Shirin Farhad Ki Toh Nikal Padi
Traduction : Shirin et Farhad se sont casés
Langue | Hindi |
Genre | Comédie romantique |
Dir. Photo | Mahesh Aney |
Acteurs | Boman Irani, Farah Khan, Daisy Irani, Nauheed Cyrusi |
Dir. Musical | Jeet Ganguly |
Paroliers | Amitabh Bhattacharya, Faral Ali |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Mohit Chauhan, KK, Neeraj Shridhar, Usha Uthup |
Producteurs | Sunil Lulla, Sanjay Leela Bhansali |
Durée | 112 mn |
Farhad Pastakia (Boman Irani) est un Parsi de 45 ans vivant à Bombay. Il travaille comme vendeur dans une boutique de lingerie féminine. Toujours célibataire, il vit avec sa grand-mère et sa mère Nargis (Daisy Irani) qui le couve comme un bébé. Malgré les efforts de sa mère et de nombreuses rencontres matrimoniales, Farhad ne parvient pas à trouver une épouse à cause de son âge et de son métier, à la fois modeste et « inhabituel ».
Un jour, il rencontre dans sa boutique Shirin Fuggawala (Farah Khan), une Parsie célibataire de 40 ans. Le hasard les fait se rencontrer plusieurs fois. Ils ne tardent pas à tomber amoureux l’un de l’autre et décident de se marier. Mais la mère de Farhad déteste sa future bru car elle est la secrétaire de la fondation parsie qui gère l’immeuble. A ce titre, Shirin a fait détruire le réservoir illégal construit par le défunt mari de Nargis et auquel elle était très attachée.
Shirin Farhad est le titre d’une des plus célèbres histoires de la littérature persane adaptée par de nombreux auteurs, en particulier le célèbre poète Nezami au XIIe siècle. Cette histoire est très connue en Inde où les mystiques soufis ont fait de l’amour de Farhad pour Shirin, une métaphore de l’amour divin.
Il n’est donc pas étonnant avec des personnages éponymes, d’avoir un film sur les Parsis (1), communauté originaire d’Iran ayant conservé sa religion zoroastrienne et installée en Inde au cours des siècles. Pourtant avec un tel titre et une telle affiche, on voit bien qu’on est à cent lieues d’une histoire d’amour mystique mais plutôt dans une comédie drolatique.
Shirin Farhad Ki Toh Nikal Padi n’est peut-être pas un chef-d’œuvre mais c’est en tout cas un très bon divertissement qui fait éclater de rire plus d’une fois, en particulier lors de la fameuse scène de la serviette. L’échec du film s’explique peut-être par le fait qu’il dépeint l’histoire d’amour de deux personnes ayant la quarantaine passée. Mais c’est justement ce qui donne son charme au film et qui nous offre une histoire à la fois touchante et atypique.
Dans le rôle du héros, on trouve Boman Irani, plutôt habitué aux rôles de second couteau comique ou de méchant (comme dans les deux derniers Don). Il assure le spectacle en étant à la fois drôle et touchant dans son rôle de vieux garçon amoureux. Mais la révélation du film c’est indéniablement Farah Khan qui pour la première fois, passe vraiment devant la caméra et en haut de l’affiche. Farah est vraiment géniale dans ce rôle qui lui va à merveille, elle est pleine d’humour et d’énergie et son accent si particulier va bien avec son personnage.
C’est une bonne initiative de Bela Bhansali Sehgal (sœur de Sanjay Leela Bhansali) de nous conter ici une histoire d’amour entre des personnages plus tout jeunes et avec un physique sortant des canons habituels de la minceur. Cela n’empêche pas nos deux personnages éponymes d’être pleins de charisme. Farah Khan, qui pour ses films choisit toujours des actrices grandes et minces (Sushmita, Deepika, Katrina), montre ici en passant devant la caméra qu’elle n’a rien à leur envier tant elle rayonne dans ce film.
