Yuvvraaj
Langue | Hindi |
Genres | Mélodrame / Romance, Masala |
Dir. Photo | Kabir Lal |
Acteurs | Anil Kapoor, Salman Khan, Katrina Kaif, Boman Irani, Zayed Khan, Mithun Chakraborty |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Parolier | Gulzar |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Alka Yagnik, Sonu Nigam, Roop Kumar Rathod, Javed Ali, Benny Dayal, Suzanne D’Mello, Srinivas, A. R. Rahman, Vivienne Pocha, Karthik, Clinton Cerejo, Naresh Iyer, Vijay Prakash, Timmy, Salman Khan, Blaaze, Sunaina, Tina |
Producteur | Subhash Ghai |
Durée | 158 mn |
Dès les premières images, pas de doute, on est dans du Bollywood jusqu’au cou : trois frères que tout sépare et qui vont se retrouver, un garçon pauvre amoureux d’une jeune fille riche dotée d’un papa qui veut la marier à un autre, un héritier spolié de sa fortune par un oncle malveillant… Sans oublier les salons aussi vastes que des gymnases, les alpages suisses (pardon, autrichiens), le garçon pauvre qui roule en coupé sport rouge vif, le ventilateur force 10 dans une chambre fermée, les larmes, et la musique bien sûr, omniprésente, un personnage à part entière, et pas le moins intéressant.
Si vous aimez les scénarios inventifs, les histoires vraisemblables, les émotions subtiles, vous pouvez passer votre chemin, rien à regretter.
Si vous aimez les Bollywood traditionnels… eh bien vous n’allez peut-être pas aimer non plus, parce que mine de rien, Bollywood nous a habitués ces dernières années à une certaine inventivité, des scénarios qui tout en restant sur les valeurs fondamentales, ont bien rajeuni leur composants en travaillant aussi sur un certain décalage, comme New York Masala (Kal Ho Naa Ho), Om Shanti Om, Jaane Tu Ya Jaane Na , ou même très récemment Dostana.
Subhash Ghai a manifestement raté un train, il nous propose un film digne des années 80-90, et pas des meilleurs, quelque part entre Trishul et Ram Lakhan, la tragédie en moins. Tout est au premier degré, l’histoire traîne en longueur pour occuper les 3 heures de rigueur, le scénario tient sur 3 lignes, multiplie les scènes inutiles et les incohérences, les personnages sont taillés à la serpe, sans profondeur…
Même dans la direction d’acteur, c’est approximatif. Ils sont dirigés en fonction des scènes et non en fonction de leur personnage. Par exemple, Anil Kapoor, qui interprète un autiste, se met à avoir des mouvements de main bizarres uniquement lors du concert, il est mis en scène au début du film comme quelqu’un de très peureux, enfermé dans sa chambre depuis des années, mais il semble très à l’aise en Autriche où il rencontre un tas de personnes et de situations nouvelles. Tout cela manque de cohérence et de sens.
Cela dit Yuvvraaj recèle quand même quelques qualités. Si la première partie (1h30) n’en finit pas de planter le décor (décor très joli, d’ailleurs, mais ça ne suffit pas), et aurait gagné à être réduite à 30’, la seconde partie qui voit les personnages évoluer est plus intéressante et mieux rythmée.
Salman Khan, Zayed Khan et Anil Kapoor, qui jouent les trois frères ennemis, sont plutôt convaincants et attachants, chacun dans leur genre.
Anil Kapoor, sans atteindre la maestria de Dustin Hoffman dans Rain Man, parvient à jouer les autistes sans jouer les débiles, avec de très jolies scènes où l’innocence de son personnage est vraiment rafraîchissante. Salman Khan est le plus malheureux des trois frères et cela lui va bien, il est meilleur dans le registre dramatique que dans le registre Roméo de la première partie. Zayed Khan a succombé à la mode du bodybuilding, ce qui conduit à des anachronismes vestimentaires conçus tout exprès pour montrer ses biceps, c’est assez pathétique - idem pour Salman Khan d’ailleurs, vous avez déjà vu un chanteur de concert classique en "marcel" ? …
La potiche de service s’appelle Katrina Kaif. Elle est ravissante avec son violoncelle. Elle disparaît quasiment de la deuxième partie du film, ainsi que Boman Irani qui joue les papas pas commodes, c’est dommage.
Autre qualité de Yuvvraaj : ses passages musicaux, j’ai beaucoup apprécié le mélange des classiques occidental et indien, instruments et voix, un peu comme dans Khuda Kay Liye, c’est superbe, AR Rahman a créé une partition originale. La BO ne m’avait pas vraiment convaincue avant le film, mais elle lui apporte une vraie dimension poétique et lyrique. Pour plus d’information, lire l’article sur la musique de Yuvraaj rédigé par Jordan White.
Par ailleurs, deux chorégraphies de groupe renouent avec les musicals des années 50 (la caméra placée au–dessus d’un groupe qui forme une fleur qui s’ouvre), avec une mise en scène assez recherchée et de beaux mouvements de groupe.
Pour finir, un petit paragraphe sur les langues et les sous-titres s’impose : pour une fois, les dialogues en anglais sont sous-titrés en hindi, dans la VO, ce qui est une louable intention. Mais les sous-titres hindis ne sont mis que lorsque les étrangers parlent anglais (les policiers par exemple) et pas lorsque les acteurs indiens parlent anglais, ce qui arrive tout le temps (une phrase en anglais, trois en hindi et on recommence). Dans le même registre, on peut se demander pourquoi Subhash Ghai s’est escrimé à faire parler hindi une brave dame autrichienne (ou supposée l’être) alors que les personnages indiens parlent anglais tout le temps !
Pour en revenir aux sous-titres en hindi, ils étaient recouverts par les sous-titres français, rendant l’ensemble illisible, dommage. Et surtout, surtout : les sous-titres français sont placés beaucoup trop haut sur l’image, cachant souvent le bas du visage des personnages, ce qui est réellement gênant.
Ce samedi 21 novembre à 20 h au cinéma des 4 Chemins, la salle était comble, mais étonnamment silencieuse et calme. Même avec de la bonne volonté, il était difficile de s’enthousiasmer…
Yuvvraaj est à l’affiche jusqu’au 31 novembre, pour les horaires voir la news de Jawad.