Hulchul
Traduction : Raffut
Langue | Hindi |
Genre | Comédie dramatique |
Dir. Photo | Jeeva |
Acteurs | Paresh Rawal, Arshad Warsi, Amrish Puri, Kareena Kapoor, Akshaye Khanna, Suniel Shetty, Jackie Shroff, Arbaaz Khan |
Dir. Musical | Vidyasagar |
Parolier | Sameer |
Chanteurs | Sadhana Sargam, Udit Narayan, Poornima, Alka Yagnik, Shaan, Kunal Ganjawala, Gayatri Iyer, Hariharan, Sujatha, Rajalakshmy, Sayonara Philip |
Producteurs | Ratan Jain, Ganesh Jain |
Durée | 166 mn |
A ne pas confondre avec Hulchul, sorti en 1995, avec Kajol, Ajay Devgan et également Amrish Puri.
Hulchul, c’est l’histoire de deux familles : celles d’Angarchand et d’Anpara, toutes deux de rang élevé, et qui se vouent une haine féroce, au point d’organiser régulièrement des raids les uns chez les autres avec morts à la clé. Tiens, tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose ça ? Bien sûr la haine est entretenue de génération en génération. Les deux plus jeunes : Jai (Akshaye Khanna) de la famille d’Angarchand et Anjali (Kareena Kapoor) de la famille d’Anpara s’en donnent à cœur joie sur ce point à l’université. Suite à plusieurs quiproquos et conseils de la part de leurs proches, ils décident de faire croire l’un à l’autre qu’ils sont amoureux, espérant ainsi anéantir la famille rivale. Sauf que s’il y a bien une chose avec laquelle il faut ne pas jouer, c’est l’amour…
Même si l’on peut voir dans ce film une dénonciation de l’absurde, cette comédie/drame romantique penche plus vers l’histoire sympathique et légère que Priyardarshan réalise dans les années 2000 (Chup Chup Ke) que vers ses films plus dramatiques des années 1990 (Virasat, etc.).
Nous voilà donc face à deux familles dysfonctionnelles. Celle d’Angarchand (Amrish Puri) d’abord, qui exclut les femmes. Or il semble évident, et certains des protagonistes le disent, qu’il ne peut y avoir d’avenir pour cette famille sans femmes puisqu’elles sont nécessaires à la création d’une descendance. Au propre comme au figuré donc, cette famille est stérile.
L’autre famille a un fonctionnement différent. En effet, elle est dirigée par Lakshmidevi (Lakshmi). Son nom devrait évoquer la richesse et l’abondance, en somme des aspects positifs. Or le personnage apparaît plus comme une déesse vengeresse et aveugle, presque assoiffée de sang (celui de la famille d’Angarchand). Lakshmidevi a un caractère fort et de fait, elle éclipse les hommes de la maison, devenant le pendant féminin d’Angarchand. Si les yeux d’Amrish Puri vous faisaient déjà peur, sachez que ceux de Lakshmi soutiennent haut la main la comparaison.
Là-dessus il est difficile pour Anjali, incarnation de la femme, de trouver sa place dans ce microcosme. Elle ne peut ressembler à sa grand-mère qui a un rôle négatif, et donc, elle ne peut suivre la voie que celle-ci lui a tracée. Cependant, de l’autre côté, elle ne peut pas appartenir à la famille d’Angarchand qui rejette les femmes, et s’oppose au mariage de ses fils.
Les fils d’Angarchand permettent aussi une analyse des rapports fraternels. Ceux-ci sont complexes : bien qu’ayant des activités toutes différentes, les fils sont prêts à mourir les uns pour les autres (et pour les désirs du père). Seulement, quand les ordres d’Angarchand diffèrent des souhaits de l’un d’entre eux, il est difficile pour les autres de prendre un parti. Le frère aîné (joué par Jackie Shroff) représente bien ce déchirement.
D’une manière générale, le thème du poids des traditions familiales et la difficulté de s’en défaire est assez travaillé, le message passe clairement ("Ô Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m’aimer, et je ne serai plus une Capulet"). La composition des acteurs et actrices sonne juste, on les sent tiraillés entre l’acceptation d’une autorité parentale qui ne peut être contestée et leurs consciences. Une chose est sûre, la haine rend fou ! J’émets toutefois un doute sur l’efficacité des scènes de "baston" pour retranscrire ce sentiment : une démonstration générale de boxe dans les étals du marché, ça passe, tout le long du film, beaucoup moins.
Premier constat, donc : Priyadarshan adore la baston et les bourre-pifs qui pleuvent. La première scène du film renvoie à un classique du cinéma : Le Parrain. On voit effectivement un homme, suivi par d’autres villageois, passer devant les officiers de police (qui se cherchent déjà des prétextes afin de ne pas avoir à agir), pour se rendre directement chez Angarchand. Ici, Amrish Puri reprend un peu le rôle de Marlon Brando en devant exercer sa propre justice, passant ainsi par dessus les forces de l’ordre. Son âge ne lui permettant pas d’affronter seul ses adversaires, il fait appel à la famille (ici au sens premier : ses quatre fils). Cela donne lieu à des coups de poing qui rythment tout le film. Deuxième constat : il aime aussi les pitreries, au point que ces deux choses réunies deviennent lassantes et amènent quelques longueurs au film.