Pour ce film, Bela Bhansali Sehgal a voulu rendre hommage à la communauté parsie qu’elle connaît bien. Bien que pionniers et nombreux dans le cinéma hindi, les Parsis sont une communauté peu représentée à l’écran, il faut dire qu’ils sont très peu nombreux : 0,005% de la population indienne ! Ici, tous les personnages sont parsis (avec de jolis prénoms persans comme : Firdaus, Feroz, Nargis, Khurshid, Anahita etc..) et tous les acteurs pour les interpréter le sont aussi. Boman et Daisy Irani sont bien sûr parsis comme leur nom l’indique (les Irani sont une partie des Parsis arrivés plus récemment d’Iran). Quant à Farah Khan, sa mère est parsie (sœur de Daisy Irani) et son père musulman (d’où son nom). On trouve aussi dans ce film, l’une des plus belles actrices parsies, la magnifique Nauheed Cyrusi. Dans le rôle de son fiancé, on retrouve Rushad Rana, entraperçu dans Mohabbatein, Rab Ne Bana Di Jodi et qui jouait l’assistant de Samiya Siddiqi dans Veer-Zaara.
Petit clin d’œil dans ce film à Feroze Gandhi (aucun lien de parenté avec le Mahatma Gandhi), un Parsi célèbre pour avoir épousé Indira Nehru et ainsi avoir donné son nom à la plus célèbre famille de la vie politique indienne. Ici, c’est un autre Feroze Gandhi, le vieil oncle de Farhad, toujours célibataire et complètement fou, qui veut toujours épouser son « Indira ». Touchante métaphore du fort taux de célibat au sein de cette communauté.
Mais revenons au film qui est avant tout divertissement, plus qu’une analyse ethnographique de la communauté parsie. Les chansons de Jeet Ganguly contribuent, elles aussi, au charme du film. Séparées du film, elles ne sont pas des plus marquantes mais associés à lui, elles sont à la fois comiques et romantiques.
Les clins d’œil sont nombreux dans les chansons comme dans Kukuduku sur laquelle Farhad danse dans sa chambre pour exprimer ses sentiments naissants devant ses posters de Freddy Mercury, lui-même parsi ayant passé une partie de sa jeunesse à Bombay, et qui avait à l’époque Lata Mangeshkar pour modèle.
Mais les morceaux les plus amusants nous sont offerts par Farah Khan qui après avoir réalisé tant de chorégraphies de films nous permet enfin de voir ses talents de danseuse. Dans Khatti Meethi, elle se met à danser avec plein de grâce et d’humour pour exprimer à son tour les sentiments naissants de son personnage. C’est toute la magie des chansons hindi mais avec des personnages au physique « ordinaire ».
Le titre le plus drôle est bien sûr Ramba Mein Samba où Farhad et Shirin se mettent à rejouer avec plein d’humour des moments de Kuch Kuch Hota Hai, Hum Aapke Hain Koun… ! et Dilwale Dulhania Le Jayenge. « C’est comme dans les films ! » comme le dit si bien Farhad.
Shirin Farhad Ki Toh Nikal Padi n’est sans doute pas le film de l’année mais c’est en tout cas un très bon divertissement, à la fois touchant et très drôle (grands éclats de rire garantis). Ce film a surtout le mérite de nous offrir une histoire d’amour entre des personnages sortant des canons de beauté et de jeunesse du cinéma hindi, et de nous offrir par ailleurs une évocation affectueuse de la communauté parsie.
(1) La communauté parsie est très peu nombreuse mais largement surreprésentée dans la vie économique indienne avec des familles comme les Tata ou les Wadia. Malheureusement, elle souffre d’un déclin démographique très rapide : elle est passée d’un peu plus de 100 000 personnes en 1961, à moins de 70 000 en 2001. A ce rythme, elle aura probablement encore été divisée par deux d’ici 2050.
Les causes de cette baisse de la population sont multiples. Un cinquième est attribuée à l’émigration mais le reste à la réduction drastique de la natalité depuis 60 ans environ. Une des raisons est le mariage tardif tel que le film l’évoque : un homme sur 5 et une femme sur 10 sont encore célibataires à 50 ans. Le principal motif invoqué par les personnes elles-mêmes est le manque d’argent pour fonder un foyer. De plus, la fécondité des couples mariés est aujourd’hui beaucoup trop faible pour renouveler la population. Le gouvernement indien est conscient du problème, mais inverser cette tendance semble très difficile dans un pays où le contrôle des naissances devient un question cruciale.
On est traditionnellement parsi par son père, ce qui fait que les nombreux mariages en dehors de la communauté n’ont pas d’influence démographique. Ils expliquent en revanche pourquoi beaucoup de personnalités du cinéma hindi ayant des origines parsies n’ont pas forcément des noms « parsis » : Farah Khan, Aftab Shivdasani, Diana Penty, Zayed Khan, Farhan Akhtar, etc.