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Kabhi Alvida Naa Kehna

Traduction : Ne dis jamais adieu

Bande originale

Kabhi Alvida Naa Kehna
Mitwa (Kabhie Alveda Na Kehna)
Rock ’N’ Roll Soniye
Where’s The Party Tonight ?
Mitwa Revisted
Farewell Trance
Tumhi Dekho Naa

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La critique de Fantastikindia

Par Maya, Lalita - le 16 octobre 2006

Note :
(6.5/10)

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Kabhi Alvida Naa Kehna, c’est l’histoire d’un Dev (Shah Rukh Khan) grincheux, joueur de football raté ; de sa femme Rhea (Preity Zinta) archétype de la carriériste peu présente pour leur enfant ; de Maya (Rani Mukherjee), mariée pour de mauvaises raisons ; de son époux Rishi (Abhishek Bachchan), organisateur de soirées, conjoint très aimant mais qui ne se voit pas récompensé en retour.
Dev et Maya se rencontrent. Ils se rapprochent et s’entraident pour sauver leurs mariages respectifs qu’ils savent chancelants. Mais cela ne dure qu’un temps. Car après l’échec de ces sauvetages (tellement comiques qu’on les dirait ratés à dessein), Dev et Maya trouvent en l’autre un miroir complaisant et en tombent amoureux. C’est le drame… Ciel, un adultère en plein Bollywood !

L’avis de Lalita - 6/10 :
Un casting de feu, un réalisateur renommé… KANK a tout pour enflammer le public et le Box Office. Et c’est ce qu’il a fait ! Pourtant, Karan Johar a prévenu : son film aborde un thème controversé, l’adultère. C’est une œuvre mature qui risque de ne pas plaire à tout le monde.
Malgré cela Kabhi Alvida Naa Kehna est avant tout un cru Karan Johar. Dans le troisième film du réalisateur de La Famille Indienne et Kuch Kuch Hotai Hai, le drame n’est comme d’habitude jamais loin de la comédie. Elle est incarnée ici par le personnage de Sam, le père de Rishi, un veuf bon vivant. Le genre "vieux beau" tombeur de jeunes blondes, joué par un Amitabh Bachchan très en forme. Lunettes fashion, vêtements ultra-fashion, caractère flamboyant… l’homme est attendrissant car au fur et à mesure que le film avance, il est le seul à comprendre la tragédie qui se joue.

J’apprécie le fait que Johar ait eu le cran de prendre des risques et d’en faire une oeuvre commerciale. Je regrette que celle-ci ne soit mature que selon les termes du réalisateur, tant les situations sont des clichés, le cadre pompeux et certains personnages mal écrits. Celui de Preity Zinta par exemple : femme censée être froide et peu attentionnée, elle a un travail (oui un vrai), qui passe "forcément" après sa famille (cliché peu subtil), ce qui est faux ! elle est la seule à vouloir que son couple fonctionne.
Pourquoi dans ce cas lui faire dire au début du film qu’on est mieux avec un travail et sans son époux ? Elle exprime tout le contraire ! Preity Zinta s’en sort tout de même très bien dans ce personnage de second plan. Elle joue avec force et conviction, surtout dans les scènes de dispute avec Dev.
Dev : constamment victime de cette vie injuste, de ce mariage malheureux, il subit la réussite de sa femme comme un échec personnel. Or Dev est un personnage détestable qui terrorise son fils et ne fait rien pour rendre sa propre vie et celle des autres supportables. Nous sommes donc censés ressentir de la tendresse et de la pitié pour ce bon vieux Dev.Shah Rukh Khan l’interprète comme d’habitude, avec les mêmes éternelles mimiques qui font qu’on l’aime ou qu’on le déteste. Mais voir le Shah méchant est un délice. On adore le cynisme avec lequel il délivre toutes ses phrases et on regrette de ne pas le voir plus souvent en "mode Darr ou Anjaam". Les séquences "émotion" sont toutefois moins bien jouées.

Mais que fait Rani Mukherjee dans tout ça ? Elle fait comme Maya est écrite, elle pleure constamment. De son jeu, on ne retient que cet œil (magnifique au demeurant, utiliserait-elle aussi un eye-liner L’Oréal ?) et cette larme si belle, superbe, élégante et racée qui coule et s’étire… comme les trois heures de film, où cette future star (la larme) nous comble de sa présence. Et nous sommes censés ressentir de la tendresse et de la pitié pour cette triste Maya.
Pendant ce temps, son mari parfait lui dit qu’il l’aime, qu’il la désire, qu’il est heureux et veut qu’elle le soit aussi. De ce personnage dont la description tient sur un post-it, Abhishek Bachchan en fait celui qui nous marque le plus. Il nous émeut, on pleure, on rit et on s’énerve avec lui. Et c’est toujours avec lui que nous partageons l’incompréhension devant l’attitude de sa femme.

Cependant le message du film est passé : si un mariage ne fonctionne pas, il vaut mieux laisser tomber (et l’amputer de 45 minutes s’il est trop long, mais c’est une autre histoire). Car le film est plus une tragédie comique du mariage qu’une œuvre sérieuse sur la tromperie. En effet Rishi aura beau être charmant et attentionné, il est comme il le dit lui-même le plus grand compromis de Maya. Ce qui est intéressant, c’est que beaucoup de gens se sont accordés à dire qu’elle est frigide. Comme si ne pas forcément aimer cet homme, ne pas tout faire pour que cela fonctionne, relève de la pathologie. Mais le fait est qu’elle ne l’aime pas, et ce sont des choses qui arrivent. A croire que les femmes mettent tellement de temps à chercher l’homme parfait, que quand elles le trouvent il faut qu’elles s’y accrochent même en dépit du bon sens. Cependant, quitte à tromper son mari, autant ne pas le faire avec un boulet, ce qui décrédibilise totalement le propos du réalisateur.

