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Bollywood en chansons : 1990-1994

Publié jeudi 30 novembre 2017
Dernière modification lundi 11 septembre 2017
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Par Mel

Dossier Bollywood en chansons
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Aashiqui

Année : 1990
Réalisation : Mahesh Bhatt
Avec : Anu Aaggarwal, Rahul Roy, Deepak Tijori et Tom Alter
Box Office : n°12 , Hit

Le film : À la fin des années 1980, Mahesh Bhatt est un cinéaste apprécié par la critique mais dont les films sont peu vus. Il décide alors de changer de style et se tourne vers un cinéma plus commercial. Fini les tristes histoires autobiographiques, il plonge dans le mainstream à faible coût avec Aashiqui (« Amour »), une histoire d’amour pour la jeunesse basée sur la musique.

Le film raconte l’histoire de Rahul (Rahul Roy) et d’Anu (Anu Aaggarwal). Ils s’aiment et tout serait simple si la jeune orpheline n’était séquestrée par son tuteur, l’ignoble Arnie Campbell (Tom Alter). Il projette même de la marier de force, mais Rahul est tenace et les deux tourtereaux parviennent à s’échapper. L’amour triomphe.
Anu reprend alors des études et décroche un contrat de mannequin. Elle qui n’était rien devient indépendante, riche et célèbre. Ils pourraient se marier, mais la mère de Rahul (Reema Lagoo) s’y oppose arguant que cette union échouerait tant que son fils ne connaîtrait pas une réussite au moins équivalente à celle d’Anu. Le jeune homme perce enfin dans la chanson et connaît à son tour la gloire et la fortune.

Aashiqui est une romance plutôt conventionnelle qui a pourtant marqué son temps. Portée par deux acteurs débutants, elle a bénéficié d’une bande originale qui a enflammé l’Inde. Elle détient encore aujourd’hui le record de ventes avec 15 millions d’exemplaires.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 1997, Gulshan Kumar, le fondateur du label T-Series et co-producteur du film avec Mukesh Bhatt est assassiné. La police accuse Nadeem Saifi, le co-directeur musical du film, d’avoir commandité le crime pour une histoire liée à la mafia. Il est à Londres au moment du meurtre et parvient à éviter l’extradition. Il y réside encore aujourd’hui. Lors du procès qui s’est tenu en 2002, seul un des trois tireurs a été condamné et Nadeem a été innocenté.

La chanson : Main Duniya Bhula Doonga de Nadeem-Shravan et Sameer
Arnie Campbell a emmené Anu à Ooty pour la marier de force. Rahul a réussi à retrouver sa trace et lui a promis de venir à la fête donnée pour ses fiançailles. Il est effectivement présent avec son ami Ballu (Deepak Tijori)…

Main Duniya Bhula Doonga chantée par Anuradha Paudwal et Kumar Sanu


Phool Aur Kaante

Année : 1991
Réalisation : Kuku Kohli
Avec : Ajay Devgan, Madhoo, Amrish Puri et Aruna Irani
Box Office : n°4 , Super Hit

Le film : Les débuts d’un jeune premier sont souvent touchants et on est en général prêt à tout lui pardonner. Mais Phool Aur Kaante (« Les fleurs et les épines ») ne mérite pas vraiment l’indulgence du spectateur moderne. C’est le premier film de la vedette principale Ajay Devgan, mais aussi de la jeune première Madhoo, et même du réalisateur Kuku Kohli. Ce n’est pas un handicap car ils sont « de la famille » : Ajay est le fils du cascadeur Veeru Devgan, Madhoo est la nièce d’Hema Malini et Kuku est le mari d’Aruna Irani. Personne ne joue vraiment la comédie dans ce film où même le grand Amrish Puri cabotine et où la charmante Aruna Irani se couvre de ridicule. Phool Aur Kaante est un masala d’action purement commercial conçu dans le but de mettre Ajay Devgan sur orbite. On doit bien constater qu’il a réussi.