Julie : En revanche, le couple Anjali-Jai est à mon goût bâclé. Piliers de l’intrigue, ils forment le nœud de l’histoire en dépassant leurs éducations et haines respectives pour se rapprocher. Mais rien de tout cela ne ressort, ou alors si peu. Une chanson, une scène mélancolique et hop ! le tour est joué. On peut, certes, reprocher cela à d’autres films mais dans le cas présent, il aurait été bienvenu d’approfondir le sujet.
Marine : Moi, j’ai trouvé le couple Anjali-Jai plus convaincant. Entre le jeu et le véritable amour, on sent bien le glissement, ça n’arrive pas "comme un cheveu sur la soupe", même si c’était prévisible. Il y a vraiment remise en question de la part des deux jeunes gens et des doutes qu’ils doivent balayer avant de prendre position.
Cette histoire de Roméo et Juliette aurait pu sombrer dans un final mélodramatique à grand renfort de supplications et de larmes (pour ça, voir plutôt Chup Chup Ke) mais le réalisateur a préféré faire dans le comique. On ne s’en plaindra pas, c’est assez amusant de voir tout le monde courir. L’on assiste même à l’utilisation d’une "marionnette humaine" et à la fabrication improvisée d’une balançoire.
Voilà en tout cas un grand casting de réuni pour ce film, surtout pour les seconds rôles. On en retrouvera une partie dans Chup Chup Ke. Les acteurs, dans l’ensemble, sont bons même si certains peuvent manquer de conviction.
Dans le rôle principal, Akshaye Khanna est assez drôle en jeune homme découvrant ce que c’est qu’une femme et les sentiments qui vont avec (la danse sous la douche de Kareena est une valeur sûre). Evidemment, il évolue rapidement et l’acteur marque le film de sa présence. Il est très convaincant. De son côté, Kareena est plus effacée, voire oubliée dans la deuxième partie : quel dommage !
Du côté des seconds rôles, Amrish Puri est une référence pour jouer un patriarche obtus et tyrannique. Il a joué ce genre de rôle si souvent que celui-ci lui va comme un gant (Dilwale Dulhania Le Jalenge, Dhai Akshar Prem Ke, pour ne citer qu’eux). On retrouve aussi Sunil Shetty (qui interprète Veer), un quasi-habitué des films de Priyadarshan (Hera Pheri, Chup Chup Ke). Celui-ci endosse le rôle de "la personne compréhensive" de la famille d’Anjali. C’est d’ailleurs le seul à avoir un jugement un peu clair sur la situation des deux familles "ennemies". Tonton veille donc sur sa nièce et son bonheur et lui explique même ce qu’on lui a toujours caché sur la cause de la rivalité entre les deux familles. Bon, il oublie quand même facilement ce détail quand il faut distribuer des droites… hum ! cet étalage de testostérone (oui, on l’aime !).
Le duo Suniel Shetty-Kareena Kapoor fonctionne bien et c’est peut-être ce qui a donné l’idée au réalisateur de reprendre ce duo et de l’approfondir dans Chup Chup Ke dans un tandem frère-sœur. Il fallait aussi une personne "compréhensive" dans l’autre camp, c’est Paresh Rawal qui hérite le rôle (lui aussi vu dans Hera Pheri et Chup Chup Ke).
Mais contrairement à Suniel Shetty, son personnage agit dans son propre intérêt puisqu’il a transgressé les règles de son père. A noter également que le héros a un meilleur ami qui le conseille et participe à ses aventures : Lucky (joué par Arshad Warsi, vu aussi dans ce rôle dans Salaam Namaste). Ce duo fonctionne bien également.
Au niveau de la musique, rien de transcendant, l’ensemble est plutôt moyen. Mais du côté des clips, quelques scènes prêtent à sourire. Le plus intéressant du film est certainement Rafta Rafta. Il marque un tournant dans les sentiments des deux protagonistes. Au début, c’est une caricature des clips romantiques, dès qu’ils le peuvent Kareena et Akshaye se font de belles grimaces dans le dos. On remarque également le manque de synchronisation et le ridicule des postures. Puis, les sourires se font vrais et sincères (à leur insu). Le début du clip, lorsqu’ils "font semblant", est assez jouissif pour son côté peu conventionnel. Le fait de parodier les clips romantiques habituels met en avant le côté "hors de la réalité" de ces numéros. Même avant la moitié de la chanson, on y retourne.
Dans Ishq Mein Pyar Mein, Akshaye Khanna est inoubliable en jeune homme découvrant ce que peut être la séduction féminine. D’un autre côté, ce n’est pas tous les jours qu’on est poursuivi par une Kareena Kapoor qui prend une douche toute habillée (enfin, les vêtements sont quand même légers) dans une baignoire perdue au milieu d’une pièce faisant partie du lycée (du moins on le suppose).
Le clip Lu Gayee est une scène chantée et dansée que l’on qualifierait presque de torride (effet conjugué des brasiers, de l’eau et de la nuit) et qui indique que la tension du film est montée d’un cran. L’ensemble n’est pas désagréable. Quant à Dekho Zara Dekho, il vire au délire visuel : danse dans un cimetière et yeux phosphorescents, vampire et calèches. Tout ce qu’il faut pour donner des cauchemars à la pauvre Anjali.
Pour conclure, la trame est là, les rebondissements aussi. Seulement, il semble manquer un petit quelque chose pour que Hulchul passe d’un bon divertissement à un très bon film. Il est loin d’être mauvais, mais il ne vous marquera peut-être pas plus que ça.
Note de Marine : 7/10
Note de Julie : 6/10