Masoom
Traduction : Innocent
Langue | Hindi |
Genres | Films sociaux, Comédie dramatique |
Dir. Photo | Pravin Bhatt |
Acteurs | Naseeruddin Shah, Shabana Azmi, Urmila Matondkar, Supriya Pathak, Tanuja, Saeed Jaffrey, Jugal Hansraj |
Dir. Musical | R. D. Burman |
Parolier | Gulzar |
Chanteurs | Suresh Wadkar, Lata Mangeshkar, Bhupinder Singh, Aarti Mukherjee, Anup Ghoshal, Gauri Bapat, Gurpreet Kaur, Vanita Mishra |
Producteurs | Chanda Dutt, Devi Dutt |
Durée | 137 mn |
Même si l’histoire est douloureuse et qu’on a souvent le cœur serré, c’est un vrai bonheur de voir Shabana Azmi et Naseeruddin Shah, à la fois jeunes et matures, exprimer l’immensité de leur talent dans ce film sobre qui leur fait honneur. A chaque scène, à chaque étape de l’histoire, on ressent chacun de leurs états d’âme, bonheur, peur, amour, colère, désir, désarroi, désespoir, joie… et toute cela avec une grande économie de moyens, comme dans la vraie vie…
Masoom s’ouvre sur une famille heureuse, Indu est une épouse comblée, DK travaille beaucoup mais est très attaché à sa femme et à leurs deux filles de 7 et 10 ans. Ils sont aisés, leurs amis aussi, tout va bien. Et puis une tornade leur tombe dessus, une tornade bien innocente : un petit garçon de 8 ans. Il est le fruit d’un moment d’égarement que DK avait oublié, mais la mère est morte, il n’y a plus personne pour s’occuper du petit qui débarque précédé d’un simple télégramme, sans savoir que cet « uncle » chez qui on l’envoie, est son père.
Ni mélodrame ni conte de fée, Masoom raconte de façon étonnamment réaliste l’histoire d’un couple confronté à des choix difficiles. Indu se sent trahie et ne peut voir en l’enfant que la femme avec laquelle son mari l’a trompée. DK aime sa famille mais comment renoncer à ce fils tombé du ciel ? Et puis le petit est adorable, il s’y attache, les filles aussi… Mais sa simple présence rend Indu si malheureuse que la cohabitation est impossible.
On pense inévitablement à Main Hoon Naa, le personnage de Shabana Azmi va-t-il avoir un comportement aussi radical que Kirron Kher confrontée à la même situation ? (et face à un Naseeruddin Shah tout aussi penaud). Ou bien va-t-elle avoir une réaction aussi exemplaire que Jaya Bachchan dans Kal Ho Naa Ho ? Il faut voir Masoom pour connaître la réponse, et espérer ne jamais se retrouver dans la même situation, qu’on soit homme ou femme ! et sans aucun doute, ces deux films plus récents ont été marqués par Masoom. Mais ils ont une version bien plus masala de l’histoire, quand l’original reste dans un registre résolument réaliste.
Ce film de 1983 n’a pas pris une ride. Il fait partie de la nouvelle vague indienne des années 80. Il a remporté 5 Filmfare Awards : meilleur film, meilleur acteur, meilleure musique, meilleures paroles, meilleure chanteuse. Le scénario et les dialogues de Gulzar sont d’une extrême finesse, la mise en scène de Shekhar Kapoor dont c’est le premier film, est d’une sobriété exemplaire, comme la musique de R.D. Burman. Pas le moindre coup de tonnerre, pas ou peu d’effet mélodramatique, tout l’art de Masoom est de laisser ses acteurs s’exprimer. Non seulement les deux stars, Naseeduddin et Shabana, superbes à 33 ans, mais aussi les enfants : Urmila Matondkar incarne Pinky, 10 ans, et Jugal Hansraj incarne le petit Rahul, avec des yeux clairs et une façon de prononcer « sorry Aunty » totalement craquants (on a retrouvé Jugal Hansraj dans Mohabbatein, il est le réalisateur de Pyaar Impossible).
Dans Masoom, les regards, les expressions, les situations, les dialogues, tout sonne juste et fait de ce film un vrai moment d’émotion, sans larmoiements inutiles. Une pépite à découvrir !