Il raconte une histoire aussi convenue que parfaitement invraisemblable. Ajay (Ajay Devgan), un chef de bande de la fac et le fils d’un Don (Amrish Puri). Mais c’est un bon garçon qui fait de brillantes études et qui a renié son père. Enfin, bon, pas tout à fait, car il harcèle la pauvre Pooja (Madhoo) qui fait des études de sciences. Il ne pense qu’à l’épouser et toutes les occasions sont bonnes pour lui rappeler son souvenir. Après quelques péripéties, Pooja succombe, ils se marient et ils ont un fils, Gopal. Encore au berceau, le bambin est mystérieusement enlevé sous les yeux de sa mère. Qui a fait le coup ? Pourquoi ?

À vrai dire on s’en moque. Le seul objet du film est de montrer le fiston jouer des poings et chevaucher des motos. Ses yeux semi-fermés et le regard baveux de Madhoo n’ont pas gêné le public indien qui s’est précipité pour voir la nouvelle sensation du grand écran. Le succès a été tel que le film a été refait deux ans plus tard en telugu sur le nom de Varasudu.

Au delà du ridicule de sa réalisation, Phool Aur Kaante interpelle par la description complaisante de son héros harceleur. Il tombe amoureux en un clin d’œil de la belle qui passe et ne pense dès lors qu’à l’épouser. Il lui court après pendant des semaines, s’introduit dans sa chambre, la surveille avec des jumelles etc. Du point de vue du film, tourné en 1991, c’est un comportement tout à fait acceptable et d’ailleurs, il finit par épouser sa victime.

La chanson : Jise Dekh Mera Dil Dhadka de Nadeem-Shravan et Sameer
Pooja arrive à la fac. Ajay comme ses camarades flashent sur elle au premier regard.

Cette chanson détestable montre l’Eve teasing comme rarement dans le cinéma indien. Certes il y en a d’autres, mais celle-là est une des plus affligeantes, et c’est ce qui la rend tout à fait remarquable si l’on peut dire. Sans même appesantir sur la symbolique vulgaire de la banane, on ne peux qu’être consterné de voir le troupeau à la langue pendante sauter sur la malheureuse qui se contente de passer pour aller en cours…

Jise Dekh Mera Dil Dhadka chantée par Kumar Sanu pour Ajay Devgan


Beta


Année : 1992
Réalisation : Indra Kumar
Avec : Madhuri Dixit, Anil Kapoor, Aruna Irani et Anupam Kher
Box Office : n°1 , Blockbuster

Le film : Au départ il y avait Mallammana Pavada, une nouvelle que l’auteur kannada B. Puttaswamayya a publié en 1951. Ce récit est très proche de Swayamsiddha une nouvelle antérieure écrite cette fois par l’auteur bengali Manilal Banerjee. Combinées, ces deux œuvres ont donné lieu à onze adaptations dans le cinéma indien, dont Beta (« Fils ») en 1992. Une telle paternité laisserait imaginer une histoire riche et pleine de sens, mais ce n’est pas vraiment le cas. Le scénario défie la logique au point d’en être parfois difficilement compréhensible.

Il raconte l’histoire de Raju (Anil Kapoor) qui a perdu sa mère alors qu’il était enfant. Son père se remarie avec Laxmi (Aruna Irani) et la nouvelle belle-mère se fait fait passer pour la défunte auprès de son beau-fils. Elle ne cherche en réalité qu’à mettre la main sur la fortune de son mari et du petit Raju. Dans un premier temps, elle retire le garçon de l’école pour l’envoyer travailler aux champs. Il en devient simplet. Puis, assistée de son frère Totaram (Anupam Kher), elle s’attaque au père et à force de drogues, le fait déclarer fou pour prendre la tutelle de ses biens.
Un jour, 20 ans après, alors qu’il assiste à un mariage, Raju tombe littéralement en arrêt devant Saraswati (Madhuri Dixit) qui est demoiselle d’honneur. Elle est encore de toutes ses pensées lorsqu’il la retrouve quelques temps plus tard à une fête de village. Là, des voyous veulent la violer, il la sauve et s’enfuie avec elle. Il s’abritent pour la nuit dans une grange sans que rien ne se passe mais le village de Saraswati la considère perdue de réputation. Raju l’épouse alors sur le champ et la ramène chez lui.
Saraswati comprend rapidement les intentions maléfiques de sa belle-mère et décide de l’affronter…