Alors qu’est-ce qui fonctionne dans ce film ? Eh bien, à force d’en faire des tonnes (images proprettes, acteurs stylés, décors superbes), Karan Johar nous prend à son jeu bien malgré nous. La musique, sans être révolutionnaire, bouge assez pour divertir. La partie "comédie" fonctionne très bien, mais on se désintéresse un peu du drame vers la fin (ce qui est assez gênant vu le sujet). Le film reste d’une facture correcte, même s’il ne suscite pas autant l’enthousiasme que ses précédentes réalisations. A voir tout de même.

L’avis de Maya- 7/10 :
Vous êtes célibataire ? Ou bien en pleine période fusionnelle ? Alors mettez KANK sur la plus haute étagère et oubliez-le une bonne dizaine d’années. Car non seulement vous risquez de trouver ce film ennuyeux, mais en plus vous détesterez les personnages, d’autant plus désagréables que nous craignons tous de leur ressembler un jour. Il faut peut-être avoir quelques années de mariage pour apprécier ce film, pour saisir les subtilités qui se cachent derrière les grosses ficelles du scénario et s’émouvoir des états d’âme de ces têtes à claque.

On se demande ce qui a pu conduire Karan Johar à choisir ce thème et ces personnages. Autrement dit, attendre cinq ans pour nous sortir "ça" est a priori franchement décevant. Ce film ne dégage aucune magie, il ne deviendra jamais une référence comme le sont K3G ou KKHH. Il a soulevé des polémiques en Inde où le sujet de l’adultère semble encore tabou et touche au statut - à l’indépendance - des femmes. Mais pour le public occidental le sujet est tellement rebattu, surtout au cinéma, qu’il en devient tristement banal.

Pourtant, il existe bien une Karan touch : Kabhi Alvida Naa Kehna ("Ne dis jamais adieu") présente une nouvelle version de l’amour impossible. Les personnages n’ont plus la candeur ni l’intégrité de la jeunesse, ils ont été corrompus par la vie et ses compromissions, ils voudraient retrouver la pureté joyeuse d’un premier amour, mais vont-ils y parvenir ?

C’est là où Karan Johar est très fort, là où son film nous agrippe pour ne plus nous lâcher. Ses personnages ne sont pas des héros, ils sont terriblement et petitement humains. Leurs compromissions ils les paient cher, ils se débattent, tentent de sortir de leur souffrance, alternent espoir et renoncement. Karan Johar nous emmène dans les méandres de leurs atermoiements, qui peuvent sembler insignifiants voire assommants, mais avec le temps on a tous des amis qui endurent les mêmes tourments que Dev et Maya, que Priya et Rishi. On souffre avec eux, on espère avec eux, on hésite avec eux, on se démoralise parfois aussi.

KANK, même s’il accumule les situations "cliché", ne plonge pas dans le mélo ou le pathétique pour autant. Karan Johar porte un regard plus critique qu’il n’y paraît sur l’adultère, et si le film ne porte aucune magie, ce n’est pas un hasard, cette histoire d’amour n’a pas pour but de faire rêver.

Les acteurs mettent vraiment tout leur talent au service du propos de Karan Johar, chapeau bas pour la direction d’acteurs. La critique a plutôt encensé Abhishek Bachchan, effectivement excellent mais qui a le bénéfice d’être le seul personnage amoureux et juvénile, ce qui le rend nettement plus sympathique. Les autres sont plus difficiles à apprécier car il faut aller au-delà de l’antipathie qu’ils suscitent. La palme en la matière revient à Shah Rukh Khan ! Il est tout simplement détestable : hargneux, odieux, le visage fermé et dur… franchement laid ! Le verbe sec et arrogant, le regard accusateur et méchant, la moue désabusée, même lorsqu’il est amoureux on sent qu’il a du mal à sortir de son égocentrisme forcené et du statut de victime qu’il s’est forgé. On peut difficilement dire qu’il "fait du SRK" : s’il était comme ça dans ses autres films, il aurait beaucoup moins d’admiratrices ! Il prend plutôt des risques avec ce rôle, très éloigné de l’’Indian lover’ qui fait son succès habituellement.

Preity est impressionnante en femme glaciale qui ne retrouve ses fossettes que lorsqu’elle a un public, il est juste dommage qu’elle soit si mal maquillée, ce qui lui donne un regard de poisson. Rani quant à elle remporte le premier prix des pleurnicheuses, elle parvient à rendre son personnage plus agaçant que pathétique. Kirron Kher (la mère de Dev) est adorable mais sous-exploitée. Amitabh Bachchan (le père de Rishi) en revanche occupe la scène et nous enchante avec ce vieux monsieur aussi farfelu que flamboyant. Il s’est approprié les meilleures réparties de dialogues par ailleurs assez fades.

Il y a peu à dire de la mise en scène, sinon qu’on a parfois l’impression d’être encore dans Kal Ho Naa Ho (drôle de suite…), y compris pour la mise en image des chansons. Il faudrait trouver une alternative à la scène chorégraphiée dans la discothèque, qui devient lassante. Mais la musique en elle-même est bien adaptée au film et le classique passage onirique Mitwa donne l’occasion à SRK de rassurer ses fans : mais oui, il a toujours du charme !

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