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Item-girls : 1975-1990, It’s the time to Disco

Publié vendredi 30 octobre 2015
Dernière modification lundi 3 octobre 2016
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Par Mel

Dossier Item-girls
◀ Item-girls : 1960-1975, Helen ou la bombe H
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Sulochana, Devika Rani, Nargis, Madhubala… les femmes ont été en tête d’affiche jusque vers le milieu des années 60. Bien sûr Ashok Kumar, Raj Kapoor ou Dilip Kumar ont eu leur part de célébrité, mais les femmes étaient au firmament de Bollywood. Et puis doucement, les acteurs ont pris le dessus jusqu’à les éclipser presque complètement. C’est au point que le duo de personnages principaux dans Sholay en 1975 est un couple viril.

Non contentes d’être souvent réduites au rôle d’utilités, elles sont souvent les victimes que les hommes vont sauver ou venger. Il leur faut bien une raison pour jouer des poings… Car le cinéma des années 1980 est aussi beaucoup plus violent qu’autrefois. Alors que montrer un gentil voleur dans Kismet en 1943 avait causé des protestations outrées, on ne compte plus les films où Amitabh Bachchan finit dans une mare de sang.

L’emprise de la mafia sur le monde du cinéma se fait plus pressente au milieu des années 1970. Elle se sert des recettes pour recycler l’argent sale tout en permettant aux parrains de s’afficher avec des starlettes… Peut importe alors que les scénarios soient indigents et que les réalisateurs soient aux abonnés absents. Les films se répètent, l’imagination est en berne et les spectateurs boudent les salles.

Pourtant, c’est aussi une ère de bouleversements artistiques. C’est par exemple l’époque de l’éclosion du parallel cinema, le cinéma d’auteur indépendant, qui obtient de beaux succès critiques sans pour autant attirer le public dans les salles. Et puis c’est l’arrivée du disco qui se répand dans les films comme une flaque d’huile. Bappi Lahiri dont c’est la spécialité va devenir en quelques mois un « grand directeur musical ».

Helen est en fin de carrière et ses collègues comme Bindu, Aruna Irani ou Jayashree T peinent à prendre la relève. Les nouvelles item-girls sont peu nombreuses car c’est maintenant aux actrices que les numéros dansés vont échoir.


Rekha

On a un peu oublié aujourd’hui que Rekha fut une actrice immensément célèbre dés le début des années 1970. Fille reconnue tardivement de Gemini Ganesan, elle a commencé sa carrière dans le cinéma du sud de l’Inde, juste avant d’obtenir la consécration pour son premier film en hindi, Sawan Bhadon, sorti en 1970. Sa carrière à Bollywood était lancée. Hema Malini et Zeenat Aman dans des genres très différents seront ses seules rivales pendant une dizaine d’années.

Rekha tourne énormément jusqu’à la fin des années 1980. Mais à la différence des actrices de cette époque, elle est en tête de distribution dans les films les plus divers, des comédies, des films policiers idiots, des films indépendants, des drames sentimentaux ; bref tout l’éventail de la production de Bollywood. Ses choix heureux lui vaudront de multiples prix, les autres la reconnaissance du public qui fera d’elle une star incontournable.

Comme ses collègues actrices, elle assure le plus souvent les numéros dansés de ses films. Certains sont assez osés, d’autres sont simplement charmants comme Pehle Hum Muskuraye tiré de Kachcha Chor à l’affiche en 1977. L’incontournable Asha Bhosle prête sa voix sur cette chanson dont la musique a été écrite par le duo Laxmikant-Pyarelal et les paroles par Qamar Jalalabadi.

Pour éviter que Shyam (Randhir Kapoor) ne replonge dans le crime sous l’influence de son ancien boss (Ranjeet) et de sa maîtresse (Helen), la gentille et sage Asha (Rekha) se mue le temps d’une chanson en Zohra Kemaz, la « sex-bomb de Beyrouth ».

