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Heropanti

Traduction : Jouer au héros

LangueHindi
GenresMélodrame / Romance, Masala
Dir. PhotoHari Vendanta
ActeursPrakash Raj, Tiger Shroff, Kriti Sanon, Samar Jai Singh, Sandeepa Dhar
Dir. MusicalSajid-Wajid, Manj Musik, Mustafa Zahid, Raftaar, Bilal Saeed
ParoliersKausar Munir, Raftaar, Mustafa Zahid, Bilal Saeed
ChanteursShreya Ghoshal, Mohit Chauhan, Arijit Singh, Mustafa Zahid, Nindy Kaur, Raftaar, Manj Musik
ProducteurSajid Nadiadwala
Durée144 mn

Bande originale

Whistle Baja
Rabba
Raat Bhar
Tabah
The Pappi Song
Tere Binaa
Tabah (Remix)

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 25 novembre 2014

Note :
(1/10)

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Chaudhary (Prakash Raj) est un don qui règne sans partage sur son village d’Haryana. Une grande fête se prépare au château pour le mariage de sa fille ainée Renu. Le marié qu’il avait choisi arrive sur son cheval blanc, mais Renu a disparu. Elle s’est enfuie avec son amoureux. Chaudhary, entre honte et fureur, lance ses frères à la chasse aux tourtereaux. Le félon est rapidement identifié, mais comment le localiser ? Ses amis doivent être au courant de sa cachette. Les frères enlèvent donc trois garçons censés bien le connaître. Ils ne résistent pas longtemps à la torture et lâchent le nom d’un quatrième ami, Bablu (Tiger Shroff) qui lui doit savoir où se trouvent les amants en fuite.

Bablu est une armée à lui tout seul. Le capturer n’est pas commode, mais un bon coup de batte de base-ball derrière la tête finit par lui régler son compte. Le voilà à son tour enfermé, prêt à passer à la question. Au point du jour, le petit groupe s’évade. Mais alors qu’il court dans les bois pour échapper aux hommes de Chaudhary, Bablu tombe en arrêt devant Dimpy (Kriti Sanon) qui fait ses prières. L’évasion échoue, ils sont ramenés dans la grange cadenassée à double tour. Bablu rêve à l’ange qui l’a ébloui en arrivant dans la clairière. Il ne sait pas encore que c’est la fille cadette de Chaudhary…

Sabbir Khan avait commencé derrière la caméra avec le très moyen Kambakkht Ishq en 2009. Il remet donc le couvert cette année avec Heropanti. C’est encore un remake, mais cette fois-ci il a assuré ses arrières. L’original en telugu, Parugu, avait été un tel succès qu’il a été refait en oriya sous le titre de Sanju Aau Sanjana, puis en bengali, cette fois nommé Shedin Dekha Hoyechilo. Nous voilà donc en présence de la quatrième incarnation de la même histoire. Les trois premiers avaient déplacé les foules, Sabbir Khan était donc fondé à espérer le meilleur pour sa version. Il a bien fait quelques aménagements mineurs, mais il a pris soin de respecter l’original plan pour plan. La précision de la reproduction atteint un niveau rarement égalé. Heropanti est un fac-similé de Parugu réalisé 6 ans après. Les « auteurs » ont même conservé le méchant initial, Prakash Raj, qui rejoue donc les mêmes scènes. Il a juste pris un peu de poids et s’est laissé pousser la moustache…

L’intrigue est finalement assez proche de celle de Dilwale Dulhania Le Jayenge : un jeune homme court après une jeune femme promise à un autre par un père psychorigide. Ce dernier y sauvait son honneur en adressant à sa fille ces mots que personne n’a oubliés : « Ja Simran, ja jeele apni zindagi, ja beta ja » (Va Simran, va vivre ta vie, va ma fille va). Il la libérait en signant sa propre défaite. Chaudhary, le père d’Heropanti, reste en revanche inflexible. Il livre en mariage ses filles à des ordures comme un maquignon amène son bétail à l’abattoir. Il a beau verser des larmes de crocodile, à aucun moment il ne touche le spectateur.

Les personnages négatifs sont une constante au cinéma. Seulement ici, les auteurs ont fait le choix de tenter de nous faire comprendre les ressorts de ce monstre, de nous placer de son côté et de nous faire admettre l’entorse à l’honneur que constitue le refus du mariage forcé. Le film en devient odieux lorsqu’un des frères se prépare à abattre une des filles sous le regard de son propre père et d’une foule indolente. « C’est ainsi que nous réglons ce problème par chez nous ». Ce n’est pas du second degré raté. Ce n’est pas de l’humour acide qui dérape. Non, Heropanti est simplement à la fois arriéré et raciste. Il est d’ailleurs particulièrement remarquable de noter que cette scène est absente de Parugu. C’est une des trois seules innovations de cette version (les deux autres sont des bagarres). À vomir !

