Dhaai Akshar Prem Ke
Traduction : Les deux lettres et demi du mot Amour
Langue | Hindi |
Genre | Mélodrame / Romance |
Dir. Photo | Ishwar Bidri |
Acteurs | Aishwarya Rai Bachchan, Abhishek Bachchan, Anupam Kher, Amrish Puri, Sonali Bendre, Shakti Kapoor, Tanvi Azni, Dalip Tahil, Sushma Seth, Himani Shivpuri, Supriya Karnik |
Dir. Musical | Jatin-Lalit |
Parolier | Sameer |
Chanteurs | KK, Sudesh Bhonsle, Abhishek Bachchan, Anuradha Paudwal, Babul Supriyo |
Producteur | Raj Kanwar |
Durée | 160 mn |
Dhaai Akshar Prem Ke est un remake du film hollywodien de 1995, Les vendanges de feu, avec Keanu Reeves.
Le capitaine Karan Khanna (Abhishek Bachchan) a une permission de deux mois. En chemin pour retrouver celle qu’il aime, Nisha (Sonali Bendre), il sauve la jolie Sahiba (Aishwarya Rai), aux prises avec de vilains tueurs. Un peu plus tard, il la retrouve par hasard et l’empêche de mettre fin à ses jours. En apprenant qu’elle a des soucis familiaux auxquels elle ne sait comment faire face, il décide de l’accompagner chez elle pour l’aider. Mais à Palampur, la riche famille Grewal se méprend sur le lien qui les unit et accueille Karan comme le mari de Sahiba. Les jeunes gens ne savent comment rétablir la vérité et l’engrenage se met en place.
Tout le film s’articule autour de ce problème essentiel qu’est la communication. Sans lui, les scénaristes auraient bien plus de mal à façonner leurs histoires car il est bien connu que les secrets et les quiproquos sont sources de beaucoup d’ennuis. Dans Dhaai Akshar Prem Ke, c’est criant. Toutes sortes de non-dits sont explorés par l’histoire. Il y a d’abord le second degré qui n’est pas compris comme tel, l’amour non exprimé (à l’autre comme à soi-même), le mensonge par omission, etc. On voit parfaitement qu’à plusieurs occasions les personnages ont la possibilité de rétablir la vérité mais par lâcheté, par peur ou par facilité, ne le font pas. Du coup, lorsque la vérité éclate, les effets immédiats sont plutôt négatifs. C’est un peu la fable du jeune berger qui criait "au loup" ! Il y a donc une morale à l’histoire : peu importe si l’honnêteté n’est pas le choix le plus facile à faire, il reste le meilleur.
Néanmoins, ce sont ces non-dits qui maintiennent toute la tension dans ce drame familial. L’on se demande d’abord "quand le couperet va-t-il tomber ?", puis "comment les choses vont-elles pouvoir s’arranger ?".
L’histoire se déroule donc avant tout dans le cadre de la famille de Sahiba. La maison devient un véritable microcosme où les caractères des uns et des autres sont autant de champs d’étude possibles. On a la grand-mère jouée par Sushma Seth (célèbre grand-mère de Kal Ho Naa Ho et Kabhi Khushi Kabhie Gham). C’est elle qui dirige véritablement la maisonnée. Le père de Sahiba est interprété par le regard le plus terrible du cinéma indien : Amrish Puri. Dans Dilwale Dulhania Le Jayenge, son personnage imposait sa volonté d’une poigne de fer. Ici, il tempête mais on passe outre allègrement. Par ailleurs, il est moins obtus et paraît bien plus humain. Ensuite, dans la catégorie "tontons", je demande le compréhensif… Anupam Kher. Maintenant, le pitre : Shakti Kapoor. Les "tantes" ne sont pas en reste avec la douce Tanvi Azmi, la distinguée Supriya Karnik et bien sûr Himani Shivpuri pour la tante gaffeuse. Notez que ces personnages passent leur temps à chanter. A vous de reconnaître les chansons.
Un casting de prestige a été réuni pour ce film. Les acteurs rendent les personnages secondaires aussi attachants que les personnages principaux. Par contre, j’admets avoir été un peu choquée par le laisser-aller des jeunes enfants (je ne comprends pas qu’un enfant de cet âge ne contrôle pas ses sphincters).
Du côté du couple principal, Sahiba est une véritable Juliette (très justement interprétée par Aishwarya Rai), femme enfant que l’on a envie de protéger. Elle est vraiment émouvante dans sa façon d’être entière. Karan, par contre, c’est une autre histoire : pour Roméo, on repassera. Au début, on le présente comme sûr de lui, plus mature que Sahiba, mais très rapidement on se rend compte que des deux, c’est lui l’enfant. C’est lui qui accumule les faux pas sous prétexte que, n’ayant jamais eu de famille, il est ignorant de certains principes de base. Cela renforce l’idée que la famille joue un rôle primordial dans l’éducation des enfants et que ceux qui en sont privés sont quelque part en marge de la société car ils ne réagissent pas "normalement". Cette idée était déjà développée dans Raja Hindustani où les deux héros étaient sans mère. Mais là où Aamir Khan rendait son personnage sympathique, Abhishek ne parvient pas au même résultat. On a tout au plus pitié pour son personnage.
Il s’agit du tout premier film réunissant à l’écran le couple Aishwarya Rai - Abhishek Bachchan. Je l’ai trouvé plus agréable à regarder que Kuch Naa Kaho qu’ils tourneront plus tard mais où le jeu entre les deux acteurs est plus équilibré. Effectivement, ici, l’attachement que l’on peut avoir pour ce couple passe entièrement par Aishwarya Rai qui vole la vedette à son partenaire dont c’est l’un des premiers films. C’est assez déroutant car c’est sur le personnage de Karan que doivent se reposer toutes les actions décisives du film.
A noter qu’au tout début, le personnage du capitaine Khanna nous gratifie d’une scène patriotique qui peut faire sourire, bien que je ne pense pas qu’elle ait été réalisée dans ce but. Abhishek Bachchan est donc quasiment seul face à de nombreux ennemis, mais bien évidemment il les bat tous et parvient même à empêcher le drapeau indien d’être souillé en tombant par terre. On se retrouve avec un petit air de Rambo, mais vraiment tout petit.
A propos de musique, celle de Dhaai Akshar Prem Ke est globalement agréable. Pour ce qui est des scènes dansées, Abhishek est plutôt raide. C’est donc Aishwarya qui introduit un peu de souplesse dans Mere Mahi Bada Sohna. On a le droit à autant de clips "en costumes" que "modernes" avec, au choix, des décors typiquement indiens ou plutôt occidentaux (en ruines ou non). De quoi satisfaire chacun.
Au niveau de la narration, Dhaai Akshar Prem Ke offre donc tous les ingrédients nécessaires à une belle histoire romantique : une maison familiale superbe (un vrai petit palais), un papa colérique, une héroïne fragile et magnifique, un peu de patriotisme, un peu de triangle amoureux, quelques scènes de bagarre, une mise en avant de la famille et un discours un peu moralisateur.
S’il ne surprend pas, Dhaai Akshar Prem Ke est un divertissement honnête et de bonne qualité, bénéficiant d’une image magnifique qui en met plein les yeux, tant par les décors que par les costumes.