Le film commet des raccourcis saisissants comme le lien direct entre l’absence d’éducation et le fait d’être idiot. Il veut nous faire croire qu’un enfant de dix ans ne reconnait pas sa mère morte quelques semaines plus tôt ou qu’un homme enfermé et dépouillé de tout pendant vingt ans pardonne à sa tortionnaire en l’espace d’une seconde. Il nous afflige aussi de numéros comiques particulièrement fatiguants. Mais ce n’est pas pour cela qu’on regarde Beta. C’est pour Madhuri Dixit qui incarne avec beaucoup de charme un personnage très fort capable de se jouer de tous les obstacles et de toutes les vilenies. Elle a d’ailleurs obtenu pour son rôle un Filmfare Award mérité.

La chanson : Dhak Dhak Karne Laga de Anand-Milind et Sameer
À la fin du mariage, Raju a réussi à subtiliser des photographies de Saraswati. De retour dans sa campagne, il les regarde et rêve…

Cette chanson et la chorégraphie suggestive de Saroj Khan ont obtenu un succès phénoménal au point que Madhuri Dixit a été surnommée la Dhak Dhak Girl (« Dhak Dhak » est le bruit des battements du cœur). Elles marqueront à nouveau les esprits l’année suivante dans Khal Nayak avec Choli Ke Pichhe Kya Hai.

Dhak Dhak Karne Laga chantée par Anuradha Paudwal et Udit Narayan


Baazigar


Année : 1993
Réalisation : Abbas-Mustan
Avec : Shah Rukh Khan, Kajol, Dalip Tahil, Shilpa Shetty et Johnny Lever
Box Office : n°4 , Hit

Le film : Baazigar (un « baazigar » est un joueur qui a la particularité de commencer par perdre volontairement pour finalement rafler la mise) est le septième film de Shah Rukh Khan et le second de Kajol. Il n’est donc pas à proprement parler un film de lancement pour ces deux jeunes acteurs qui vont marquer Bollywood en étant réunis à l’écran à sept reprises au cours des deux décennies suivantes. Ils sont opposés ici pour la première fois et leur complicité est déjà palpable. On devine que bientôt ils vont rejoindre les couples éternels du cinéma indien tels que D.
Billimoria-Sulochana, Devika Rani-Ashok Kumar, Raj Kapoor-Nargis ou Rajesh Khanna-Mumtaz.

En s’inspirant de A Kiss Before Dying, une nouvelle d’Ira Levin écrite en 1953 et portée à l’écran en 1956 et 1991, les jumeaux réalisateurs Abbas-Mustan ont offert à Shah Rukh Khan son premier grand rôle qui lui vaudra son premier Filmfare Award de meilleur acteur. Il incarne un personnage unique dans le cinéma indien, celui d’un anti-héros psychopathe qui cherche à venger sa famille, ruinée par l’ignoble Madan Chopra (Dalip Tahil).
Sous les traits d’Ajay, un gentil étudiant pauvre, il séduit Seema (Shilpa Shetty), la fille de Madan, pour finir par la tuer en faisant passer sa mort pour un suicide. Déguisé en Vicky, un vendeur de voiture amateur de course automobile, il se rapproche de Madan. Il rencontre alors Priya (Kajol), la seconde fille de Madan. Celle-ci ne croit pas au suicide de sa sœur et mène l’enquête. Les témoins disparaissent les uns après les autres…

À l’exception des passages comiques centrés principalement sur Johnny Lever, Baazigar est un authentique thriller, violent et même sanglant. C’est un film prenant où Shah Rukh Khan fascine en passant avec aisance du lover boy au tueur impitoyable. Il en arriverait presque à faire excuser les crimes odieux du monstrueux Ajay/Vicky.

