Shyam Benegal
Fonctions : réalisateur, producteur, scénariste |
Né le : 14 décembre 1934 (89 ans) |
à : Trimulgherry (Secunderabad) |
Nationalité : indienne |
Famille : marié, une fille Pia, cousin de Guru Dutt |
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Fiche IMDB |
Page Wikipedia |
Liens : http://shyambenegalonline.com/profile.html |
Shyam Benegal était l’invité d’honneur de la 10e édition de l’Été indien au musée Guimet, qui célébrait les 100 ans du cinéma indien en 2013. Présent lors de plusieurs projections, le réalisateur a volontiers répondu au public. L’équipe de Fantastikindia a pu le rencontrer lors de la présentation du film Zubeidaa, mais également lors d’une conférence de presse. Il devenait donc urgent de vous proposer la biographie de cette personnalité à la production multiple, récompensé par de nombreux prix, dont la plus haute distinction dans le cinéma indien, le prix Phalke Dadasheb, en 2005. S’il a été l’un des chefs de file du cinéma indépendant — lui, préfère le terme de « nouveau cinéma » ou « cinéma alternatif » —, dans les années 1970 et 1980, il demeure encore aujourd’hui une figure majeure du cinéma indien.
Né Shyam Sunder Benegal, dans une banlieue de Secunderabad, la ville jumelle d’Hyderabad, dans l’État du Telangana, au sud de l’Inde, il réalise son premier film à l’âge de douze ans avec une caméra offerte par son père Sridhar Benegal, photographe. Ce cousin de Guru Dutt — sa grand-mère paternelle était la sœur de la grand-mère paternelle du célèbre acteur-réalisateur — est diplômé d’économie du Nizam collège de l’université Osmania, à Hyderabad où il a fondé la Hyderabad Film Society. ll a obtenu une bourse du Homi Bhabha Council qui lui a permis de travailler de 1970 à 1972 à New York, et plus tard à Boston, où il a œuvré pour la télévision éducative, travaillant pour et avec des enfants. Marié à Nira Benegal, il est le père de Pia Benegal, qui est créatrice de costumes pour le cinéma,et vit à Bombay.
Avant de s’intéresser au cinéma, c’est dans l’industrie de la publicité, pour laquelle il a créé dans les 900 annonces, que Shyam Benegal a commencé sa carrière. Il a également enseigné à l’Institut du Film et de la Télévision de Pune entre 1966 et 1973, avant de diriger deux fois cette institution, de 1981 à 1983 puis de 1989 à 1992. Doté d’une forte personnalité, il reste une présence influente et respectée dans les milieux cinématographiques. Il a par ailleurs été membre de la Rajya Sabha (la Haute Chambre du Parlement indien) entre 2006 et 2012.
Cinéaste engagé dès l’origine, le réalisateur débute comme documentariste par un court-métrage, Gher Betha Ganga (Aux marges du Gange), en 1962. Ont suivi à partir de 1967 d’autres œuvres aux titres parlants : Close to Nature (Près de la nature), Child of the Streets (Un enfant des rues), Why Export ? (Pourquoi exporter ?) ou encore Tomorrow Bigins Today : Industrial Research (Demain commence aujourd’hui : la recherche industrielle). S’il s’intéresse en général aux problèmes sociaux, à l’anthropologie et au développement industriel de son pays, il ne s’interdit pas de prendre pour thèmes l’art, la musique et surtout l’histoire ainsi que les grandes figures de l’histoire indienne, comme Gandhi en 1996, avec The Making of the Mahatma, une de ses œuvres majeures.
Le réalisateur dirige aussi une société de production à Bombay. Depuis 1967, la SBSF (Shyam Benegal Sahyadri Films) a produit des séries télévisées, des films pour divers organismes gouvernementaux et en particulier la série de 53 épisodes, appelée Bharat Ek Khoj et basée sur le livre Discovery of India de Jawaharlal Nehru sur sa découverte de l’Inde, en 1988. Cette ambitieuse série embrassait 5000 ans d’histoire indienne, des origines jusqu’à l’indépendance et la partition, avec Om Puri comme narrateur et dans divers rôles dont ceux d’Ashoka et d’Aurangzeb. C’est l’acteur Roshan Seth qui tenait le rôle du Pandit Nehru. Fort de son expérience à la Haute Chambre, Shyam Benegal a décidé de réaliser une série sur la Constitution indienne, afin que ses concitoyens puissent mieux la connaître. Il s’agit de Samvidhaan, diffusée du 2 mars au 4 mai 2014 sur la chaîne parlementaire, Rajya Sabha TV.
