc. filmés en larges panoramiques aériens.

La bande son et la danse enfin : la musique de Vishal-Shekhar est en harmonie parfaite avec l’ambiance du film, à savoir… décoiffante ; Les chorégraphies, trop rares, mais d’une excellente qualité avec une mention spéciale pour les costumes magnifiques, — sans parler de Shah Rukh en jupette (en fait un veshti court) ! — en particulier dans Kashmir Mein, Tu Kanyakumari et Titli. Pour les écouter et les regarder , c’estici. La grande scène de baston, enfin, indispensable, sans laquelle le film n’aurait pas de sens et ne serait pas ce qu’il est, peut être prise comme une chorégraphie parfaitement interprétée par Rahul, Pangaballi… et quelques autres.

Pour conclure : Rohit Shetty nous offre un vrai grand film de divertissement dans son genre, un vrai régal à déguster entre amis ou en famille. Et si vous avez raté tous les trains du mois d’août, soyez sur le quai de départ du Chennai Express le 11 septembre ! On ressort heureux et comblé de ce voyage.


Gandhi Tata :

La note de Gandhi Tata : 7

En franchissant l’entrée du Gaumont Parnasse, le jeudi 8 août en soirée, pour l’avant-première de Chennai Express, je ne m’attendais à rien de spécial, étant donné que les précédents films du Shah m’avaient soit ennuyé soit épuisé, au sens propre du terme. C’est simple, la dernière fois que je m’étais éclaté devant un Shah Rukh Khan, remonte à Om Shanthi Om (OSO). Hasard ou coïncidence, le long-métrage de Rohit Shetty, réunit à nouveau le couple d’OSO et on est une fois de plus, devant une véritable comédie parodique, plutôt bien pourvue. Le cinéma des années 70, laisse place aux masalas tamouls et telugus, du Sud de l’Inde, pour deux heures vingt de couleurs, fous rires et cascades en tous genres !


Dès les premières minutes, le ton est donné, lorsque Rohit Shetty expose la raison, qui conduit Rahul (Shah Rukh Khan) à entreprendre ce périple au Tamil Nadu. La dérision est le principal ingrédient de Chennai Express, et le réalisateur s’évertue à le répéter (voire marteler) durant les séquences initiales, un peu lourdes. Cependant, production indienne oblige, on nous rappelle également qu’on (ne) peut (ou pas) rire de tout, ou presque, avec une forme de retenue et de moralité qui évite de tomber dans le cynisme. Si cette approche peut dérouter quelques esprits, peu ou pas familiers des productions hindis, les amateurs n’éprouvent aucun malaise et, personnellement, j’y vois même une démarche habile, qui préserve Chennai Express de la crétinerie gratuite, propre aux pastiches du genre.

La grande qualité du film est d’assumer pleinement son statut de parodie et de consciencieusement suivre cette voie, sans aucune autre prétention. A l’image de la série des Hot Shots !, rendant hommage aux blockbusters américains, Chennai Express multiplie les clins d’œil aux longs métrages Kollywoodiens (tamouls). Ce qui est amusant, c’est qu’en plus de lister les clichés sur les tamouls (noir, machos, moustachus, gros, ayant des prénoms interminables, etc..), Rohit Shetty dresse un portrait, à la fois hommage et satire, du personnage type de Shah Rukh Khan, romantique, égoïste, farceur, odieux, vertueux, surexcité, aux mimiques répétitives et outrancièrement immature. D’ailleurs, son personnage se nomme Rahul, comme ce fut le cas à six reprises au cours de sa carrière (Darr, Zamaana Deewana, Yess Boss, Dil To Pagal Hai, Kuch Kuch Hota Hai et Kabhi Kushi Kabhie Gham). On regrettera seulement l’absence de scènes faisant référence à son côté fontaine de larmes.

On savait que le réalisateur était un fervent adepte du moindre effort, question écriture, et il le confirme, ici, avec un scénario dont la complexité est proche du zéro et qui encourage vivement la déconnexion de votre cerveau. Chennai Express, c’est comme une compilation d’aventures de Tom & Jerry, avec une succession de gags, parfois sans queue ni tête, comme la rencontre de Rahul avec un nain, en plein milieu de la forêt. Pour info, cet acteur mineur de petite taille ne doit sa célébrité qu’à ses courtes apparitions comiques dans des films tamouls des années 90 et à la notoriété tardive de ces sketchs, via You Tube et Facebook. Sincèrement, on ne comprend pas très bien, ni sa présence, ni celle de cette scène qui, avouons-le, n’est pas très drôle. Mais heureusement pour Chennai Express, il y a sûrement un ou deux ratés de ce genre et, pour reste, le flair comique de Rohit Shetty a fait des merveilles.


