Par Alineji - le 16 juillet 2015

Entreprendre la biographie de Farah Khan, c’est quasiment faire la revue du cinéma hindi des vingt-cinq dernières années, tant son nom est associé à quelques-uns de ses plus grands succès. Femme aux multiples talents, Farah Khan est née et a grandi dans le milieu de l’industrie cinématographique de Bombay. Elle est la sœur du réalisateur Sajid Khan. Leur père était l’acteur et metteur en scène Kamraan Khan. Leur mère Menaka est la sœur de la scénariste et ancienne enfant star Honey Irani, mère de Zoya et Farhan Akhtar, et aujourd’hui divorcée de Javed Akhtar. Les parents de Farah et Sajid divorcent également alors qu’ils sont encore enfants, et tous deux sont ballotés entre les foyers de leurs oncles et tantes. Depuis le 9 décembre 2004, Farah est mariée au monteur et réalisateur Shrirish Kunder, et le couple a eu en 2008 des triplés, deux filles et un garçon. Depuis Main Hoon Na, les deux époux travaillent régulièrement ensemble sur leurs films respectifs. Mais n’allons pas trop vite.

Farah Khan en famille

A la mention de son nom, on pense tout de suite à l’une des innombrables chorégraphies qu’elle a réalisées pour d’aussi innombrables films de Bollywood ; un peu plus de quatre-vingt à ce jour. Sur Fantastikindia seulement, elle apparaît en tant que chorégraphe au générique de 62 longs-métrages. Pas mal, non ? C’est Michael Jackson qui est à l’origine de sa vocation de danseuse. Après avoir découvert les clips de l’album « Trhiller », sortis en 1982 -83, tandis qu’elle étudiait la sociologie au St-Xavier’s College de Bombay, elle apprend seule les bases de la danse et crée sa propre troupe. Elle apparaît pour la toute première fois à l’écran comme danseuse de fond dans le film d’action de Pankaj Parashar, Jalwa, en 1987. Un clip la révèle la même année, toute jeune et mince, dans le film Saat Saal Baad ; elle y exécute un magistral duo avec un autre acteur et chorégraphe, Jaaved Jaaferi [1]. Mais c’est seulement en 1992, lorsque Saroj Khan (aucun lien de parenté entre les deux femmes) quitte le tournage de Jo Jeeta Wohi Sikandar, que Farah Khan la remplace et signe sa première chorégraphie. Elle n’a pas arrêté depuis.

Farah Khan dans Saal Saat Baad

Qu’est-ce qui fait la signature des chorégraphies de Farah Khan ? Une débauche de couleurs, une simplicité apparente masquant de belles trouvailles et une certaine bonhomie, le tout souvent pimenté d’une touche de vulgarité. Généralement, on sait qu’elle est derrière un morceau chanté lorsque les danseurs commencent à donner de frénétiques coups de bassin, suggestifs à défaut d’être élégants. On prendra pour seul exemple l’entrainant morceau Rock N Roll Suniye de Kabhi Alvida Naa Kehna, dans lequel les deux Bachchan, père et fils exécutent un réjouissant pas de deux. Pourtant, Farah Khan sait être plus subtile, son intervention sur d’autres chansons du même film ou sur l’ensemble des danses de Paheli le démontre. On peut aussi citer le plus récent Yeh Jawaani Hai Deewani, avec le joli caméo de Madhuri Dixit. La chorégraphe a également fait danser Hrithik Roshan, Salman Khan et Akshay Kumar, ou encore Preity Zinta et Priyanka Chopra, sans oublier les sœurs Kapoor, Karisma et Kareena, et on en passe.