La chanson : Baazigar O Baazigar de Anu Malik et Nawab Arzoo
Après avoir intentionnellement perdu la course contre le père de Priya, Vicky/Ajay explique à la jeune femme qu’il a laissé la victoire pour éviter de lui briser le cœur. De retour chez elle, elle rêve à ce mystérieux jeune homme qui se décrit lui-même comme un « baazigar »…

La mise en scène surprenante présente le rêve d’une ingénue qui imagine « son » homme sous différentes formes de « prince charmant », en commençant par une évocation de Raj Kapoor dans Barsaat. Les tableaux sont idylliques, mais à chaque fois, Vicky/Ajay laisse apparaître fugitivement une lueur inquiétante dans le regard. La chanson se situe en effet au début du film et permet sous des dehors festifs d’ébaucher l’ambivalence du personnage.

Baazigar O Baazigar chantée par Alka Yagnik et Kumar Sanu


Hum Aapke Hain Koun… !


Année : 1994
Réalisation : Sooraj R. Barjatya
Avec : Salman Khan, Madhuri Dixit, Anupam Kher, Reema Lagoo et Bindu
Box Office : n°1 , All Time Blockbuster

Le film : Hum Aapke Hain Koun… ! (« Qui suis-je pour toi ? ») est un tourbillon coloré de rires et de danses qui a embrasé l’Inde en 1994. Jamais avant on avait vu ce qui caractérise communément Bollywood poussé à ce point à l’extrême : un respect scrupuleux des valeurs traditionnelles hindouistes qui place la famille avant tout, le mariage comme unique préoccupation, la fête permanente et les chansons (le film en compte 14), le tout dans des décors de rêve intemporels. Il décrit un univers fabuleux, hermétiquement clôt et peuplé de personnages qui n’ont ni passé ni avenir. La réalité comme les contingences matérielles sont totalement absentes de ce film qui fantasme le Sous-continent comme aucun autre avant lui.

Le scénario est dérivé de Nadiya Ke Paar sorti en 1982. Ce film rural racontait l’histoire d’un veuf qui se remarie avec sa belle-sœur pourtant promise à son frère. Mais cette trame ne constitue que la dernière demi-heure de Hum Aapke Hain Koun… !. Les près de trois heures du début sont consacrées à des réunions de famille et à la cour que fait Prem (Salman Khan) à Nisha (Madhuri Dixit). On pourrait imaginer que c’est ennuyeux, il n’en est rien. Le sourire permanent des personnages parfaits est communicatif, leurs larmes à la fin aussi. Ils sont tous formidablement attachants : les parents Choudhury (Anupam Kher et Reema Lagoo), l’oncle Kailash Nath (Alok Nath) des frères Prem et Rajesh (Mohnish Behl), les deux sœurs Pooja et Nisha (Renuka Shahane), l’ami de toujours (Satish Shah) et même le chien Tuffy (Redo).

Hum Aapke Hain Koun… ! est le film de tous les superlatifs. Il est resté de très longs mois à l’affiche, engrangeant un revenu exceptionnel de 65 crore soit plus d’un milliard de roupies aujourd’hui compte tenu de l’inflation. Sa bande originale a été vendue à plus de dix millions d’exemplaires et ses chansons restent encore aujourd’hui un passage obligé de toutes les fêtes de mariage. Il a enfin inspiré de nombreux films à sa suite créant presque un genre à lui tout seul. Malheureusement, Sooraj R. Barjatya n’a jamais pu rééditer l’exploit…

La chanson : Pehla Pehla Pyar de Raamlaxman et Dev Kohli
Prem a travaillé tard. Nisha l’a attendu et lui a préparé à manger. Ils sont seuls le soir dans la grande maison. Ils se déclarent leur amour.

Pehla Pehla Pyar chantée par S.P. Balasubrahmanyam pour Salman Khan

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