Et que dire du traitement réservé aux femmes ? Elles sont très peu nombreuses à l’écran. On ne nous montre quasiment que Dimpy, l’objet de l’attirance pathologique du héros. C’est une gourde, aussi jolie que stupide. Non seulement les personnages masculins méprisent les femmes, mais il faut bien reconnaître que celle qui est mise en avant le mérite. Très souvent, trop certainement, on a vu des films à dominante masculine où les femmes sont ravalées au rang de ravissants objets. Ici, on va jusqu’à tancer vertement une femme qui a failli se faire violer par une bande de soudards : « Es-tu encore une enfant ? Tu ne sais pas que tu aurais dû rester avec nous ? ! ». Je n’ai pas souvenir d’une telle misogynie dans le cinéma de Bollywood…

Ce masala d’action met beaucoup de temps pour révéler sa vraie nature. Comme les films de ce genre, de Wanted à Rowdy Rathore en passant par Bbuddah… Hoga Terra Baap ou Singham, la première heure est consacrée à l’exposition du héros. De Bablu, on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il maîtrise l’art du coup de pied chassé comme rarement. Lorsqu’il ne casse pas la tête d’une fripouille d’un air détaché, il passe son temps à sourire niaisement en rêvassant à Dimpy. Il n’exprime jamais ce qu’il veut ni ce à quoi il croit. D’ailleurs il n’exprime jamais rien. Bablu est un ectoplasme aux poings d’acier.

Soyons justes, il lui reste le registre de la castagne. Ces gestes de gymnaste sont un peu surprenants, mais ne manquent pas d’élégance. La jeunesse et l’énergie du héros ravivent un peu un genre réservé en général aux quinquagénaires bodybuildés. Quel dommage que les cascadeurs qui lui font face soient nettement moins affûtés que ceux de Parugu. Ces combats sont peu nombreux comme dans Commando sorti en 2013, les auteurs ont peut-être eu peur de nous lasser. Malheureusement, le seul argument qui mérite qu’on envisage, éventuellement, de regarder le film est donc réduit à la portion congrue.

S’il ne dispose pas d’une réalisation en propre, Heropanti nous propose quand même une différence de taille avec les prédécesseurs qu’il copie : son acteur principal Tiger Shroff. Il est le fils de Jackie Shroff et d’Ayesha Dutt qui avaient lancé Katrina Kaif il y a des années, à l’occasion d’un film également médiocre. Ce garçon est en vérité très étrange. Il est très blanc, très musclé, pratique à l’évidence la gymnastique, et nous offre des expressions infantiles étonnantes malgré ses 24 ans. Il avoue benoîtement lors de la promotion du film n’avoir jamais connu l’amour, on veut bien le croire. Ce film est son vecteur de lancement dans le grand monde de Bollywood.

Papa et maman l’ont visiblement élevé pour passer à l’écran, un peu comme un paysan fait pousser des champignons de Paris, dans le noir d’une grotte. Un entraînement physique de haut niveau et quelques injections d’anabolisants plus tard, le voilà prêt à compter fleurette entre deux bourre-pifs esthétisants. Mais le compte n’y est pas. Il est d’une fadeur extrême. Bien sûr, on ne pouvait pas lui opposer une actrice expérimentée qui aurait pu lui faire de l’ombre. Ce sera donc une nouvelle venue, Kriti Sanon. Et pour être certain qu’elle ne vole pas la lumière au bébé à son papa, on lui a donné un rôle de cruche. Elle fait tout son possible pour coller au personnage.

Pourtant ils dansent. La pauvre Kriti n’est pas très à l’aise. Ce ne devrait pas être très grave, car les chorégraphies sont centrées sur le gosse glabre qui s’en donne à cœur joie. Las, s’il exécute les mouvements demandés à la perfection, son absence totale de personnalité casse jusqu’au rythme des chansons insipides.

Je vais vous dire un secret. Il y aura quelques semaines lorsque vous lirez ces lignes, nous nous sommes réunis dans un restaurant proche de la gare du Nord. Nous y avons évoqué les films à chroniquer dans les semaines à venir. Maya s’est proposée pour écrire un texte sur Bang Bang ! et Alineji a bien évidement revendiqué de s’occuper de Happy New Year. Comme un andouille, j’ai choisi Heropanti dont le DVD traînait paresseusement sur une étagère depuis quelque temps déjà. Plus de 5,5 millions de spectateurs indiens s’étaient précipités pour le voir en salle, ce ne pouvait pas être si mauvais.

Si ! C’est une honte qui choquerait même 30 ans en arrière, à la grande époque du père de la vedette principale dont la prestation est aussi dérangeante que celles des mini-miss américaines qui tortillent du popotin à 6 ans.

À voir tant de films, nous sommes habitués aux horreurs tout comme l’agriculteur n’est même plus incommodé par l’odeur de l’ensilage. Il faut croire qu’il faut des Heropanti pour nous rappeler qu’obscurantisme arriéré, racisme et phallocratie ne peuvent décidément plus constituer un spectacle en 2014. Certaines belles âmes pourraient argumenter que cette mentalité est encore très présente dans certaines régions de l’Inde. Et alors ?


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