Palmarès 2015 à Bollywood

Publié samedi 16 janvier 2016
Dernière modification dimanche 1er janvier 2017
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Par Mel

Comme chaque année, les distributeurs indiens ont beaucoup pleuré. Il est vrai que le revenu en salles des films hindi est resté presque stable malgré l’inflation — environ 6% en rythme annuel — et l’augmentation du nombre d’écrans. Les spectateurs se sont présentés moins nombreux, et les salles ont été moins remplies. La fréquentation poursuit donc en 2015 une lente érosion déjà observée l’année dernière.

Des recettes qui stagnent sont gérables. Les exploitants ont en revanche beaucoup plus de difficultés à supporter une grande variation de revenu. L’infrastructure des salles indiennes a la capacité de générer un revenu net hebdomadaire d’environ 200 crores [1] pour le cinéma hindi. Or en l’absence de « locomotives » qui incitent régulièrement les spectateurs à payer leur billet, le revenu des exploitants s’effondre. C’est exactement ce qui s’est passé cette année avec un premier semestre catastrophique :

Il a fallu attendre la fin juillet pour voir enfin le premier pic significatif. Bajrangi Bhaijaan est arrivé comme le sauveur d’exploitants qui commençaient à trouver le temps bien long. Quelques semaines plus tard, Salman Khan a réédité l’exploit de tirer l’industrie entière à lui tout seul avec Prem Ratan Dhan Payo. À la toute fin de l’année, il a fallu deux films sortis la même semaine, Dilwale et Bajirao Mastani, pour voir poindre le dernier pic de fréquentation.

Malgré des déboires judiciaires graves, Salman attire incontestablement le spectateurs en masse. Shah Rukh, pourtant accompagné de Kajol ne semble pas avoir réussi son coup. Quant à Aamir, le troisième Khan, il n’a pas présenté de film en 2015. Saif Ali, l’autre Khan, n’en a pas fini avec les flops. Cette année, il s’est essayé au film d’action anti-terroriste avec Katrina Kaif comme partenaire. Phantom n’est pas rentré dans ses frais.

Salman vainqueur haut les mains (et sans chemise)

La relève de ces cinquantenaires bodybuildés vient de jeunes femmes. Pour la première fois, un film centré sur une femme a passé la barrière symbolique des 100 crores, et de quelle façon ! Kanagna Ranaut a propulsé Tanu Weds Manu Returns dans le top-5 des films cette année. Du jamais vu depuis…. depuis les années 1950 peut-être. Mais Deepika Padukone n’est pas en reste avec des interprétations formidables dans des films aussi différents que Bajirao Mastani, Tamasha et Piku. Même si les recettes ont été beaucoup plus modestes, on ne peut pas oublier Anushka Sharma qui a été des remarquables Bombay Velvet, Dil Dhadakne Do, et surtout de NH 10 qu’elle a co-produit.

Mais si l’année n’a pas été totalement noire, c’est aussi parce que des films inattendus ont su trouver leur public. Ainsi, Bahubali, la première partie d’une super-production telugu avec Prabhas en tête d’affiche, a été le premier film doublé en hindi à passer la barrière des 100 crores. Presqu’au même niveau, Fast and Furious 7 a été le premier film américain à tutoyer cette frontière magique. Il se disait il y a quelques années que seuls les films hindi pouvaient avoir du succès au nord de l’Inde. Il semble que cela ne soit plus tout à fait vrai.

Kabuli Pathan : le premier film indo-afghan. Le dernier aussi ?

Il serait injuste de ne pas citer Akshay Kumar, le stakhanoviste de Bollywood. Il était dans 4 films cette année : Brothers, Gabbar Is Back, Baby, et Singh Is Bliing avec la ravissante Amy Jackson. Aucun des quatre n’a affolé le boxoffice, mais force est de constater que combinés, ils totalisent plus de 300 crores ; c’est à dire nettement plus que n’importe quel film de Shah Rukh Khan par exemple.

Mon Dieu, où est passé le messager 2 ?

2015 a été aussi l’occasion d’assister à quelques bizarreries. MSG : The Messenger par exemple, un film de propagande religieuse, arrive en 16e position dans le classement du boxoffice annuel. Pourtant, c’est une œuvre extrêmement déconcertante ; une sorte de croisement improbable entre Benny Hill et Le Jour du Seigneur. Qui a pu aller le voir sinon les adeptes ? Il y a même eu une suite qui semble être sortie en salles, MSG 2. Elle a été beaucoup interdite, mais cela ne suffit pas à expliquer qu’il ne soit fait mention nulle part d’un quelconque spectateur. Il n’a été vu que dans des ashrams ?

Nous avons eu aussi droit à deux films racontant exactement la même histoire : Talvar et Rahasya. Seul le premier a laissé une trace, le second a sombré corps et biens. Dans un genre radicalement différent, Remo D’Suza nous a gratifié d’ABCD 2, une suite ou un reboot [NdR. je me pose encore la question] qui a beaucoup mieux marché que le premier opus. L’histoire est bien plus faible et les danses moins intéressantes que le film de 2013. Le succès est-il lié à la magie du regard de Lauren Gottlieb ? En revanche, celui d’Aishwarya Rai n’a pas suffi pour son grand retour dans Jazbaa. Elle a coulé malgré une promotion intensive et une cure d’amaigrissement qu’on imagine douloureuse. La quarantaine est décidément toujours aussi difficile pour les actrices de Bollywood.

Comme chaque année, environ 200 films hindis ont été présentés en salle. Voici donc leurs revenus nets, compilés par mes soins, encore une fois sur la base des données de boxofficeindia.co.in.