Kishen Kanhaiya
Langue | Hindi |
Genre | Masala |
Dir. Photo | Pushpal Dutta |
Acteurs | Madhuri Dixit, Anil Kapoor, Amrish Puri, Johnny Lever, Bindu, Kader Khan, Saeed Jaffrey, Shilpa Shirodkar |
Dir. Musical | Rajesh Roshan |
Paroliers | Indeevar, Payam Sayeedi |
Chanteurs | Sadhana Sargam, Mohammad Aziz, Lata Mangeshkar, Asha Bhosle, Manhar Udhas, Amit Kumar, Nitin Mukesh |
Producteur | Rakesh Roshan |
Durée | 160 mn |
Kishen Kanhaiya fait partie des films faisant référence à la mythologie hindou, à travers notamment les aventures de Radha et Krishna, ici à travers la flute de Kishen, la chanson Radha Bina Hai et de nombreuses scènes de culte. Il fait également partie des films d’une époque où la fratrie représentait beaucoup, puisque des enfants séparés à la naissance allaient laver les affronts de familles adoptives avides et sans scrupule (Amar Akbar Anthony, Ram Lakhan, Trimurti).
L’histoire sépare à la naissance Kishen et Kanhaiya (Anil Kapoor x2). L’un va être élevé à la campagne dans une famille qui ne pense qu’à la richesse de son père dont il héritera à son 25e anniversaire. L’autre grandit à la ville dans une famille modeste, ne sachant rien faire de sa vie, prétend être un artiste. Les caractères forgés n’en seront que plus complémentaires, l’un étant soumis et un brin simplet, l’autre étant roublard et bagarreur.
Troisième film de Rakesh Roshan, il représente une première version de Karan Arjun, film qui 5 ans plus tard le consacrera comme réalisateur important après avoir été un acteur remarqué dans les années 70 et 80.
Il faut dire que malgré ses 24 ans, Kishen Kanhaiya est toujours fringant, grâce à une réalisation largement au dessus de la moyenne de l’époque. Techniquement une copie restaurée ferait un grand bien au film, on pourrait ainsi apprécier les mouvements de caméra (mini-travelling) et les plans calibrés (notamment dans les chansons) ainsi qu’un montage étonnant pour le début des années 90, puisque la plupart des films nous permettaient de faire des économies et des sauts dans l’histoire grâce à des montages approximatifs.
Ici, tout se tient, même l’histoire. Remake d’un film des années 60 avec Dilip Kumar, le film est d’ailleurs bourré de clins d’oeil à cet acteur star. Kanhaiya et Anju (Madhuri Dixit) sont des passionnés de films et connaissent par choeur les répliques de leurs stars préférées. Les références à Dilip Kumar sont nombreuses, Anil Kapoor s’amusant à l’imiter à plusieurs occasions. Mais ce n’est pas tout, la superstar du sud Rajnikanth est mis à l’honneur pendant plusieurs minutes, Kanhaiya s’inspirant de lui pour coller des tatânes à d’autres bastonneurs en plein milieu de la salle de cinéma où le film de Rajni est projeté.
Ces clins d’oeil sont amusants et font partie d’une première partie très enlevée, où l’on découvre les quotidiens en parallèles de Kishen et Kanhaiya.
Kishen lui s’éprend de Radha (Shilpa Shirodkar), une jeune campagnarde peu éduquée mais qui donnera tout pour son futur mari. Kanhaiya rencontre Anju, jeune fille d’un milliardaire qui magouillera avec le père adoptif de Kishen.
Et oui, l’histoire prendra une allure masala avec des rires, amour, vengeance, méchants très méchants et surtout des bagarres agrémentées de "Dishyum" qui ont marqué plusieurs générations.
Plusieurs twists viennent agrémenter le scénario de la deuxième partie, et de cruelles scènes pimentent même un film qui est bien pourvu en méchants : Amrish Puri, Bindu ou Talip Tahil (Darr, Baazigar) sont ignobles et en font voir des vertes et des pas mûres à ce pauvre Kishen.
On appréciera une certaine retenue dans le jeu des acteurs, Amrish Puri signant un de ses meilleurs rôles de méchants, et Johnny Lever étant supportable en ami de Kanhaiya.
La direction d’acteurs est une des forces du film. Outre les méchants plutôt satisfaisants, les héros sont eux aussi très bons. Madhuri est très en vue dans la première partie et nous fait partager son enthousiasme et sa diction de répliques de scènes cultes. Shilpa Shridkar, elle, moins connue est crédible dans sont rôle de Radha, douce et innocente. Enfin pas si innocente puisque son sari transparent et certains plans d’entre-jambes durant la chanson Radha Bina Hai ont fait sensation à l’époque. Dommage que l’on ai peu revue cette actrice, elle démontrait dans le film des qualités, notamment dans la scène finale lorsqu’elle retrouve Kishen.
Anil Kapoor est comme toujours très appliqué et naturel. Véritable superstar de l’époque, il endossait pour la seconde fois un double rôle après Yudh. En Kishen il joue très bien le simplet (une sorte de continuité après sont dans Eeshwaar en 1989), ajoutant de la crédulité et de l’innocence durant les scènes "dures" où il se fait rouer de coups.
En Kanhaiya, il se rapproche plus des rôles de tapori qu’il tenait à l’époque, y ajoutant de l’humour et de l’auto-dérision notamment dans la deuxième partie, lorsqu’il s’amuse à faire tourner en bourrique la famille adoptive de Kishen.
Alors évidemment, comme les films de cette époque, un peu d’innocence est nécessaire pour apprécier les bons sentiments, les effets de Krishna sur la vie de nos deux jumeaux, et quelques coïncidences. Evidemment on est dans un masala, pas dans un film réaliste. Mais ne vous inquiétez, on est pas au niveau de Kaho Na Pyaar Hai !
Les chansons sont comme toujours dans une production Roshan, signées par le frère Rajesh. Plutôt inspiré, on retiendra la chanson de Radha et Kishen précédemment évoquée, avec ses choeurs féminins, sa flute envoutant et les percussions plutôt douces et encore d’actualité. Krishna Krishna est la chanson fil rouge, elle revient plusieurs fois dans le film, évoquant les passages les plus durs, durant lesquels les deux frères ressentent les même douleurs à plusieurs centaines de kms d’écart. Ces scènes ont d’ailleurs un rendu dramatique très fort et font partie des moments clés du film. La voix de Lata n’est pas trop haute et Nitin Mukesh fait des merveilles dans ce classique. On retiendra également l’amusant medley très bien intégré dans le film, Mere Humsafar, dans lequel Madhuri se déguise.
Superhit et 5e plus grand succès de 1990, Kishen Kanhaiya est un divertissement de qualité, sur lequel les années n’ont pas eu trop d’effets. C’est sans doute un des meilleurs films du duo Anil Kapoor/ Madhuri Dixit avec Tezaab, Beta, Parinda et Pukar. Evidemment, les amateurs de réalisme n’y trouveront pas leur compte, mais ce film populaire reste un des meilleurs témoins d’une époque révolue où mythologie, bons sentiments, saga familiales et bagarres ponctuées de "Dishyum" ne faisaient qu’un.