Tourné dans une veine néo-réaliste, son premier long métrage de fiction Ankur (le Semis), en 1974, le fait immédiatement remarquer des critiques et du public. Il forme la première partie d’une trilogie sur le monde paysan et les oppressions dont ce dernier est victime. Ankur est sélectionné au Festival de Berlin 1974 et Nishant (l’Aube), deuxième volet réalisé en 1975, est en compétition officielle au festival de Cannes suivant. Le dernier opus de la trilogie est Manthan (le Barattage) sorti en 1976. Une des caractéristiques du cinéma de Shyam Benegal est son mode de financement original qui mêle souvent fonds privés et soutiens publics.
Celui de Manthan est particulièrement novateur. Financé en partie par l’Office national pour le Développement des Laiteries (NNDB), il a bénéficié de l’aide conséquente d’une coopérative de fermiers du Gujarat, région où se situe l’intrigue. 500 000 paysans de la GCMM (Gujerat Cooperative Milk Marketing) ont donné chacun 2 roupies pour le produire. En retour, dès sa sortie, ils se sont déplacés en masse pour voir « leur » film, lui assurant ainsi un très gros succès. Lors de sa venue à Paris, le metteur en scène était revenu sur cette expérience pionnière de crowdfunding : « J’ai repris quelque chose d’ancien qui avait existé dans le cinéma français au moment du Front populaire », a-t-il déclaré, la rattachant à une histoire du cinéma antérieure.
Dans ces trois œuvres, comme dans la 4e, Bhumika, un biopic d’Hansa Wadkar, légendaire actrice du théâtre dansé marathi des années 40, Benegal commence à s’entourer de jeunes comédiens qui débutent en même temps que lui et avec lui. Des personnalités comme Smita Patil, Shabana Azmi, Naseeruddin Shah, Om Puri, Mohan Agashe, Kulbushan Kharbanda et Amrish Puri, qui ont vu leur talent révélé dans ses réalisations lui resteront fidèles et deviendront des soutiens assidus du cinéma d’auteur indien. En 1978, un autre acteur, Shashi Kapoor, frère cadet du grand Raj Kapoor, se joint à eux, débutant dans Junoon (L’Obsession), film qu’il produit également comme il produira en 1981 Kalyug.
Dans les années 80, le Nouveau cinéma connait un déclin qui l’épargne, et il continue à tourner des films sociaux, avec le même système original de financement complexe, faisant appel à des acteurs économiques impliqués par le sujet. Il réalise notamment Susman (l’Essence) en 1987, grâce à l’association des Coopératives et aux syndicats des Tisserands, le film étant un hommage rendu aux techniques traditionnelles du tissage. Archan, qui dénonce les abus des propriétaires terriens, est produit avec l’aide du gouvernement communiste du Bengale, la série Yatra avec celle des Indian Railways. Car Shyam Benegal s’intéresse aussi à la télévision dans ces années-là. Yatra est un voyage en train de plus de 3700 km de l’extrême sud de l’Inde au nord du pays, dans l’Himsagar Express, le chemin de fer qui relie Jammu à Kanyakumary. En 12 épisodes, cette série construite à partir de petites histoires de la vie de quelques voyageurs et employés du train est devenue un grand classique, avant Bharat Ek Khoj, citée plus haut.
Mais Benegal revient à des sujets biographiques et historiques dans la décennie qui suit. Tournés en langue anglaise, The Making of the Mahatma, en 1996, traitait de la vie de Gandhi en Afrique du Sud, tandis que Netaj Subhas Chandra Bose : the Forgotten Hero, réalisé en 2005, nettement moins consensuel, a fait polémique en raison de certains partis pris du metteur en scène sur cette figure controversée de l’indépendance indienne. Il fut même contraint d’annuler la première du film à Calcutta, en raison de l’opposition farouche du parti Forward Bloc, créé par Bose lui-même d’une scission avec le parti du Congrès.
Changeant de style, Shyam Benegal a très habilement choisi durant ces deux dernières décennies de jouer avec les codes, la musique et, parfois, les acteurs du cinéma commercial, afin de toucher un public encore plus large, à l’instar d’un Prakash Jha, autre réalisateur à cheval entre l’industrie du film et le cinéma indépendant. Cela donne Welcome to Sajjanpur (2008) ou Well done Abba (2010), deux comédies de Bollywood, avec Amrita Rao dans le premier et Boman Irani dans le second, mais qui n’oublient pas les questions de société.
On ne saurait terminer le portrait du cinéaste sans évoquer sa trilogie de portraits de femmes réalisée dans les années 1990. Il y eut d’abord Mammo, en 1994, avec Farida Jalal, l’héroïne installée au Pakistan au moment de la partition, revient à Bombay à la mort de son mari avant d’être expulsée comme étrangère des années plus tard. Sardari Begum, tourné en ourdou deux ans plus tard, rend hommage à une célèbre chanteuse de musique classique. Kiron Kher y tenait le rôle principal. Pour clore sa trilogie en beauté, en 2001, Benegal confie le rôle-titre de Zubeidaa à Karisma Kapoor, alors au sommet de sa gloire.