Helen approche de la quarantaine, ce n’est donc pas elle qui réalise ce numéro de cabaret. Ce rôle est dévolu à la jeune Rekha, 23 ans, juste avant qu’elle entame l’extraordinaire transformation physique qui fera d’une fille un peu boulotte la liane longiligne que nous connaissons aujourd’hui. C’était peut-être dommage, non ?


Parveen Babi

Parveen Babi est née dans une famille musulmane du Gujarat. On ne sait pas si c’était en 1949 ou 1954, mais elle commence une carrière de mannequin en 1972 pour s’orienter vers le cinéma dès l’année suivante. Elle était en général cantonnée à des seconds rôles mais elle était associée aux plus grands, dont Amitabh Bachchan. Elle était par exemple sa fiancée dans Deewaar en 1975, mais son personnage ne semblait exister que pour rendre l’angry young man encore plus furieux.

Si elle ne joue pas beaucoup la comédie, en revanche elle danse. Dans Namak Halal, sorti en 1982, elle est Nisha, une chanteuse de cabaret téléguidée pour tuer le propriétaire du casino, Raja (Shashi Kapoor), sur lequel veille le gentil Arjun (Amitabh Bachchan). Sa première intervention musicale est Jawan Jan-E-Man chantée par l’éternelle Asha Bhosle sur une musique de Bappi Lahiri et des paroles d’Ajaan, juste après que Raja ait reçu d’une mystérieuse femme des menaces de mort téléphoniques…

Parveen Babi était une icône glamour à la carrière météorique. Elle se retire de la scène en 1983 hantée par la schizophrénie. Elle avait été la petite amie de Kabir Bedi, Danny Denzongpa et Mahesh Bhatt qui ont tous parlé d’elle tendrement. Mahesh Bhatt lui a même consacré deux films, Arth en 1982, puis Woh Lamhe en 2006, l’année qui suit celle de sa mort.


Zeenat Aman

Si Bollywood a connu un sex-symbol, ce fut Zeenat Aman. Son physique de rêve, parfois partiellement dévoilé, a fait fantasmer dans les années 1970-1980 tout ce que le sous-continent compte de spectateurs masculins. Elle avait été élue Miss Asie-Pacifique en 1970, mais ce n’est pas la seule reine de beauté à avoir fait une carrière au cinéma. Beaucoup d’autres ont été oubliées mais tout le monde se souvient de Zeenat. Elle souriait et jouait avec le public, terrassé dans son fauteuil.

Comme les autres actrices de cette époque, elle a souffert du peu de cas que faisaient les auteurs des personnages féminins. Mais au contraire de Parveen Babi, à laquelle on l’a souvent comparée, elle a réussi à être de quelques films qui ont fait date comme Hare Rama Hare Krishna, Satyam Shivam Sundaram ou Qurbani.

Justement, dans ce film sorti en 1980, elle est Sheela une chanteuse de cabaret amoureuse de Rajesh (Feroz Khan). Elle interprète deux fois Aap Jaisa Koi composée par Biddu [1], un musicien indien vivant en Angleterre. La voix est celle de Nazia Hassan, une jeune chanteuse pakistanaise qui n’avait alors que 15 ans [2].

La chanson fut un énorme succès au point de lancer la mode du disco en Inde. Nazia Hassan qui n’avait pas encore enregistré de disque obtint le Filmfare Award de la meilleure chanteuse de playback, une rareté pour une chanteuse pakistanaise. Son premier vinyl sortira l’années suivante, ce sera Disco Deewane, un autre tube énorme qui sera repris dans Student of the Year en 2012.

En attendant, voici la merveilleuse Zeenat Aman :


Kim

De son vrai nom Satyakim Yashpal, la jeune Kim a commencé par le mannequinat avant de rencontrer Danny Denzongpa dont elle devient la petite amie. C’est lui qui la pousse devant la caméra à ses côtés dans l’obscur Pehredaar sorti en 1979. Elle sera ensuite une item-girl de choix dans près de 25 films, jusqu’à ce qu’elle quitte la scène en 1993 et retourne à l’anonymat. On entendra plus parler d’elle.