Le réalisateur est parfaitement rompu à l’exercice de la comédie, et cela se sent dans l’enchainement des scènes, toutes aussi hilarantes les unes que les autres. Le secret de la formule gagnante repose à la fois sur l’improvisation, l’inventivité, et l’alchimie entre les acteurs. Si on peut reprocher à Rohit Shetty de ne pas avoir correctement utilisé certains seconds rôles, comme Sathyaraj ou Nikitin Dheer, rien à dire, en revanche, sur l’exploitation des fibres comiques du duo Khan-Padukone. Sur ce plan là, le bougre s’est fait plaisir à les mettre dans des situations rocambolesques. La gaieté et la bonne humeur, ainsi que le plaisir que les acteurs ont pris, en faisant ce film, transparaissent assez évidemment à l’écran. Je peux vous citer de nombreuses séquences pour illustrer mes dires, mais d’une part, je n’ai pas envie de vous spolier l’effet de surprise et, d’autre part, le film dans son entièreté est poilant, il me serait impossible d’en détailler un passage sans être tenté d’en évoquer la suite. Cependant, pour parler de la créativité de Rohit Shetty, en matière de sketchs, l’exemple du mode de communication musical, entre Rahul et Meenamaa, pour brouiller des méchants qui ne captent pas un mot de hindi, est sacrément bien pensé, puisqu’il permet de joyeusement détourner les plus grands succès musicaux bollywoodiens, avec les voix des acteurs SVP ! Et enfin, ces scènes sont jouissives et on se fend la poire devant un Shah Rukh et une Deepika qui se lâchent totalement ! Un grand merci donc au réalisateur, qui nous offre de nombreux moments comme celui-ci, où ça part dans tous les sens, pour notre plus grand plaisir.


Au rayon interprétation, la palme revient tout naturellement à l’énorme Shah Rukh Khan qui s’est improvisé en véritable homme-orchestre dans Chennai Express. Il fait rire, danse le dappa, chante de sa propre voix et exécute une bonne partie de ses cascades. C’est incontestablement, l’un des rôles les plus physiques de sa carrière et, je vous assure qu’on prend son pied en le voyant évoluer. A presque 48 ans, l’acteur n’est pas du tout rouillé, porte presque entièrement ce long-métrage sur ses épaules et fait preuve d’un humour décapant, ainsi que d’une autodérision, peu commune dans l’industrie du cinéma hindi. En endossant ce rôle de quarantenaire, il semble enfin assumer son âge et prêt à jouer des personnages plus matures. De son côté, Deepika Padukone continue à nous surprendre agréablement, de films en films. Son jeu a tellement évolué depuis OSO, qu’elle nous ferait presque oublier son passé de top-modèle. Dans ce film, elle livre une performance mémorable, où elle étale toute l’étendue de son talent. Ses expressions, ses mimiques, ses yeux, son accent et les efforts qu’elle a consentis, pour améliorer sa prononciation du tamoul, en disent long sur son dévouement artistique. Sa complicité avec Shah Rukh a grandement contribué aux moments comiques, et il faut avouer une chose : elle est quand même sacrément canon en saree.


Au département technique, en revanche, ils loupent de très près le carton plein. La bande son de Vishal–Shekhar est très réussie, avec notamment quelques très belles chansons comme « Titli », un très bel hommage aux ballades romantiques des années 90, et « Kashmir Main Tu Kanyakumari » qui nous rappelle le cultissime « Yeh Dosti » de Sholay pour l’esprit, et véhicule un sympathique message d’unité et de fraternité, entre le nord et le sud de l’Inde. Dudley, le directeur photo, a fait un travail remarquable sur les couleurs, pour un résultat final qui est une belle claque visuelle. Néanmoins, à certains endroits, on remarque une saturation excessive, propre aux films de Rohit Shetty, qui aurait pu être évitée, car elle dénature les images. Le montage de Steven H. Bernard est parfait en première partie, mais il perd complètement pied après l’entracte. Le film avance péniblement, sur un faux rythme et les très mauvais placements de deux chansons, qui se suivent quasiment, témoignent de la maladresse, à la fois du réalisateur et du monteur. Toutefois, les cartons rouges du film reviennent aux décors et aux effets spéciaux. Le chef décorateur semble avoir oublié que son métier ne consiste pas seulement à embellir les clips musicaux, mais aussi de nous faire oublier les prises de vue en studio, en apportant du réalisme. A l’heure où les films indiens essayent de refaire leur retard en matière de trucages visuels (Ra-One, Endhiran-The-robot), Chennai Express réussi l’impensable, en nous gratifiant d’ignobles incrustations d’images.


Rohit Shetty n’est certainement pas le cinéaste le plus méticuleux du cinéma indien, mais son credo c’est le divertissement et il livre ici sa meilleure copie. D’ailleurs, il s’amuse à détourner la réplique culte de Vidya Balan, dans The Dirty Picture, de manière à afficher sa prétention : « Filmein sirf teen cheezon ki wajah se chalti hain… Entertainment, Entertainment, Entertainment… Aur main entertainment hoon. ». Etant tamoulophone, j’ai pu remarquer les difficultés de quelques acteurs, à s’exprimer dans cette langue. Même si on peut louer leur bonne volonté, le manque de professionnalisme du réalisateur, à ce stade, est impardonnable. N’importe qui aurait pensé à un coach de tamoul, pour renforcer l’authenticité et la crédibilité de personnages, censés être des autochtones. Le film est également destiné au marché tamoul, et je n’ose pas imaginer la réaction des chauvins du Tamil Nadu, face à de tels affronts linguistiques.


Mis à part quelques maladresses ici et là, Chennai Express est un voyage que je vous recommande chaudement. Si vous êtes fan de cinéma indien, les nombreux clins d’œil, aux films et chansons cultes du répertoire bollywoodien, ne manqueront pas de vous réjouir. Par contre, si vous ne connaissez rien des productions de Bombay, Chennai Express pourrait être une bonne entrée en matière. Dans tous les cas, le film de Rohit Shetty vaut largement le détour pour son couple d’acteurs qui fonctionne à merveille, les tranches de franche rigolade et les magnifiques paysages du Sud de l’Inde. Enfin, en ces temps de tensions inter-étatiques en Inde, où l’identité régionale et le communautarisme prennent le pas sur le sentiment national, le message de tolérance de Chennai Express, prônant la réconciliation entre le nord et le sud du pays, est salutaire.




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