Il était normal de lui laisser le dernier mot : « Zubeïdaa est l’histoire de ma mère, le troisième film d’une trilogie sur les femmes musulmanes indiennes. L’esthétique proche de Bollywood est délibérée pour différentes raisons. Je voulais utiliser un format populaire qui corresponde à la personnalité de l’héroïne, laquelle était une actrice du cinéma populaire. » avait-il expliqué au public du musée Guimet lors de sa projection. « Pour prolonger le climat de Zubeïdaa, de sa vie, j’ai fait appel à A.R. Rahman. La musique est très importante pour moi, elle est un complément indispensable de l’histoire, elle complète mon histoire, c’est une partie intégrante du film. Je demande au compositeur de créer non pas d’illustrer. La musique n’est pas une illustration mais s’ajoute à la mise en scène pour faire un cercle, un ensemble avec elle. »
2010 – Well Done Abba, avec Boman Irani et Minisha Lamba
2008 – Welcome to Sajjanpur, avec Shreyas Talpade, Amrita Rao, Kunal Kapoor et Divya Dutta
2004 – Netaji Subhas Chandra Bose : The Forgotten Hero, avec Sachin Khedekar, Kulbhushan Kharbanda, Rajit Kapur et Diviya Dutta
2001 – Zubeidaa, avec Karisma Kapoor, Rekha et Manoj Bajpai
2000 – Hari-Bhari, avec Shabana Azmi, Rajit Kapur, Rajeshwari Sashdev et Nandita Das
1999 – Samar, avec Rajeshwari Sachdev, Rajit Kapur, Kishor Kadam, Ravi Jhankal et Seema Biswas
1996 – Sardari Begum (ourdou), avec Kiron Kher, Surekha Sikri, Amrish Puri et Rajit Kapoor
1994 – Mammo, avec Farida Jalal, Surekha Sikri, Rajit Kapoor et Amit Phalke
1993 – Suraj Ka Satvan Ghoda, avec Rajit Kapur , Rajeshwari Sachdev , Pallavi Joshi , Neena Gupta et Amrish Puri
1991 – Antarnaad, avec Kulbhushan Kharbanda, Girish Karnad, Shabana Azmi et Om Puri
1987 – Susman, avec Shabana Azmi, Om Puri, Kulbushan Kharbanda et Neena Gupta
1985 – Trikaal, avec Leela Naidu, Anita Kanwar, Neena Gupta, Soni Razdan, Dalip Tahil et Naseeruddin Shah
1983 – Mandi, avec Shabana Azmi, Naseeruddin Shah, Kulbushan Kharbanda, Smita Patil et Amrish Puri
1982 – Arohan, avec Om Puri, Victor Banerjee et Pankaj Kapoor
1981 – Kalyug, avec Shashi Kapoor, Rekha, Raj Babbar
1978 – Anugraham, avec Smita Patil, Vanisri, Anant Nag, Amrish Puri, Satyadev Dubey
1978 – Junoon, avec Shashi Kapoor, Shabana Azmi, Naseeruddin Shah et Jennifer Kendal
1978 – Kondura, avec Smita Patil, Vanisri, Anant Nag, Amrish Puri et Satyadev Dubey
1977 – Bhumika (Le rôle), avec Smita Patil, Amrish Puri et Naseeruddin Shah
1976 – Manthan, avec Girish Karnad, Smita Patil, Kulbhushan Kharbanda, Naseeruddin Shah et Amrish Puri
1975 – Nishant, nommé pour la palme d’or au festival de Cannes avec Naseeruddin Shah, Girish Karnad, Smita Patil et Amrish Puri
1975 – Charandas Chor, avec Smita Patil, Lalu Ram, Madanlal et Habib Tanvir
1974 – Ankur, avec Shabana Azmi, Anant Nag, Sadhu Meher, Priya Tendulkar et Dalil Tahil
2007 – Lost Childhood
1996 – The making of the Mahatma, avec Rajit Kapoor et Pallavi Joshi
1990 – Nature Symphony
1985 – Nehru
1982 – Satyajit Ray, Filmaker
1967 – A Child of the Streets
1967 – Close to Nature
2014 – Samvidhaan, mini-série de 10 épisodes autour de la fabrication de la constitution indienne, avec Sachin Khedekar, Dalip Tahil, Divya Dutta et Rajit Kapur
1990 – A Quilt of Many Cultures : South-India (Un patchwork de cultures : l’inde du Sud)
1988 – Bharat Ek Khoj, série de 53 épisodes sur la découverte par Jawaharlal Nehru de l’Inde, avec Om Puri, Naseeruddin Shah, Roshan Seth, Pallavi Joshi, Kulbhushan Kharbanda et Irrfan Khan
1986 – Yatra, avec Om Puri, Neena Gupta, Nikhil Bhagat, série en 12 épisodes sur l’Himsagar Express.