À la manière d’Helen, elle avait pris une place importante dans les masala d’action de ces années noires de l’imagination et du goût. Elle a donc dansé devant les vedettes comme Anil Kapoor, Jackie Shroff, Mithun Chakraborty et bien sûr Danny Denzongpa. Elle réalise même une prestation très remarquée dans Disco Dancer en 1982 où sa chanson Jimmy Jimmy Ajaa est restée dans toutes les mémoires.

Dans Andar Baahar en 1984, elle est Miss Monica mais sa présence n’est guère justifiée que par les deux chansons qu’elle danse. La première se situe dans une boite de nuit, la seconde sur le pont du bateau où l’ignoble Shera (Danny Denzongpa) a capturé Raja (Anil Kapoor) et l’inspecteur Ravi (Jackie Shroff). Heureusement, les deux redresseurs de torts avaient réussi à convaincre Miss Monica de les aider avant de monter à bord. Pendant que Shera se délecte de l’agonie à venir de nos deux amis, Monica danse Meri Aankhon Mein Jara Jhaanko Toh….

R. D. Burman déroule une musique bien fatiguée où on reconnait des sonorités tirées du célébrissime Mehbooba Mehbooba. Asha Bhosle arrive difficilement à remonter la pente en chantant les paroles utilitaires de Gulshan Bawra. Le pire est la mise en images caractéristique de cette époque. L’apparition totalement incongrue de Kim devant un Jackie Shroff qui bave et un Anil Kapoor peu concerné suscite au mieux l’étonnement. Mais il ne faut pas croire pour autant qu’Andar Baahar était un petit film de de seconde ordre. Il était 27e au box-office de l’année.


Silk

Vijayalakshmi qui deviendra Silk Smitha, est née en 1960 dans une famille pauvre d’Eluru dans l’Andhra Pradesh. Elle quitte l’école à 8 ans, se retrouve mariée très tôt et s’enfuit à Madras chez une tante. Elle travaille comme maquilleuse pour une actrice de films de série B lorsqu’elle est remarquée pour jouer un personnage secondaire dans Inaye Thedi, un film malayalam sorti en 1979. Son physique hors du commun ainsi que sa capacité à danser tout, et surtout n’importe quoi, la propulsent dès lors très rapidement au rang d’item-girl majeure du cinéma du sud de l’Inde.

Mais à vrai dire elle ne danse pas, elle se secoue. Ce n’est pas très grave car ses mouvements et ses poses extrêmement osés pour le très prude public du cinéma indien créent l’hystérie. Certains prétendent que son personnage a été construit de toutes pièces par les producteurs pour satisfaire la demande du public, d’autres qu’elle a choisi elle-même cette voie originale pour atteindre le sommet. Toujours est-il qu’elle a participé à environ 450 films durant les 17 années de sa carrière. Elle a même fait quelques incursions dans le cinéma hindi, comme dans Qaidi, un nanar de 1984 avec Jeetendra et Hema Malini.

Silk y fait son numéro dans Bongo Bongo dont Bappi Lahiri a composé la musique. Indeevar en a écrit des paroles peu inspirées que chante Asha Bhosle. La réalisation quant à elle ne fait pas mystère de ce qui intéresse avant tout le spectateur. Il n’en reste pas moins que Silk fait preuve d’une belle énergie…

Le rôle d’icône ultra-sexy — que certains appellent soft-porn — dans le cinéma indien attire autant les foules que la réprobation et le mépris. Silk se suicidera en 1996 et tombera dans l’oubli, jusqu’à ce que Vidya Balan la rappelle à toutes les mémoires dans The Dirty Picture, un biopic réalisé en 2011.


[1Biddu est aussi l’auteur de la musique du célébrissime Kung Fu Fighting chanté par Karl Douglas.

[2Voici Nazia Hassan à la BBC en 1980, l’année de la sortie de Qurbani

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