Amitabh et Abishekh Bachchan dans Rock N Roll Suniye

Deux longs métrages avec Shah Rukh Khan ont été mentionnés. Farah rencontre l’acteur sur le tournage de Kabhi Haan Kabhi Naa et tous les deux deviennent rapidement amis. Cette amitié, en dépit de quelques orages, reste féconde. Elle a réglé les pas de danse d’environ la moitié des films du King Khan, et souvent les meilleurs, de Dil Se… [2] à La Famille indienne, en plus des deux dont il a été question plus haut. Et quand la chorégraphe décide de tenir la caméra pour la première fois, c’est son ami le Baad Shah de Bollywood qui assure le spectacle. Car la dame ne se contente pas de régler et de synchroniser les pas des superstars, elle les fait jouer. Elle est à ce jour la réalisatrice plutôt comblée de quatre films, dont trois avec Shah Rukh.

Dil Se…, la chorégraphie de Chhaiyaa Chhaiyaa

Le premier est Main Hoon Na, en 2004, et il est produit par Red Chillies Entertainment, la maison de production de Shah Rukh et Gauri Khan. S’il n’est pas exempt de quelques faiblesses, c’est un très bon divertissement qui devient un des plus gros succès de l’année et un blockbuster à l’étranger. On y trouve déjà la marque de fabrique de la cinéaste : humour loufoque, second degré, clins d’œil appuyés au cinéma indien, défilé de l’équipe complète au générique. Trois ans plus tard, ces caractéristiques font tout le charme de son second opus, Om Shanti Om, une vraie déclaration d’amour au cinéma hindi et sans doute son meilleur film. Shah Rukh y donne la réplique à une presque débutante, qui a depuis fait son chemin, Deepuka Padukone.

Deepeka et Shah rukh dans Om Shanti Om

Il va falloir attendre pour retrouver l’équipe gagnante, car Happy New Year, projeté dès 2005, a été maintes fois retardé pour des raisons diverses. Très attendue, la comédie, une des plus chères de Bollywood, est enfin sortie pour la fête de Diwali, en octobre 2014, précédée d’une intense et habile campagne marketing. Mêmes ingrédients et énorme succès public, une fois de plus. On ne sait pas si le ticket Farah-Shah Rukh se réunira de nouveau, mais on se doit de reconnaître que, sans son acteur fétiche, la magie a du mal à opérer. Jetons donc un voile pudique sur le bide du très laborieux Tees Maar Khan, avec Akshay Kumar et Katrina Kaif. Eh oui ! Privée de Shah Rukh, Farah Khan en perd son légendaire humour et fait dans la lourdeur ; elle n’est plus qu’une caricature d’elle-même. Elle aurait actuellement deux projets en cours, une histoire d’amour et un second scénario non précisé. Reste à savoir si son ami en sera.

Autre corde à son arc, les apparitions de Madame Khan en tant que comédienne. Comme Hitchcock en son temps, Farah ne dédaigne pas de se montrer dans presque tous ses ouvrages, soit dans un petit caméo, soit pendant le générique final. Elle s’est aussi souvent affichée dans les réalisations de ses amis, depuis Kush Kush Hota Hai de Karan Johar jusqu’à Student of the Year du même, ou dans celles de son mari, Shrirish, dans Joker par exemple. Mais les spectateurs ont également pu la découvrir comme actrice à part entière dans une comédie de Bela Sehgal Bhansali, Shirin Farhad Ki Toh Nikal Padi, en 2012. Elle y tenait très honorablement l’un des deux rôles principaux et partageait la vedette avec Boman Irani.

Avec Boman Irani dans Shirin Farhad Ki Tho Nikal Padi

Signalons encore pour mémoire, que la chorégraphe intervient comme animatrice dans beaucoup d’émissions de téléréalité, elle figure souvent dans les jurys de danse, et a aussi animé dernièrement une émission de cuisine, "Farah Ki Dawat", qui a vu défiler comme invités tout le gratin de Bollywood. Dernière activité enfin de l’insatiable Farah, la production. Comme de nombreux acteurs et réalisateurs, elle et Shrirish Kunder ont fondé leur propre maison, il y a quelques années, afin de financer leurs films respectifs. Elle se nomme Three’s Company en l’honneur de leurs triplés. On lui souhaite autant de succès dans ce domaine que dans le reste de ce qu’elle entreprend.