Interview de Guneet Monga
Publié vendredi 5 septembre 2014
Dernière modification mercredi 8 octobre 2014
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Jeune femme énergique et enthousiaste présente dans les soirées cannoises en 2013 et 2014, Guneet Monga accompagne Anurag Kashyap dans ses aventures cinématographiques depuis quelques années. Son parcours peu commun dans l’univers de l’industrie indienne et à Bombay suscite l’intérêt. Très tôt, elle a pris les chemins de traverses au lieu de suivre les lignes bien tracées des auteurs à succès. Guneet Monga n’en est qu’au début de sa carrière et déjà , elle a soutenu des projets ambitieux tels que Gangs of Wasseypur, Once Upon a time in Mumbai, Peddlers et The Lunchbox. On ne peut s’empêcher d’être interpellé par sa passion communicative et son franc-parler. Sa personnalité à fort potentiel que n’a pas échappé aux réalisateurs de premier plans comme Ketan Mehta, ou Anurag Kashyap.
Parlez-nous de votre carrière car peu de femmes sont productrices actuellement dans le cinéma indien.
Guneet Monga : J’ai démarré comme stagiaire de production en 2004 dans un film co-produit par la France et l’Allemagne qui s’appelait Value of Lars, puis je suis devenue responsable de production et j’ai commencé à faire des recrutements.
Par la suite j’ai été executive producer, donc j’avais en charge des équipes et la responsabilité de toute la partie financière. A cette époque, j’étais basée à Delhi et j’ai déménagé à Bombay en 2007 où j’ai réuni l’argent nécessaire pour mon premier film, Say Salaam India qui parle d’une équipe de cricket. Je voulais faire une distribution autonome et j’ai pu couvrir toutes les dépenses, ainsi mes investisseurs ont été remboursés sans problèmes. Un poste de productrice m’a fait reprendre du service pour le film Rang Rasiya (colour of passion), du réalisateur Ketan Mehta. J’ai enchaîné avec un film appelé Dasvidaniya en 2008 et 2009. On a récupéré les sommes engagées.
Pour Once Upon a Time in Mumbai, je suis devenue executive producer de nouveau.
Comment avez vous connu Anurag Kashyap ?
Guneet Monga : En 2009, je travaillais pour une société appelée Balaji et depuis nous avons fait 17 films ensemble. J’étais très jeune (24 ans) quand il m’a proposé de m’associer avec lui.
Mais il faut dire que c’est un mentor. Il était convaincu que je pouvais supporter de telles responsabilités. En conséquence, j’ai travaillé sur tous ses projets : That Girl in Yellow Boots, Shaitan, Peddlers, Gangs of Wasseypur, Monsoon Shootout, Haraamkhore, The Lunchbox.
Nous avons deux sociétés séparées. La mienne se nomme Sikhia entertainment où Anurag est un commanditaire ; Phantom films a été créé pour les films Bollywood où Anurag est aussi associé.
Votre parcours reste atypique si je ne m’abuse car vous êtes impliquée dans un cinéma plutôt différent du cinéma habituel en Inde. Avez-vous fait des études de cinéma pour atteindre cette fonction ?
Guneet Monga : J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont donné des responsabilités. Elles ont eu foi en moi et Anurag en fait partie.
Les études en cinéma ? C’est un thème où je doute systématiquement de moi car je n’ai pas vu tant de films que cela. J’ai beaucoup lu sur l’industrie et j’ai beaucoup appris mais ma formation initiale concerne la communication de masse.
Nous choisissons en équipe les films que nous voulons produire. Notre groupe réunit des réalisateurs, des scénaristes, avec lesquels je me sens totalement en confiance.
A présent, vos films et ceux d’Anurag Kashyap sont présentés dans de nombreux festivals. Est-ce que vos choix de sujets prennent inspiration pendant ces événements ? des films d’action, des films sociaux ?
Guneet Monga : Ce ne sont pas des sujets sociaux ou politiques qui orientent mes choix. J’apprécie la réflexion sur la société et mes films vont plutôt dans ce sens. Passer deux heures dans une salle pour tenter de comprendre vers quoi la société se dirige me semble plus intéressant pour le public.
Comment peut-on décrire votre position face aux énormes studios de Bombay ?
Guneet Monga : Ces sociétés de production s’ouvrent progressivement. J’ai travaillé avec Viacom et Seven Films, Boutry productions aussi pour The Lunchbox. Les productions ensemble nous apportent beaucoup.
Et de futures co-productions avec la France serait envisageables à votre avis ?
Guneet Monga : C’était une excellente expérience et nous avons été parmi les premiers à le faire dans une co-production avec la France et l’Allemagne. Pour l’immense marché indien, c’est une possibilité qui reste encore à développer.
Interview recueillie par Brigitte Leloire Kérackian
Festival de Cannes 2014