Dum Laga Ke Haisha
Traduction : Donne-lui toute ton énergie
Langue | Hindi |
Genre | Mélodrame / Romance |
Dir. Photo | Manu Anand |
Acteurs | Ayushmann Khurrana, Sanjay Mishra, Seema Pahwa, Bhumi Pednekar |
Dir. Musical | Anu Malik |
Parolier | Varun Grover |
Chanteurs | Kailash Kher, Papon, Kumar Sanu, Sadhana Sargam, Monali Thakur, Rahul Ram, Malini Awasthi, Sultana Nooran, Jyoti Nooran |
Producteurs | Aditya Chopra, Maneesh Sharma |
Durée | 111 mn |
La moitié de 2015 est passée et peu de films hindi m’ont donné envie de les regarder. Pourtant, Dum Laga Ke Haisha est de ceux-là. C’est l’histoire de deux jeunes gens qui font un mariage arrangé. Seulement Prem, dégoûté par le (sur)poids de Sandhya, n’a accepté que sous la contrainte de sa famille. Dès lors, il évite au maximum sa femme, jusque dans le lit conjugal.
Allez savoir pourquoi, mais la bande-annonce m’avait davantage préparée à voir une comédie dans la veine de l’Amour extra-large (l’humour gras en moins) qu’un mélodrame. Si le film n’est pas très long et dure moins de deux heures, il faut attendre les 20 dernières minutes pour entrevoir un peu d’espoir. On sait dès le départ que nous serons loin des paillettes qui entourent Simran et Raj dans DDLJ. L’histoire se déroule dans un petit quartier urbain, son marché aux ruelles grises et étroites, ses mariages à la chaîne… et vous ne pourrez pas garer votre A380 dans le hall d’entrée de la maison.
Alors dès le début, on s’étouffe devant la famille de Prem qui ne voit en Sandhya qu’un salaire d’enseignante. Quant à Prem, c’est un jeune homme écrasé par l’autorité de son père et ses échecs scolaires. Son échappatoire, c’est son club de la jeunesse et son travail dans un magasin de cassettes audio (j’ai oublié de préciser que cela se passait en 1995 avec l’arrivée de la révolution du compact disque).
L’arrivée de Sandhya, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et va enfin révéler au monde l’injustice dont Prem se sent victime, quitte à le couper de ses repères. Sandhya est plus instruite que lui, elle n’a pas honte de ce qu’elle est (merci au scénariste de ne pas lui avoir fait mettre ses problèmes sur le dos de son poids, mais comme il se doit, sur celui d’un mari à l’esprit étroit) et en plus elle est positive. Elle apporte de la générosité au film, face à l’hypocrisie, la fadeur et même la méchanceté de son entourage. Et ça fait beaucoup de choses à affronter pour un mari introverti.
Bhumi Pednekar, dont c’est le premier film, est vraiment jolie et j’espère qu’on la reverra bientôt. Si possible dans des rôles qui ne la cantonnent pas à être la « copine grosse » ou la « fille que personne ne veut épouser parce qu’elle est grosse ». Toujours est-il que dès la promotion du film, elle avait déjà perdu beaucoup de poids. Ayushman Khurana est surtout connu pour sa prestation dans le succès surprise Vicky Donor, pour lequel il avait été sacré meilleur acteur débutant aux Filmfares 2012. En tout cas, dans DLKH, il est parfait dans le rôle de l’idiot que la fille que je suis a envie de baffer.
Le film n’est pas ponctué de clips avec danseurs, costumes colorés, playback et chorégraphie millimétrée. Sauf pour le générique de fin Dard Karaara, comme un clin d’œil aux productions habituelles de Yash Raj. On appréciera également le générique de début, Tu, une jolie balade entêtante chantée par Kumar Sanu, l’idole du héros qui fait même un caméo dans le film. Nous avons également le droit à un duel de chansons de films entre les deux héros. Idéal pour un blind test musical des années 90.
Les super productions sont devenues des paris risqués. Gros investissements pour les acteurs connus, les chorégraphies et le tournage des clips dans des paysages exotiques, les scènes d’actions et les effets spéciaux… tout cela pour une rentabilité loin d’être garantie. Bang Bang et Krrish 3 (désolée Hrithik) en sont des exemples. Aditya Chopra l’a bien compris et depuis quelques années Yash Raj produit des films à plus petit budget et s’aventure sur des chemins atypiques. Il y a eu Mardaani et Ishaqzaade, qui ont apporté de bonnes surprises comme Dum Laga Kai Haisha qui a été un succès critique et qui a attiré le public dans les salles, rapportant aux producteurs plus du double de sa mise initiale et étant déclaré Hit.
Finalement, c’est petit à petit que les émotions surgissent chez les spectateurs, tout comme évoluent les héros. Et sans même y prendre garde, je me suis retrouvée à pleurer, alors qu’un régime intensif à base de Bollywood m’en avait vacciné. Un film qui monte doucement en puissance mais qui n’est pas le feel good movie que j’attendais et espérais. Cela reste malgré tout un film de bonne facture qui réjouira ceux en attente de diversité à Bollywood. Un conseil, une fois le film lancé, ne le coupez pas.